Louppy-sur-Loison du XVIIe au XIXe siècle

Vue aérienne château de Louppy sur LoisonCarte de Louppy-sur-Loison

Après avoir parcouru l’histoire de Louppy-sur-Loison du Moyen-âge au XVIIe siècle, je vous propose de poursuivre notre aventure et celle des seigneurs de ce village et de son superbe château, appelé aujourd’hui château d’Imécourt.

Les appellations anciennes ont été respectées.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – 1861

Le comté de Louppi dut son laborieux enfantement aux de Pouilly, pendant l’occupation lorraine de 1589 à 1631. Voyons quels en furent les premières assises, et quelle part y prirent les membres de cette puissante maison.

Colars de Pouilly – 1474

Colars, chevalier de Pouilly, seigneur d’inor, Martincourt, Avioth, Ivoix, Moiry et Pouilly, en partie, de son mariage, contracté en 1474, avec Françoise de Mentheville-Flasssigny, avait eu six enfants :
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Jehan, qui épousa, d’abord, Françoise de Berthaucourt, et qui se remaria à Isabeau de Gratinoth, dame de Jupile et de grand Cléry
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Gilet, qui suit, et qui fut la souche commune des marquis d’Esnes et des comtes de Pouilly
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Alix, qui devint femme du marquis Henry de Custine, sire d’Auf’flance, du Val de Viviers, de Lombut et de Chennery
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Bonne, qui fut mariée à Jehan du Hautois, sire de Ville, en Verdunois, et de Viller devant Orval
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Madelaine, épouse de Claude de Nayves, maison magistrale de Marville, qui s’éleva aux premiers postes du conseil suprême des princes lorrains
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Petit Jehan époux de Marie de Pallas

Le père de Colars avait pris pied dans la seigneurie de Louppi, par l’acquisition de Hugnes et de partie du fief d’Haraucourt.

La vie de son fils correspond à la révolution calviniste qui, sous Henry Robert de Lamarck, fit de Jametz un foyer d’explosion, entre les « fauteurs » du protestantisme et les ligueurs lorrains. 

C’est alors qu’à côté des de Frasnel, on voit apparaître de nouveaux ascensitaires, pour quelques portions de domaines, à Louppi - les d’Arimont, alliés aux Schélandre - les de Miremont, inféodataires des terrages de Lions - les de Barbançon de Villémont et Lesmont, anciens fiefés de Saint Mard – enfin les de Mouzay-des Fresnes.

Ces noms, presque nouveaux dans les basses Wabvres, indiquent assez que, de 1431 à 1449, une révolution s’était faite dans les mouvances barro-lotharingiennes, et qu’elle avait déplacé les familles et les anciennes positions.

Cette révolution était celle qui avait enlevé Jametz à ses anciens maîtres, c’est-à-dire, tout à la fois, à la Lorraine et au Luxembourg. Ce déplacement tenait aussi aux inféodations domaniales nouvelles, que le besoin d’argent avait contraint René II à consentir à tout prix.

De là, naquirent les droits des de Mouzay sur les terrages de Lions et sur quelques portions de Louppi.

Gilles de Pouilly – 1510

Gillet, fils puîné de Colars de Pouilly, épousa en 1510, Marguerite de Failly, dame d’Esnes et de Berthaucourt. Elle était fille de Thiébauld, capitaine prévôt de Chauvancy, et de Louise du Hautois (branche d’Esnes-Staiville).

Cette dame apporta à son mari les prétentions des anciens du Hautois, dans le bassin des basses Wabvres, avant la cession de Jametz, droits effacés par la politique, mais auxquels s’adjoignaient ceux de sa mère, née de Mentheville et dame de la Malmaison : Louise du Hautois était petite-fille de Georges de Failly et d’Idron d’Allamont.

Gilles en eut deux fils : Gérard, qui suit et Nicolas, qui devint la tige des seigneurs de Berthaucourt et de Romagne sous Mont faucon.

Gérard de Pouilly – 1540

Gérard de Pouilly, gouverneur de Châtel sur Moselle, était seigneur, en partie, de Louppi, en même temps que de Esnes et de Berthaucourt. Son droit sur Louppi et sur Hugnes s’effaçait, quelque peu, devant ceux, plus vivaces, des de Frasnel, ardents catholiques, alors très bien en cour de Lorraine, et devant la main-mise des adhérents au parti français, parti qui, sous Jean de Lamarck, prince de Jametz (1530-1560), commençait à prendre pied à Sedan et dans les trois évêchés. La chute de Dampvillers, en 1542, avait ouvert la porte aux entreprises des anti-lorrains.

Gérard avait épousé, en 1540, Marguerite de Lavaulx, fille de Nicolas de La Vaulx-Sorbey.

Ils eurent sept enfants : Nicolas Simon, qui suit - François, époux d’Hélène de Beauchamps – Antoinette, mariée à Nicolas de Housse, baron de Cons, sire de Fermont - Jean, seigneur de Hautcourt et de Malancourt, et sire de Chinery - Jeanne, mariée à Jean du Hautois, seigneur de Luzy et de Ville en Woepvre - Gérard  et Nicolas, ces deux-ci chevaliers de Malthe.

C’est l’aîné de cette famille qui fut père du premier comte de Louppi aux deux châteaux.

Simon Ier de Pouilly (+ 1609)

Nicolas Simon de Pouilly fut un des plus illustres personnages de la noblesse barro-lotharingienne, de son temps.

Colonel d’un régiment de son nom, il combattit, valeureusement, aux rangs des Lorrains, dans tous les combats de la Ligue contre les protestants. Ceux-ci, commandés par Turenne, l’avaient fait prisonnier, à l’affaire de Beaumont, du 13 octobre 1592, alors qu’il était mestre de camp de cavalerie.

Après la prise de Jametz, Simon de Pouilly, conseiller d’Etat et privé chambellan du duc Charles III, devint Maréchal du Barrois, puis il fut fait gouverneur de Stenay. Son commandement dura de 1589 à 1607.

Il était seigneur, en partie, de Louppi les deux châteaux, de Pouilly, Remoiville, Juvigny, Hugnes, Han, Quincy, Hautmont et Malancourt. Ce fut en sa faveur que la terre d’Esnes et celle de Mandres aux quatre tours furent érigées en baronnies, par patentes de Charles III, du 9 janvier 1609.

