Portez vos pas dans la plaine, sur la pente des collines, ou sur le haut des montagnes, regardez à vos pieds, vous ne tarderez pas à y découvrir des rosaces de verdure toutes couvertes de fleurs dorées, ou de sphères légères et transparentes.
Déjà vous reconnaissez cet ami de votre enfance ; c’est le pissenlit, c’est l’oracle des champs. Partout on peut le consulter. Les pissenlits, comme les enfants des hommes, sont généralement répandus sur le globe. On les trouve dans les quatre parties du monde, sous le pôle et sous l’équateur, aux bords des eaux et sur les rochers arides. Partout, ils se présentent à la main qui veut les cueillir, ou à l’œil qui veut les consulter.
Leurs fleurs, qui se ferment et qui s’ouvrent à certaines heures, servent d’horloge au berger solitaire, et ses houppes emplumées lui prédisent le calme ou l’orage.
Mais ses boules légères servent encore à de plus doux usages. Vit-on loin de l’objet de sa tendresse, on détache avec précaution une de ces petites sphères transparentes. On charge chacun des petits volants qui la composent d’une tendre pensée, puis on se tourne vers les lieux habités par la bien-aimée, on souffle, et tous ces petits voyageurs, messagers fidèles, portent à ses pieds vos secrets hommages.
Désire-t-on savoir si cet objet si cher s’occupe de nous comme nous nous occupons de lui, on souffle encore. Et s’il reste une seule aigrette, c’est la preuve qu’il ne nous oublie pas. Mais cette seconde épreuve, il faut la faire avec précaution. On doit souffler bien doucement, car, à aucun âge, pas même à l’âge brillant des amours, il ne faut pas souffler trop fort sur les douces illusions qui embellissent la vie.
D’après « Le langage des fleurs » – Aimé Martin – 1842
Fêtons donc le « Roi de la prairie » !
Cette fête des pissenlits est organisée par la Confrérie des Gousteurs des Produits du Pissenlit de Xertigny, dont les membres prêtent serment « de glorifier les produits du pissenlit, d’en déguster plusieurs fois l’an, avant d’aller gouster de leur mourant, la racine ! ».
Vous serez sans doute étonnés de constater que le pissenlit (que beaucoup qualifient souvent de mauvaise herbe) peut produire de si bons produits : de la cramaillote, un apéritif ou une chaude meurotte comme dans les Vosges.