Le château de Dun-sur-Meuse (55)
Situé dans le nord de la Meuse, le bourg de Dun-sur-Meuse est composé de la ville basse et de la ville haute.
C’est vers 1053, qu’un château fut construit sur la colline et au XVIe siècle, la place fortifiée de Dun était alors une des clés de la Lorraine. La place fut assiégée et prise en 1591 par le duc de Bouillon, et à partir de 1642, elle connut, malheureusement, le même sort que la plupart des places fortes de Lorrraine, c’est-à-dire le démantèlement.
Il subsiste à Dun-haut de magnifiques vestiges, que l’association Dun-le-Chastel restaure au fil des ans. Des fortifications, on peut accéder à la ville basse en passant par la porte aux chevaux.
Les photos sont publiées avec l’aimable autorisation de monsieur Pierre Bagot, auteur du livre « Histoire de la forteresse médiévale de Dun-le-Chastel« .
Extrait de la monographie « Géographie historique, statistique et administrative du département de la Meuse »
par E. Henriquet – Publication 1838
Dun dépendit primitivement de la Lorraine Mosellane. Donné en 988 à l’église de Verdun, par l’empereur Othon IV, il passa ensuite à la puissante maison d’Apremont, qui y jouissait des droits régaliens et qui y fit battre monnaie (1387).
En 1399, la ville et la châtellenie de Dun revinrent aux ducs de Bar qui les conservèrent jusqu’à la cession définitive, qui en fut faite par le duc de Lorraine Charles IV, au roi de France Louis XIII, en 1633. Dun fit dès-lors partie du Clermontois, et fut donné par Louis XIV au grand Condé, dont les descendants en jouirent jusqu’à la révolution.
Dun a souffert plusieurs sièges : en 1533, les Anglais se présentèrent devant la place, ouvrirent la tranchée, et furent obligés de lever le siège trois mois après, ayant été repoussés dans tous les assauts qu’ils avaient donnés. En 1591, le vicomte de Turenne, duc de Bouillon et maréchal de France, surprit Dun, l’enleva par escaladade, et le garda jusqu’en 1595, qu’il fut remis au duc Charles III.
Au mois d’août 1642, on commença à démolir les fortifications de la ville et du château. Depuis ce temps, Dun n’a fait que décroître. Déjà cette ville avait beaucoup souffert quelques années auparavant, et des calamités de la guerre, et des ravages de la peste qui avait suivi l’irruption des Croates. A cette époque, Dun comptait 1200 maisons habitées par une population nombreuse, et en moins d’un quart de siècle, il se vit démantelé et presque entièrement dépeuplé.
Les traces des anciennes fortifications sont bien visibles encore ; dans plusieurs endroits les murs des remparts sont dans leur entier. Une ancienne porte de secours fait aujourd’hui encore communiquer la ville basse avec la ville haute. On montre un souterrain bien conservé, qui part de la ville haute et aboutit à une montagne voisine. Plusieurs parties du territoire portent encore des noms qui rappellent d’anciens souvenirs, tels que : la Bombarde, le Vieux-Château, etc.
Extraits d’articles parus dans la revue « Mémoires de la société d’archéologie lorraine » – Année 1874
En 1591, la ville de Dun fut assiégée et prise par Henri de La Tour, duc de Bouillon. Il n’est pas sans intérêt de connaître l’importance de cette place, qui était au XVIe siècle, une des clés de la Lorraine. Voici la description de ses fortifications lorsque la France en prit possession d’après M. Jeantin – Manuel de la Meuse.
A l’altitude de 181 mètres au-dessus du plafond de la Meuse, la place de Dun était presque imprenable, par sa position escarpée et abrupte, par sa tour massive, et par les 8 forts dont son château était muni.
Prise par Turenne, elle fut rendue au duc Charles III de Lorraine en 1595, et depuis, elle avait suivi les destinées de Stenay. Louis XIII en ordonna la démolition en 1642 : avant et après la visite du maréchal de Créqui, cette démolition fut opérée sous la direction de François Thiebault, seigneur de Saint-Euruges, gouverneur depuis 1636.
La place de Dun était défendue par :
- le fort de Saint-Gilles, à l’est, vers Milly
- le fort de la Cavalerie et le fort de Brieulles au sud
- le fort de Doulcon à l’ouest
- le fort de Stenay au nord
- le château de Saint-Germain vers le chesnois de Fontaine, se relevant à l’altitude de 392 mètres
- le vieux-château, au sommet de la rampe, en face de Sassey.
Tout cela était relié par les fronts de Liny, Milly, Saint-Gilles, Stenay, de Croix, avec projection des cornes de Liny, de Soujumon, et de Milly.
On y arrivait par 4 portes : la porte aux chevaux, la porte de Saint-Martin vers Brieulles, la porte de Sainte-Marguerite et enfin la porte de Milly.
A la ville haute, existait la place d’armes et 4 casernes pour l’infanterie. Leurs bâtiments entouraient l’église paroissiale et celle des minimes. Sur le flanc des rampes nord-ouest, une caserne de cavalerie et 2 pour l’infanterie. Sur le flanc de la rampe sud-ouest, 2 casernes de cavalerie.
A la ville basse, dans l’île de la Meuse, 5 casernes de cavalerie autour de l’église Saint-Claude et de cinq pâtés de maisons. Enfin, près de la grande écluse, une redoute dans la nappe d’inondation. La ville basse n’avait pas de murailles du côté de la Meuse. Elle se rattachait à la forteresse par deux remparts peu élevés, bordés de ravins ou fossés, qui, partant de la rivière au nord et au midi, formaient les portes Sainte-Marguerite et Saint-Martin, et se prolongeaient jusqu’à la ville haute. On accédait au vieux château par la porte de Milly et par la poterne dite de la porte aux chevaux.
Les capitaines-gouverneurs connus de Dun sont : Robert de Gratinot, sire de Jupille, de 1552 à 1573 – De Craone et le capitaine Claude, de 1585 à 1592 – Jean de Mouzay en 1592 – Gauthier de Grandmaison, dit Gault de La Cassagne, sire de saint-laurent, de 1595 à 1632 – De Cadenet, sire de Brieulles, de 1632 à 1642, année où on commença à démanteler la place.