Il avait épousé Anne de Monthreux, le 20 avril 1561, dont il eut : Simon II, qui suit - Philippe, sire de Cléry et de Viviers - Marguerite, femme d’Albert de Heulles, seigneur de Villosnes - Barbe, femme de Christophe de Chamisot, seigneur d’Andevanne.

C’est de son temps que tombèrent les de Frasnel, et leur disgrâce lui permit de poser, pour son fils aîné, les premières assises du Comté de Louppi.

On a vu qu’une sentence de mort avait été portée contre Adolphe de Frasnel, chevalier de Louppi. Ses biens, consistant en un quart indivis en la seigneurie, avaient été confisqués et réunis au domaine ducal de Lorraine.

Anne d’Ennetière, femme de Charles, neveu du condamné, au nom de ses filles, s’était empressée, par acte du 25 juin 1594, approuvé par sanction ducale le 13 juillet suivant, de vendre Château bas à l’abbesse de Juvigny Catherine de Lenoncourt, pour 30 000 livres. Mais cette vente dut rester sans exécution.

En vain, par grâce spéciale, après les préliminaires de la pacification de 1597, le prince, par lettres du 18 juin même année, avait-il octroyé à la veuve de Charles et à Diane de Frasnel, sa fille aînée, la restitution du quart en la seigneurie confisqué sur Adolphe. Le patrimoine des de Frasnel était en déconfiture, les créanciers poursuivirent.

Anne d’Apchon, fille de Gilbert seigneur de Montregnard, autrement dit Fuchsemberg, exerçant les droits de Françoise de Frasnel, sa mère, dans la succession de Claude Guillaume, son aïeul, fît résoudre la vente de 1594. Tout fut revendu en justice pour payer les dettes de l’hérédité.

Simon de Pouilly, le 16 août 1606, s’en rendit adjudicataire. Et alors, moitié de la seigneurie de Château bas, moitié de la cense de Lua et de celle de la Chapelle, moitié dans la basse cour du château, ensemble un neuvième dans le Chastel haut et le fief dit de Haraucourt, lui furent adjugés pour 13 000 livres barrois.

Avant cela, Simon avait acquis les droits de la plupart des autres indivisionnaires.

Voici ces acquisitions :
- le 20 juillet 1600, ceux d’Henry, baron de Saint Remy, sire de Fouleste, sur le quart de la seigneurie de Château bas
- le 23 mars 1602, ceux de Catherine, baronne de Malberg de Sainte Marie, sur Louppy, Remoiville, Juvigny et Han, Quincy, Stenay, Moulins devant Mouzon, Sorrey, Clarey et Crurey, Gircourt, Drillancourt, Bethincourt, Malancourt, le ban d’Ergeville, Dannevoux, Cuzy, Septsarges, Forges, le moulin de Gotza, bans voisins et circonvoisins
- le 30 juillet 1602, les droits d’Anne d’Ennelière, sur moitié du quart dans la seigneurie de Château bas.

Le restant le fut par son fils. François d’Allamont, seigneur de Chaufour, et Claude de Housse, son épouse, vendirent, le 18 juillet 1606, leurs droits sur Louppi et bans voisins, à Simon II de Pouilly et à Françoise de Beermann, sa femme, pour 12 800 francs barrois.

Erection du comté de Louppi (8 mai 1633)

L’érection de ta terre de Louppi en comté, en faveur du baron, puis marquis d’Esnes, Simon II de Pouilly, fut le dernier acte public d’autorité souveraine que fît le malheureux duc Charles IV, dans sa châtellenie de Stenay.

Récompense méritée de trente-deux années de dévouement, largement payé, il est vrai, cette faveur couronna la série de largesses avec lesquelles les princes lorrains soldèrent toujours leurs serviteurs, un peu trop au dépens du domaine public et des sueurs de leur excellent peuple, toujours aussi prêt à donner son sang pour eux.

Simon II de Pouilly (+ 1635)

Suivant les mémoires de l’époque, Simon II de Pouilly fut un des généraux les plus distingués de son temps.

Colonel d’un régiment de son nom en 1610, maréchal du Barrois en 1620, conseiller d’Etat et privé du bon duc Henry de Lorraine… ce fut Simon II, à la tête de la noblesse, qui, le 1ermars 1626, reçut le serment du duc Charles IV, à son entrée solennelle, dans Nancy, capitale de ses Etats.

Ce fut lui ensuite, qui présida à la reconstruction de la citadelle de Stenay, dont l’entrepreneur fut Guiot Roussel (œuvre qui dura de 1600 à 1625). Simon était alors gouverneur de Stenay, en remplacement de son père. Pendant vingt-huit ans, il conserva ce poste de haute confiance, qu’il fut obligé de remettre, en 1632, aux mains du comte de Lambertye, lors de la prise de possession des Français, puis il se retira dans sa terre de Louppi.

On a dit comment, par des acquisitions successives, son père et lui en devinrent propriétaires, pour le tout. C’est lui qui fit construire le château moderne actuel, véritable Louvre des hauts louvetiers de l’immense forêt des basses Wabvres.

En 1621 et 1632, il fit établir deux foires au Bourget et un marché hebdomadaire. En 1633, le 8 mai, il obtint l’érection de son domaine en comté. Enfin, il décéda à Louppy, de la peste, croit-on, le 17 août 1635.

Il était alors marquis d’Esnes, comte de Louppi les deux châteaux, baron de Manonville par acquisition, seigneur de Hautcourt, Malancourt, Fabriey, Ergeville, enfin, baron de Mandres aux quatre tours, plus seigneur de Mont devant Dun, par engagement des deux derniers domaines pour la somme de 40 000 livres.

Son opulence n’était pas moindre que sa position éminente, puisqu’il put doter chacune de ses filles de 300 000 écus. Son patrimoine, cependant, d’après actes de partage, n’avait été que de 15 000 livres et il était endetté, paraît-il, de 50 000 livres, pour le service de son prince, alors qu’il entra au gouvernement de Stenay.

Mais, à partir de cette époque, la fortune s’était plue à répandre ses faveurs sur sa maison (Le 31 janvier 1625, Simon de Pouilly reçut, de Charles et Nicole de Lorraine, 300 arpents de bois, tant en fonds que superficie, à prendre, pour défricher, dans la forêt du Chesnois, en indemnité du pillage de sa terre d’Esnes, par les bandes de Mansfeld et des princes de Bouillon. Le duc lui accorda, en outre, les bois de la grurie de Jametz. Et pour édifier son château, il obtint encore la main-d’œuvre des ouvriers employés au relèvement des murs de la citadelle de Stenay).

