Dame Agaisse de Corcieux

Fée dans une forêt

 

Au temps jadis, le premier vendredi de la première Lune qui suivait le dimanche de la Trinité, la forêt de Rapaille recevait, chaque année, la visite d’une Fée. Il est permis de croire que l’on ne savait pas au juste le nom de cette Fée, mais on la désignait sous celui de Dame Agaisse, à cause d’un cri perçant assez semblable à celui d’une pie (agaisse dans le patois du pays) par lequel elle annonçait son arrivée.

A ce signal, il n’était homme, ni bête, insecte, ni oiseau, ayant gîte dans la forêt, qui n’accourût pour rendre hommage à la Fée, comme à sa souveraine. Les arbres eux-mêmes, toutes les plantes, depuis les plus humbles jusqu’aux plus superbes, inclinaient respectueusement le front devant elle.

Il advint pourtant, une fois, que les chênes du Hennefête – c’est le nom de l’une des sections de la forêt – refusèrent net de remplir leurs devoirs.

Dame Agaisse entra dans une violente colère, et on put, à plus d’une lieue de distance, tant elle élevait la voix, l’entendre parler ainsi : « Ah ! Chênes orgueilleux, vous vous trouvez trop grands, trop beaux pour vous courber devant moi ? J’aurai raison de vous, je briserai votre fierté. Vous étiez les géants de la forêt, vous en deviendrez les nains sur l’heure. Vous êtes beaux ? Vous serez laids et difformes et vous demeurerez ainsi tant que vous existerez ».

L’arrêt ne fut pas plutôt rendu, qu’il fut exécuté. Bien que des centaines d’années se soient écoulées depuis lors, la malédiction de Dame Agaisse pèse toujours sur les chênes du Hennefête.

Dans la forêt verte et riante, ils font une tache sombre. Tandis que tout à côté d’eux grandit, prospère, se renouvelle, ils restent petits, souffreteux, éternellement les mêmes, c’est-à-dire noueux, galeux, chauves, tordus, bossus, affreux enfin à effrayer le passant et à lui soulever le coeur. 


Archives pour la catégorie Légendes de Lorraine

Le crucifix d’or du château de Darnieulles

Crucifix d'orRuines du château de Darnieulles

 

N’ayant pour l’instant pas trouvé l’historique de l’ancien château de Darnieulles, je vous propose une petite légende en rapport avec un de ses seigneurs.

D’après un article paru dans la revue « Le pays lorrain » en 1906

Darnieulles possède les ruines de son antique château. Elles se dressent à quelques pas du village, sur la colline qui domine cette vallée de l’Avière rendue célèbre par la catastrophe de Bouzey. Les ruines de la vallée sont réparées, celles du château le seront-elles jamais ?

Cette question a préoccupé nos pères et fait naître une légende. Or, en attendant l’histoire de l’ancienne seigneurie de Darnieulles, qu’on nous permette de ressusciter, parmi les choses mortes et oubliées la légende du Crucifix d’or. Elle a poussé sur ces vieux murs au souffle des siècles, comme la mousse au souffle des autans. Si elle a été fécondée par l’imagination populaire, elle n’a certainement pas poussé sans un germe plus ou moins historique.

Quelles racines a notre légende dans l’histoire ? Nous l’ignorons, nous l’avons recueillie par bribes et par variantes sur les lèvres de quelques anciens et nous l’avons reconstituée d’après ces divers récits.

Le château de Darnieulles existait bien avant que le duc Charles II en fit le douaire de Jean de Pillepille, son fils naturel. Les ruines qui restent debout accuseraient le Xème ou le XIème siècle. Une tour à moitié démolie, quelques pans de murailles d’enceinte, percées d’ouvertures romanes, c’est tout ce qu’a épargné le temps de l’antique manoir qui abrita les premiers voués d’Epinal, avant d’abriter le bâtard de Charles II et d’Alison du May et dont l’un des descendants fut le héros de la légende du Crucifix d’or.

C’était sans doute vers la fin du XIVème siècle. Le sire de Darnieulles voulait éclipser par son luxe les seigneurs de Ville et de Fontenoy. Les fêtes et les tournois se succédaient et les revenus de la terre de Darnieulles ne suffisaient pas à payer les folies du jeune seigneur, qui dut vendre d’abord une partie de son bien, puis engager des bijoux de famille. Il en vint même à se défaire du grand crucifix en or massif, que quelqu’un convoitait depuis longtemps.

Ce joyau, oeuvre d’art et de foi, ce christ, don, parait-il, d’Alison du May au chef de la maison de Darnieulles, cette relique qu’on se transmettait pieusement de génération en génération, parce qu’elle avait reçu le dernier soupir des ancêtres, fut engagée sans remords.

L’acquéreur était venu lui-même au château de Darnieulles quérir sa proie. Mais, comme il l’emportait, au moment de franchir la cour, le crucifix devint lourd, si lourd qu’il fut impossible à son nouveau possesseur de faire un pas avec un fardeau si écrasant. Il laisse choir l’objet à terre et la terre cède sous son poids. Il le voit s’enfoncer dans le sol, la frayeur s’empare de lui, il croit que la terre va l’engloutir et il prend la fuite. Le seigneur de Darnieulles, à son tour effrayé, sent que l’argent lui brûle ses doigts, il le jette dans la fosse mystérieuse, creusée par le christ et la fosse se referme d’elle-même.

Depuis lors, le christ d’or qui est enfoui dans le pourtour du château, plus jamais ne put être retrouvé. Le jeune seigneur était mort, après avoir perdu la raison, sans avoir pu indiquer l’endroit exact de cet enfouissement merveilleux.