Simon II de Pouilly avait épousé Françoise Beermarm de Lanaech et d’Ungenheim, maison baroniale allemande, qui portait « d’or, à l’ourse de sable, tenant un miroir d’argent, de ses mains de devant ».

Il en eut cinq filles et quatre fils : ceux-ci et trois de leurs sœurs moururent jeunes. Restèrent Gabrielle Angélique et Claude Françoise Angélique.

Claude Françoise Angélique épousa, le 9 août 1632, Henry du Castelet, marquis de Trichastiaux. Puis, en 1634, elle se remaria à Alexandre André de Bedon de Dreux, marquis de Fronsac et de Montfort.

Gabrielle Angélique, l’aînée des filles fut mariée, d’abord, à Bernard de Coligny, gouverneur de Montigny le roi, lieutenant général au gouvernement de Champagne, de l’illustre maison de ce nom. Elle en était veuve sans enfants, en 1629. Alors elle convola, le 7 janvier 1630, avec Claude Roger de Comminges, marquis de Vervins, premier maître d’hôtel du roi de France.

Claude Roger de Comminges

Claude Roger de Comminges eut, de Gabrielle Angélique de Pouilly, deux fils et une fille :
- Louis, qui suit
- Philippe François, dit le marquis de Comminges, mort, sans postérité, en 1686
- Henriette Louise, mariée, en 1658, à Charles François de Joyeuse, comte de Grandpré, lieutenant général au gouvernement de Champagne, gouverneur de Beaumont et de Mouzon. De ce mariage étaient nés : Jean Louis et Louis Joseph. Ce dernier fut le fameux « Abbé de Joyeuse« , de fâcheux renom dans l’histoire de Louppi.

Louis de Comminges + 1663

Louis avait épousé, en 1657, Anne Dieudonnée de Fabert, fille d’Abraham, l’illustre maréchal de ce nom. Titré du marquisat de Vervins, premier maître d’hôtel du roi, après son père, il mourut en 1663, à l’âge de 33 ans.

Il laissait sa veuve enceinte. Elle accoucha, le 30 avril 1664, de Louis Joseph de Comminges. Puis se remaria à Claude François de Mérode, marquis de Trélon, en Flandres.

Louis Joseph de Comminges + 1725

La survenance d’un enfant posthume (de leur oncle) avait déjoué les calculs du comte et de l’abbé de Joyeuse, cousins-germains de l’héritier. Après de longs et interminables débats, l’abbé prit le parti de le faire assassiner. Ce guet-apens fut exécuté, dans une rue de Paris, le 31 août 1704, mais le coup manqua. Alors l’abbé prit la fuite, et, avant de passer la frontière, pour les Pays-Bas, il gîta chez le comte Bossut de Dampierre, baron de Termes, au manoir seigneurial de Han les Juvigny.

Louis Joseph de Comminges vécut jusqu’en 1725, il ne laissa pas de postérité. Louppi advint alors au comte Jean François Louis de Joyeuse.

Jean François Louis de Joyeuse

Il avait épousé, en mars 1669, Marie Victoire de Joyeuse de Mérode, comtesse de Brandeville, vicomtesse de Villers sur Celle, dame d’Allamont et de Malandry.

Il en avait eu deux enfants : Jules Armand et Joséphine Monique Mélanie.

Jules Armand, qui fut gouverneur de Stenay, était mort le 1er mars 1714, au château de Brandeville, sans postérité.

Joséphine Monique Mélanie, comtesse de Mérode, épouse en premières noces de Denis Antoine Christophe, baron des Ursins et comte des Ursins et de Beauxieux, seigneur de Tillieux, et, en secondes noces, femme, séparée de biens, de Henry Ange, comte d’Apremont, devint donc comtesse de Louppy.

Elle vendit cette terre, avec d’autres biens, le 12 mai 1741, à François Théodore de Custine, comte de Wiltz, lequel en obtint lettres d’investiture le 20 du même mois.

François Théodore II de Custine

François Théodore II de Custine, comte de Wiltz et de Louppy… et ses sœurs – Marie Anne, épouse d’Antoine François de Lambertye, de Cons la Grandville – Marie Thérèse, épouse d’Innocent Marie de Vassinhac-Imécourt… étaient enfants de haut et puissant seigneur messire Charles Ferdinand de Custine, chevalier, seigneur et comte de Wiltz, baron d’Auflance et du Fay-Billot, seigneur de Viller le rond, de Retsdorff, d’Allamont, de Dompierre, de Malandry, de Bitbourg, et de haute et puissante dame Marie Xavière d’Arnoult, baronne de Meissembourg. La baronnie de Wiltz avait été érigée en comté, par lettres du roi Philippe II d’Espagne, données à Madrid, le 31 mai 1629, en faveur de Jean de Wiltz, gouverneur de Thionville.

François Théodore II de Custine avait épousé, le 26 août 1744, Robertine Augustine Gislaine Josephe de Sainte Aldégonde, fille du comte Philippe Albert et d’Augustine Robertine de Landas.

Cette dame mourut sans lui laisser de postérité. Il concentra donc ses affections sur son neveu, le vicomte Marie Louis Charles de Vassinhac-Imécourt, et il lui laissa son comté de Louppy, avec clause de substitution, au mariage de ce neveu, le 1er juin 1778, avec Charlotte Ferdinande de Chauvelin.

Marie Louis Charles de Vassinhac-Imécourt

De ce mariage naquirent deux fils et une fille :
- Charles Gédéon Théodore, dont l’article suit
- Charles Ferdinand Théodore, tué au siège si mémorable de Dantzig, le 13 avril 1807, sous les aigles françaises
- Françoise Henriette Marie Louise de Vassinhac-Imécourt, qui fut mariée, le 23 janvier 1804, avec Amédee Mark, marquis de Clermont-Tonnerre, comte de Thoury.

Charles Gédéon Théodore de Vassinhac-Imécourt

Par lettres patentes du roi Charles X, données le 19 novembre 1828, la terre de Louppy a été érigée en majorat, sur la tête de Monsieur le comte Charles Gédéon Théodore de Vassinhac-Imécourt et de ses descendants, nés et à naître, en ligne directe, et en légitime mariage, de mâle en mâle, et par ordre de progéniture.

Ce majorat comprend le château de Louppi avec son parc de 47 hectares et toutes leurs dépendances, les ruines du vieux château, la grosse et la petite ferme de Louppi, le moulin et ses aisances, la ferme de Remoiville, les bois de Juvigny dits les Chesnois et la taille des marquis, les prés du Brul courtaine, du grand Han, du grand Brul, des Frasnels, du petit Han, des Awit, des Neuwimes, les terres de Neuwime et de Taille brûlée, le tout contenant 388 hectares, dont 27 pour les bois, plus le Moncel de 61 hectares, le pré de la Garenne, et les terres au-dessous du chemin de la Tilley.


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Le fort et la terre de Hugne

Carte de Hugne 

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – 1861

Sur la rive gauche du Loison, entre Louppy et Juvigny.

Au commencement du XVIIe siècle, le domaine de Hugne, arrière-fief du comté de Louppy, sous la mouvance de la châtellenie de Sathenay, se composait de :

- 1° : Un château ou maison-forte entourée de fossés, à fond de cuve, toujours remplis d’eau, avec avant-place, en deçà du premier fossé, et joignant la contre-escarpe (rectangle de 69 verges à la base duquel se trouvaient quelques establiers) – un colombier, en pleine rivière – un parterre d’un journal d’étendue, au-devant de la maison – un verger, en avant du parterre. Il était au bout de la crouée, laquelle contenait deux jours un quart de culture.
- 2° : un bois de 15 arpents, au-dessus de la crouée. Il était entouré de toutes parts des terres de Hugne et du chemin qui va de Louppy à Stenay.
- 3° : 60 journaux de terre, y compris un petit bois, à la couture de la bruyère - 47 arpents, en cinq pièces, à la couture de la haironnière – 44 arpents, en une pièce, à la couture de derrière le bochet – un grand pré de 14 arpents 4 verges 1/2 – un autre pré de 2 arpents 1/2, au lieu dit à Vaulnois – une chènevière d’un demi-arpent, près de la fontaine
-
4° : enfin, une maison de basse-cour, nouvellement construite, près de la chènevière.

Ce modeste oasis était la propriété de Charles Claude de Housse, seigneur-voué, haut, moyen, et bas justicier, de Juvigny et de Han, en partie.

Charles le tenait de son père Jean de Housse, dit le capitaine Hugne, sous la dominance de messire Simon II de Pouilly, baron, ensuite marquis, à Esnes, sire de Pouilly et Inor, en partie, de Louppy aux deux châteaux, de Manonville, Han, Quincy, Remoiville, Mont Saint Martin (près Chaufour), Mont (près de Dun), Haucourt, Malancourt, et gouverneur des places et châtellenies de Sathenay et de Jametz, pour Son Altesse Sérénissime le duc de Bar et de Lorraine Charles III.

Alors les armoiries, placées sous les arceaux de la porte castrale de Hugne, étaient celles des sires de l’antique et vieille maison d’Ugny, aux sources de la Crusne, Buré en vaux, Fermont, Housse et Othenges, à savoir : d’argent, au chef échiqueté d’or et d’azur, de trois tires.

Un demi-siècle plus tard, le domaine de Hugne était amorti, par vente, au profit des dames du couvent de Juvigny.

Charles Claude de Housse, par acte du 5 mai 1611, avait acquis de son frère Jehan, sire de Fermont et Buré la ville, les droits de celui-ci sur la seigneurie de Hugne, moyennant 16 000 francs barrois, plus une constitution de rente de 890 francs. Il tenait ainsi le tout, aliéné, au profit de son père, par Simon de Pouilly.

A sa mort, Charles laissa Hugne à ses trois enfants : François, sire de Buré en Vaux et Ugny - Gabrielle, femme de Pierre de Bernard, sire de Gorcy et Signy - Anne, mariée à Henry de Landres, seigneur de Rutz.

Ce sont eux qui, par contrat du 21 novembre 1663, vendirent la terre et seigneurie de Hugne à l’abbesse de Juvigny, pour et au profit de sa communauté.

Cette aliénation donna lieu, en 1720, à un combat de fiefs dominants, entre le marquis de Vervins-Grandpré-Joyeuse, comme sire du comté de Louppy, et le duc d’Enghien-Condé, comme cessionnaire du Clermontois, ensemble de Dun, de Jametz et de Stenay. Ce combat durait encore, quand il fut vidé par la révolution.

Aincreville

Carte Aincreville - Cléry

Petit village de moins de 100 habitants, Aincreville a été reconstruit presque en totalité après la guerre 1914-1918. Mais je vous propose de « visiter » Aincreville, il y a plusieurs siècles.

Les appellations anciennes ont été respectées.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – Publication 1863

Aincréville autrefois avait pour annexe Viller-devant-Dun. Le village est bâti sur l’Andon et le ruisseau d’Etaillon.
Ecarts : Chassogne, Brieville, Proiville (Autrefois Brieville et Proiville étaient annexes de la paroisse de Doulcom).

D’après les chartes, les monuments, les vieilles annales, les légendes et les traditions : Aincréville est une ancienne villa de création probablement carlovingienne, au comté de Doulx, dans le Dolomensis pagus.

Aincréville était à la naissance de la chaussée austrasienne de Rheims à Metz, Briey, Longuion, Longwy et Trêves, au travers des bassins de la Meuse, de la Tinte, de l’Azenne, de l’Orne et de l’Othain.

Les traces de diverticules démontrent que cette chaussée, ou Keim, devait commencer à Babiemont, où se trouvait bâtie la porte des archettes de Jupile (Jovis pila, bulle de 1049). Elle traversait la Meuse à Milly, puis les champs du territoire de Lions, contournait le contrefort de Brandeville, franchissait la Tinte par des ponts de la Franche-Saulx, arrivait au rudimentum de la chaussée près Damvillers, contournait Murault (ante Meraldi castellum), passait sous le camp romain de Romagne (ad romanas), se dirigeait vers les arches d’Ornel dans le bois d’Arc, et, après avoir franchi cette rivière, se relevait, par Dommarie, vers les sources de l’Ornain.

Noms des érecteurs en commune : Gobert V, sire de Dun et Aspremont, et Richard de Proiville, conjointement avec les sires de Clarey, Vilaisnes, Landreville et Lions.

Causes : les conséquences des croisades et le mouvement des affranchissements.

Date de la charte d’affranchissement : de 1250 à 1284.

Cours d’eau : L’Andon – Le ruisseau d’Etaillon – La fontaine Sainte-Marguerite, venant de Chassogne – Le ruisseau de Chelme, venant d’Andevanne.
Usines : Un moulin à deux paires de meules, mues par l’eau – une huilerie, mue par un cheval.