On creusa, on fouilla en coupes profondes, oncques on ne put mettre à jour, ni le christ d’or, ni l’argent maudit.

Et, ajoute la légende, d’accord du reste avec l’histoire, cette noble maison de Darnieulles perdit, avec son joyau, sa fortune, son prestige et sa lignée. Moins d’un siècle plus tard, elle tombait en quenouille. Le fief fit retour au duché de Lorraine, puis fut de nouveau baillé à la famille de Beaufort-Gellenoncourt, qui l’occupa jusqu’au XIXème siècle avec des fortunes diverses.

Ainsi, des le Xème siècle, trois illustres maisons se sont succédées à Darnieulles. Ses destinées sont-elles closes définitivement ? Peut-être, reprend la légende, car, ajoute-t-elle, si jamais le crucifix d’or est exhumé, l’antique château de Darnieulles retrouvera en même temps sa vie d’autrefois, son opulence et sa gloire, ses barons, ses valets en livrée et les carrosses dorés, qui firent si longtemps son orgueil.

Telle est la légende du Crucifix d’or. Ne cache-t-elle pas une vérité morale ? N’est-elle pas la preuve, que dans notre vieille Lorraine, la fidélité aux traditions ancestrales fut toujours regardée comme le soutien et la sauvegarde des familles ? 

La légende du château de Lutzelbourg

Orage

 

Une légende populaire, que les siècles et la civilisation n’ont pas entièrement fait disparaitre de la mémoire des hommes, plane sur les ruines du château de Lutzelbourg, où les habitants ne montent la nuit qu’en tremblant.

Au dire de cette tradition, la comtesse Itta, épouse de Pierre de Lutzelbourg, qui vivait au commencement du XIIe siècle, était une magicienne redoutable et redoutée, engendrant, par ses maléfices et ses opérations magiques, des tempêtes, des ouragans furieux et des fléaux de toute sorte.

Plus d’une vieille femme l’a vue, pendant les orages et les nuits de tempête, traverser les airs sous la forme d’un serpent de feu. Parfois, dit-on, on la voit descendre la montagne et se baigner dans les flots limpides de la Zorn.

La légende du château des fées de Ruaux

Construction château des fées de Ruaux

 

D’après « Le tour du Monde » – 1867

Suivant la tradition, Ruaux était autrefois une ville, et cette ville n’était habitée que par des fous. Les fées couvraient d’une protection particulière cette population d’insensés.

Aussi avaient-elles résolu de bâtir un château fort destiné à préserver de toute attaque le village des innocents. L’emplacement qu’elles avaient choisi était une éminence située dans la forêt dite Fays. (Ce point, si on en croit les hommes de l’art, est tout justement un point stratégique de la plus haute importance ; les fées avaient devancé Vauban).

Le château devait être bâti en une seule nuit. C’était une condition imposée aux fées et qui n’était pour elles le sujet d’aucune inquiétude, tant elles étaient habiles. Mais, ou la besogne était plus longue que ces bonnes ouvrières ne l’avaient supposé, ou quelque puissance supérieure, un mauvais génie sans doute, avait des motifs pour s’opposer à ce que Ruaux fût fortifié, car les fées furent surprises par les premiers rayons de l’aurore, avant qu’elles eussent mis fin à leur ouvrage.

Artistes de nuit, elles frissonnèrent devant le jour qui paraissait, laissèrent tomber les pierres qu’elles portaient dans les plis de leurs robes noires, tachetées de feux follets, et, comme de vaines ombres, elles disparurent. Depuis lors, le château bien connu dans le pays sous le nom de « Château des Fées », est resté inachevé.

On aperçoit encore d’immenses blocs de pierre semés à l’abandon, dans les environs du Château. Ce sont les matériaux qu’apportaient les fées, quand les lueurs naissantes du matin vinrent les interrompre.

Comment naquit l’amanite

Amanites phalloïdes

D’après « Légendes et contes lorrains d’autrefois »

Il y a bien longtemps, au cœur d’une forêt profonde de Lorraine, s’élevait un magnifique château. La châtelaine était une dame d’une merveilleuse beauté et elle vivait dans une grande richesse, servie par une nombreuse domesticité.

Tout le monde ignorait qu’elle était fée. En tant que telle, elle ne pouvait, à son grand regret, prendre mari. Elle en conçut une jalousie féroce à l’égard de ses sœurs humaines et une horrible vengeance fermenta dans son cœur.

Lorsqu’un chevalier égaré dans les bois touffus se présentait au château pour y quêter l’hospitalité, elle le recevait avec tous les honneurs dus à son rang. Elle lui offrait un somptueux banquet. Des mets délicieux et rares circulaient dans de la vaisselle d’or et les vins les plus capiteux resplendissaient comme des ribis dans des coupes de cristal de roche.

A la fin du repas, alors que le chevalier, ébloui par tant de luxe et de beauté, se précipitait aux genoux de la dame, elle lui présentait une dernière coupe dans laquelle elle avait versé un poison violent, fruit de sa machiavélique industrie.

Alors, avec un sinistre éclat de rire, la belle laissait le chevalier expirer à ses pieds dans d’atroces souffrances.

Un jour, le fils du roi se présenta au château. Il y subit le funeste sort de ses infortunés prédécesseurs.

Cette affaire s’ébruita et parvint aux oreilles de la reine des fées. Celle-ci se fâcha tout rouge et, pour punir la criminelle, la métamorphosa, d’un coup de baguette magique, en champignon.

Et ce champignon continue à distiller le poison implacable inventé par la cruelle fée. Voilà pourquoi, à l’ombre des grands bois, vivent les belles et sinistres amanites phalloïdes.

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