Ordre spirituel

Diocèse de Rheims – Archidiaconné du Dolmois, ou de Champagne, sous le titre de Saint-Médard de Grandpré – Doyenné de Saint-Gilles de Dun.
Cure primitive de Sainte-Marguerite de Chassogne qui, pour le spirituel, dépendait de Belval.
Annexe et desserte, la chapelle de Saint-Martin de Viller-devant-Dun.
Abbaye suzeraine de Belval, par rapport à Chassogne.
Prieuré de Sainte-Marguerite de Cesse, par rapport à Chassogne.
Oratoire primitif de Saint Leu, frère de saint Agnan, dont la chapelle était au cimetière de Chassogne.
Eglise matriculaire de Saint-Agnan d’Aincréville.
Chapelle seigneuriale des seigneurs de Proiville-Pouilly.

Ordre politique

Ancienne cité de Durocortorum Rhemorum (Rheims) - Royaume de Lotharingie, sur les marches douteuses de la Neustrie – Ancien pagus du Dolomensis, au comté de Doulx – Comté du Barrois mouvant, après avoir dépendu des comtes de Grandpré - Baronnie des sires de Dun-Apremont – Duché de Lorraine, après la réunion du Barrois - puis France - puis Clermontois sous les Condé. Haute justice des seigneurs de Prouilly et de l’abbé de Belval, quant à Chassogne.

Ordre judiciaire

Avant la rédaction des coutumes générales : Loi de Vermandois, généralité de Rheims.
Pour les grains et les liquides, Beaumont. Pour les autres matières sèches, Beaumont.
Pour les bois et les terres, Grandpré. Pour les terres seulement, Grandpré.

Après la rédaction des coutumes particulières, vers 1566 : Coutume de Vitry-le-François, puis coutume de Saint-Mihiel, sous les comtes de Bar et les ducs de Lorraine.

Anciennes assises des six pairies de la châtellenie de Dun, composée des sires de Dun, Clarey, Proiville, Vilaisnes, Landreville et Lions, sous les sires d’Apremont.

Cour supérieure des grands jours de Saint-Mihiel, ressort contesté par la France, après le traité de Bruges de 1301 : elle prétendait faire évoquer les causes au présidial de Sens.

Ancien bailliage de Clermont, séant à Varennes, sous les princes de Condé – Ancienne prévôté de Dun, ne comprenant que les communes de la châtellenie.

Ancienne justice seigneuriale des représentants des seigneurs de Prouilly-Pouilly, mais qui n’avait pas droit d’exécution capitale – Justice foncière du prévôt seigneurial et de son fiscal.

Ordre feodal

Le dernier seigneur d’Aincréville était Ancelme-Ferdiand de Coudenhoven, chevalier, fils de Louis-Ferdinand, seigneur de Vaudoncourt. Noblesse de Flandres devenue Luxembourgeoise, car Vaudoncourt était une enclave appartenant au Luxembourg. Son père avait épousé Marie-Madelaine de Zweiffel de Suève, dame d’Aincréville et de Cunel.

Ce seigneur avait titre de comte et portait « d’or, à la bande ondée de gueules, ayant deux griffons pour supports, et pour cimier une hure de sanglier, allumée et dentée d’argent ». Il eut pour femme Anne de Pouilly-Prouilly.

Avant lui, c’était Adrien de Zweiffel de Suève, sire de Milly, fils de Charles-François et Jeanne de Landres-Briey. Adrien de Zweiffel était fils de Jean-Philippe et de Françoise de Lafontaine d’Harnoncourt-Sorbey. Il avait eu pour aïeul Anselme de Zweiffel de Suève, et pour aïeule Agathe de Mouzay-Autrecourt. Il portait « d’argent, à un cerf furieux de gueules ».

Au-dessus de lui, on remonte facilement la chaîne des sires de Proiville et d’Aincréville, par les alliances des dernières héritières de la maison éteinte de Mouzay, unie à celle de Pouilly-Prouilly et aux de Salse de Milly, également éteints. Quant aux maisons de Pouilly et de Coudenhoven, elles ont encore de nombreux représentants.

Louppy-sur-Loison du XIVe au XVIIe siècle

Carte de Louppy-sur-Loison

 

Louppy-sur-Loison est un village de 120 habitants situé dans le nord de la Meuse, où l’on découvre un suberbe château datant du XVIIe siècle.

On sait que plusieurs seigneurs ont habité cet endroit. Mais ce qu’on a du mal à imaginer, c’est l’histoire mouvementée qu’a connu ce bourg durant des siècles.

C’est cette histoire que je me propose de vous raconter, à travers les différents seigneurs ayant été « Sires de Louppi ».

Les anciennes appellations ont été respectées.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – 1861

Louppy-sur-Loison, ou anciennement Louppy les deux châteaux, est un ancien opide, probablement celtique, fief baronial érigé en comté en 1633.

En 1343, deux opida, tours colossales, massives d’épaisseur, imposantes d’altitude, placées à la gorge de la presqu’île, commandaient aux arrivages du haut et du bas de la rivière. Ces tours, dans le principe, avaient appartenu au même maître : ce maître était le comte de Bar et de Luxembourg, Thibault Ier, propriétaire, au commencement du XIIIe siècle, de Marville et de Stenay.

Dans le cours de ce siècle et du suivant, le haut vassal fiefé de Lopeio avait reçu sa quintuple investiture des cinq puissances, entre lesquelles le bassin des Wabvres se trouvait réparti, sous les châtellenies de Dun, Stenay, Chauvancy, Marville, Arrancy.

Puis, les révolutions survenant, la branche aînée de l’ancienne maison de Louppi s’était éteinte. Sa branche cadette s’était retirée près de Bar. La terre de Louppi, divisée en château haut et château bas, au XIVe siècle, était inféodée et sous-inféodée à des pouvoirs rivaux.

Les deux tours, dont l’une se trouvait éventrée, à la suite des désastres de la maison de Chaufour, étaient encore, en 1343, réunies par des murailles, en dedans desquelles se trouvait le Bourget, petite ville étroitement resserrée dans sa propre ceinture. Mais la tête du fief était le château bas ; le sous-fief, dit de Haraucourt, devait foi et hommage au maître du manoir des anciens Xorbey.

Les seigneurs de Louppi (château bas)

Maison de Xorbey

Thiébauld de Perpont

Thiébauld, sire de Perpont, Beuveilles, Doncourt et Han, avait épousé Hawis, fille de Clarambauld de Croix, dit de Flassigny, sire de Xorbey, et époux Oda. Cette dame lui avait apporté les droits de son père sur Mont-Saint-Martin et Quincy, et, par suite, sur le fief de Lopeio.

De ce mariage naquit Jacqueth ou Jehan, qui fut sire de Xorbey, de Chauvancy, de Laferté, et de Louppi, pour partie. Jacqueth, fut père de Bastin, chevalier de Sorbey.

Jehan, Bastin et Colin de Louppi

Avec Jehan Ier de Louppy, sire de Merowald, le chevalier Bastin s’était trouvé à l’affaire de Ligny, en 1368. Pendant que son cousin, tué sur le champ de bataille, gisait près des corps du jeune comte Jehan de Salm, de Jehan de la Tour et de plusieurs autres, Bastin, blessé, revenait mourir en son manoir, laissant celui-ci et ses domaines à son fils, Colin de Louppi époux de Mahonne, duquel ils passèrent à ses neveux, Thiébauld de Sorbey et Guillaume de Croix.

Thiébauld de Xorbey et de Louppi

Thiébauld de Xorbey, sire de Othe du chef de Vieille de la Malmaison (Charte de 1343), sire aussi de Louppi, avait épousé Alix, ou Hawis, de Perpont, de laquelle il eut Habelet, ou Herbinet, de Xorbey, et dont les enfants furent :
- François de Xorbey, qui épousa Jehanne de Vouziers
- Jehanne, qui fut mariée à Wary II de la Wal, sire des Vaux de la Chière et de l’Othain
- Catherine, qui avait épousé Renart de Colmey, dit le Vély ou le vieux, laquelle précéda son mari, sans enfant. Restaient François et Jéhanne.

Ces deux enfants se partagèrent les successions paternelle et maternelle, par acte du 8 avril 1416.

François de Xorbey

Au lot de François de Sorbey, se trouvent : les terres de Louppy, de Juvigny les Dames, de Vandelainville, de Baulsay et Othelez-Bazeilles. Au lot de Jehanne de Sorbey, sont les terres de Sorbey et de Perpont. Un partage supplémentaire, du 11 mai 1419, attribua une autre portion de cette terre à Jehanne de Sorbey et à Wary II son mari. Par cet acte, Jehanne obtient un tiers des grosses et menues dixmes des ville, ban, et finage, de Louppi, sans pour ce être soumise à l’hommage envers son frère.

A cette époque, le fief de Louppi (château bas) était parfaitement distinct de l’arrière-fief des d’Haraucourt (arrêt du roi René du 2 mars 1433).

François de Sorbey et Jehanne de Vouziers transmirent leurs droits à leurs enfants : Jehan et Gobert de Sorbey.

Jehan de Xorbey

Le 4 octobre 1441, Jehan, qui était l’aîné, rendit foi et hommage à Elisabeth, reine de Jérusalem, duchesse d’Anjou, de Lorraine, et de Bar, pour la terre de Louppi, par lui tenue en fief du duché de Bar. Ses aveux furent produits tant au bailliage de Saint Mihiel qu’en ceux de Clermont et Dun.

Gobert, le cadet, rendit le même devoir, comme seigneur de Louppi, pour la terre de Juvigny. Leur soeur, Blanche de Sorbey, épouse de Henry de Breux, avait été allotie à Beauzée, dans le Barrois (Acte du 8 mars 1450). Jehan de Sorbey conclut plus tard, avec sadite sœur, un traité par lequel il lui cédait ses droits à Louppi et lieux voisins.

A côté de cette branche masculine et aînée, se trouvaient d’autres indivisionnaires, issus des branches cadette et féminine. A savoir, les de Laval et les de Frasnel, qu’il convient de passer en revue.

Maison de Laval-Xorbey

On a vu que Jehanne de Xorbey, femme de Wary II de Laval, avait obtenu un tiers de Louppi, par le partage de 1419.

Wary II de Laval, branche aînée de la souche de Marville, chevalier, seigneur des Vaulx de l’Othain et de la Chière, Othe, Velosnes, Fresnois et partie de Marville, était homme de fief de cette châtellenie. Il résidait à Marville. Il était frère de Marie de Laval, épouse de Guillaume de Croix. Il était donc oncle, de Thomas de Croix, avec lequel il partageait le titre et les profits de seigneur de Sorbey. Wary ne tarda pas à y adjoindre ceux de coindivisionnaire à Louppi.

La vie de ce seigneur fut longtemps agitée par les procès qu’il eut à soutenir contre son neveu, Thomas de Croix. Les causes de ces différents furent multiples : Marie de Laval avait deshérité son fils Thomas, en presque totalité. Cet acte fut annulé, à rencontre de Wary de Laval, qui avait eu la mainbournie de son neveu.

Wary de Laval avait échangé, avec Thomas de Croix, ses portions dans la seigneurie de Louppi, contre une maison et dépendances, à Marville. Cet échange souleva aussi des difficultés.

Wary II de Laval et Jehanne de Sorbey eurent deux fils et trois filles : François – Jehan – Marguerite, épouse d’Arnould de Sampigny – Isabelle – Jehanne.

Le partage des successions paternelle et maternelle eut lieu, entre les deux frères, le 3 février 1447, sous l’attache des sceaux de leurs cousins : Jehan de Sorbey, sire, en partie, de Louppi et de Villosne – Ferry de Failly, sire de Chinery – Jehan de Muscey et Henry de Gomery.

Louppi tomba au lot de François de Laval.

François de La Val

François de Laval, seigneur en partie de Louppi, fut d’abord échanson du roi Louis XI, puis il revint au service des princes de Lorraine. Le 27 mars 1457, il fut établi au poste de gouverneur de Neufchâteau, en Vosges, et le roi René lui accorda des armes de récompense « de sable, à deux tours d’argent, maçonnées de gueules ». C’étaient celles de la ville confiée à son gouvernement.

Il avait épousé Alexise de Dampierre-Saint Dizier, maison comtale de Flandre, venue, dans le Walon, à la suite de deux de nos comtesses du Barrois. Un de ses membres se retrouvera, bientôt, résident en son manoir de Han les Juvigny, lors d’un événement notable dans les annales de Louppi.

En 1464, le 24 janvier, le roi René honora le château de Louppi de sa présence. Puis il se rendit à l’abbaye de Saint Mihiel, dont Wary de Laval était abbé depuis 1461. Ce fut de Louppi, qui, de tous temps, fut et devait être, la grande louveterie des basses Wabvres… ce fut de Louppi que partit le gibier, dont les tables royale et abbatiale firent honneur au duc de Calabre et à la reine d’Angleterre, Marguerite d’Anjou. 

A cette époque, les deux branches des Laval-Xorbey se séparèrent :
-
François s’attacha aux destinées, alors si brillantes, des princes de Lorraine, et ses descendants adoptèrent l’appellation romane de de Lavaulx.
-
La branche cadette, celle de Jehan, conserva ses attaches aux vieilles possessions wabriennes, et ses descendants retinrent l’appellation walonne de Wal.

Maison de Franelle

La maison de Franelle, sous la châlellenie de Vézelise, en Vosges, portait « d’azur, à trois bandes d’or, au chef chargé d’un lion d’or ». Elle était d’origine Salmo-vaudémontoise. On ignore à quelle époque elle s’allia aux de Sorbey-Louppi.

Philippe Ier de Frasnel

Philippe Ier de Frasnel apparaît coindivisionnaire à Sorbey, dès l’année 1469. Quelque temps après, on le voit, aussi, haut tenancier et justicier à Louppi, château bas (aveux et dénombrement du 24 juillet 1474).

Philippe était fils de Jehan et d’Alix de Trougnon d’Heudicourt, maison puissante par sa fortune et par ses alliances. Gérard, son frère, devint abbé de Saint Mihiel, en 1493. Il succéda à Wary de Laval-Xorbey, lequel portait la crosse depuis 1461.

A la mort d’André, ou Adrien, de Louppi, sire d’Haraucourt, seigneur du bourget de Lavaulx en 1501, son frère Guillaume (*), évêque de Verdun, comme héritier de l’arrière-fief du Château haut, avait omis de rendre son devoir féodal aux de Frasnel, maîtres du Château bas. Philippe et l’abbé de Frasnel firent saisir, féodalement, le 10 janvier 1501, le domaine de leur vassal : la mesure fut décisive, car, quelques années après, par acte du 3 août 1509, le châtelain de Château haut faisait ses reprises, foi et hommage, au seigneur de Château bas.

(*) Cet évêque venait d’être élargi de la cage de fer, où l’avait tenu, pendant plusieurs années, le sombre Louis XI. Mais, malgré les instances de ses frères, André, seigneur de Louppi, Pierre, sire de Chahanay et de son neveu Gobert d’Apremont-Buzancy, le prélat était toujours banni des terres de l’évêché de Verdun. Il avait encouru la commise de son fief, pendant son exil du Verdunois.

Après Philippe Ier, Philippe II de Frasnel (aveux et dénombrement du 14 juin 1517). Vient ensuite Ferry, qui agrandit ses domaines, à Louppi et à Han, par les acquêts des 28 juillet 1510 et 24 mars 1518, puis Claude, son fils, qu’il émancipa, le 22 juin 1530.

Claude de Frasnel

Claude de Frasnel ne fut pas moins jaloux que Philippe Ier son aïeul, de ses prérogations féodales. Il avait épousé Jehanne d’Eltz : celle-ci lui avait apporté Bellefontaine, près Beaufort. Un bâtard, nommé Jehan de Villers, s’y était fait construire une tour forte, appelée Belle Tour.

Claude de Frasnel, en 1558, profita du séjour au château de Jametz, de la duchesse Christienne de Danemarck, et, par sentence du 19 mai 1564, il l’en fait expulser.

En 1571, Claude se trouve en contact avec un nouvel acquéreur de Château haut et de Hugnes : c’était Gérars de Pouilly. Cet acquéreur était fils d’Aubertin VI, sire d’Inor, Martincourt, Avioth, Moiry et Pouilly, en partie, lequel Aubertin avait épousé Poincette de Wal, en 1447. Gérars prétendait à la franchise de son fief. Claude de Frasnel poursuit son droit, à la Cour des grands jours de Saint Mihiel, et, par sentence du 19 février 1571, il se fait reconnaître haut justicier sur tous les membres du fief de Louppi. Il décède peu après.

L’épouse de Claude de Frasnel était fille de Bernard d’Eltz, sire d’Othanges, et de Bonne de Viller de Beaumont, dame de Scy.

Après 1584, Louppi est aux mains des enfants et petits-enfants de Claude de Frasnel, savoir :
- Claude II, l’aîné, époux de Marguerite de Beauveau, décédé en laissant des enfants mineurs
- Adolphe, chevalier de Louppi, dit le capitaine Louppe
- Claude Guillaume Ier, époux de Catherine de Lutz, avec un fils, prénommé Claude Guillaume II, comme son père
- Françoise, épouse de Gilbert d’Apchon, seigneur de Mont Regnard.

Chacun d’eux était héritier pour un quart (actes de 1584,1586, et sentence du 3 mars 1594) puis, en dernier lieu, on trouve Charles de Frasnel, époux d’Anne d’Ennetière, et Diane, et ses sœurs, et leurs enfants.

C’est alors qu’une catastrophe vint renverser la maison de Frasnel et en dispersa les derniers rejetons.

C’est au milieu de ces débris que va s’élever le comté de Louppi.

La ruine des de Frasnel de Louppi

Que de choses diraient ces vieilles pierres castrales, si elles pouvaient parler ?

Cette tour, dix fois séculaire, squelette pâle et noirci, dont les flancs larges, béants, s’entrouvrent en face du Louvre quasi princier de Simon II de Pouilly, cette vieille tour nous dirait, entre autres faits, que, pendant vingt mois, elle a vu, dans son parc, les dépôts de matériel de l’armée lorraine, attaquant Jametz, car le quartier général du baron d’Orne-d’Haussonville et du baillis Jean de Lénoncourt était, alors, à Hugnes et à Louppi.

Elle nous dirait que, douze années durant, de 1589 à 1601, elle a vu passer et repasser les bandes de tous les partis… qui ligueurs, qui protestants… qui lorrains ou luxembourgeois… qui français ou espagnols…. tous s’agitant, à l’escouse et à la rescouse, pour reprendre ou pour conserver ce boulevard du protestantisme, dans le fanatique délire qui, alors, s’était emparé des consciences des plus hautes familles du pays. Car, des deux parts, c’était une véritable guerre, guerre atroce de partisans.

Chaque seigneur était bien forcé d’y prendre couleur, d’après ses intérêts personnels, ou d’après sa position. Il se tournait, ou se retournait, dans l’un ou dans l’autre cercle, suivant le front de bandière des chefs les plus heureux ou les plus influents.

Ce nom de chef de bande n’avait alors rien que d’honorable : on disait la bande de Mansfeld, dans les rangs des bourguignons ou des espagnols, et cependant Mansfeld n’était rien moins que le gouverneur du Luxembourg. On disait la bande d’Amblise, et cependant Gaspard d’Anglure, qui la commandait, n’était rien moins que le maréchal du duché de Lorraine. On disait la bande du capitaine Saint Pol, un des plus audacieux condottieri des Lorrains.

Chaque seigneur n’était alors désigné que par le titre de sa capitainerie. Le capitaine Louppe était le chevalier de Louppi, le capitaine Balai était le sire de Lions devant Dun, le capitaine Sancy était Jehan de Haut, etc…

Or, pendant qu’Henri IV, prenant la couronne de France, voyait Paris, Troyes, et nombres d’autres villes, se prononcer contre lui pour la ligue… alors que Turenne et Bouillon, avec les Sedannais, enlevaient Stenay et Dun aux Lorrains, occupateurs de Jametz (1589 à 1595)… alors le baron de Terme, Bossut de Dampierre, sire de Messaincourt et de Han les Juvigny… alors le capitaine Louppe, Adolphe de Frasnel… alors les sires de Chaumont et Murault… alors le sire d’Apremont-Vandy… militaient sous African d’Anglure, dans le parti anti lorrain.

Ce parti avait reçu d’eux mainte rude défaite, notamment le 29 janvier 1589, sous Montfaucon. Autre déconfiture à l’affaire de Beaumont, en 1552, affaire vivement disputée, où Turenne fut blessé, et où Simon Ier de Pouilly avait été fait prisonnier. Ces échecs avaient avancé les affaires d’Henri IV, et ils ne contribuèrent pas peu à la paix générale, conclue le 25 juillet 1596.

Ce sont ces faits qui expliquent la sentence de mort portée contre Adolphe de Frasnel, qui avait livré Dun à Turenne, sentence qui fut suivie de la confiscation de son patrimoine. Dès lors, l’on conçoit comment intervinrent, après la pacification qui rendit Dun et Stenay au duc de Lorraine, les lettres de grâce par lesquelles ce prince rendit, le 18 juin 1596, aux héritiers de Frasnel, les biens que ce condamné avait dans les basses Wabvres.

Mais le coup avait anéanti pécuniairement sa famille, elle va donc disparaître de Louppi.

A  suivre : le comté de Louppi

Le fief de Bellefontaine

Carte de Beaumont en Argonne

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – Publication 1863

Ce domaine se composait, en 1538, d’une vieille tour, ou maison forte dite beltour, avec fossés et courtil, de la contenance de deux arpents et demi – d’un petit étang de deux arpents, tenant aux fossés – d’un autre étang de sept arpents, un peu plus haut – d’un bois de 320 arpents, le tout tenant au circuit des bois de Beaufort, de ceux de Stenay, dits le Dieulet, et des ban et ruisseau de la Wâme.

La borne était plantée au dessus du trou l’hermite. Ainsi, il était placé entre le ban de Belmont, au nord, et la forêt du Dieulet, au midi. Et dans son enceinte on trouvait les censes dites Belvallée, Belheim (ou Beauséjour), Belœil (ou Beluïn ou Belvue), Beaulieu, enfin Belwald (ou Belleforêt).

Voici ses possesseurs successifs :

Au XIVe siècle, c’était Rochequin, bâtard de la maison de Chaufour-Castelet-Trichastiaux. Jean Groulet, son fils, étant décédé, sans hoirs aptes à succéder, le fief, par droit de deshérence, fut dévolu au duc de Bar Robert, qui, le 7 août 1403, le concéda à Henry de Viller de Beaumont, sire de Scy, près le Chêne-le-populeux.

Ce chevalier épousa Marie de Rhodes ou d’Arodes, veuve de Jehan d’Asgron, châtelain de Bouillon. Leur fils Jehan de Villers, et Jehan leur petit-fils, le possédèrent après eux. Ce dernier avait épousé Anne de Malberg, de la maison de Sainte-Marie et Bellefontaine sur Semois, qui lui donna quatre fils et trois filles. Il eut de plus, un enfant naturel, nommé Jehan comme lui.

Ses fils légitimes étant tous décédés en bas-âge, Bellefontaine devint le douaire d’Anne de Malberg, sa veuve, et fit partie du patrimoine de ses filles :
- Françoise, qui épousa Jean de Boutillard, sire de Resson
- Marie, femme du sire de Court et Maucourt, seigneur de Pavont-Buzancy, auquel le petit château de Paille, près Beaufort, dut son édification (ce petit manoir appartenait aux de Landres-Pouilly-Cornay, dans les derniers temps)
- la troisième fille, nommée Bonne, fut mariée au chevalier Bernard d’Eltz et Othenges, et de ce mariage naquirent Henry d’Eltz et Jehanne d’Eltz, laquelle épousa Claude de Fresnel, écuyer, seigneur en partie de Louppy les deux châteaux.

En 1538, après la mort de son père, et de sa veuve Anne de Malberg, en vertu d’une donation de celle-ci, le bâtard Jehan de Villers se mit en possession du domaine de Bellefontaine et y fit construire la maison forte de Beltour ; il en jouit quelques années.

Mais, en 1548, Claude du Fresnel et Jehanne d’Eltz se pourvurent en réintégration, près de la duchesse de Lorraine et de Bar Christienne de Danemarck, qui se trouvait alors au château de Jametz. L’affaire fut portée au bailliage de Saint-Mihiel, et les revendiquants furent remis en possession, par arrêt du 19 mai 1561.

Alors, ils vendirent Bellefontaine, le 9 novembre 1583, à Gérard de Fresnel, sire en partie de Beaufort et seigneur de la Vallée, près Récicourt, et celui-ci créa la petite cense de Belvallée. Il revendit ce domaine et ses droits sur Beaufort à Antoine de Melon, qui les transmit à son fils Louis et à son petit-fils Jean-Nicolas, lequel, le 25 mars 1717, en fit foi et hommage à Louis-Henry de Bourbon, prince de Condé, devenu seigneur de Stenay, Dun, Jametz et du Clermontois.

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