Les faïences de Lunéville et Saint-Clément (54)

Les faïences de Lunéville et Saint-Clément (54) dans Industries et arts en Lorraine Faience-Luneville-212x300

 

La tradition des manufactures de Lunéville et Saint-Clément, créées au XVIIIe siècle, se perpétue encore aujourd’hui au sein du groupe « Terres d’Est ».

Terres d’Est
1, rue de la faïencerie
57 565 NIDERVILLER

 

Le savoir-faire lorrain rayonne par-delà les frontières !!!

 

Je vous propose un petit historique de ces deux faïenceries.

 

D’après « Histoire de la céramique » d’Albert Jacquemart – 1873

 

D’après les « Recherches sur la céramique » de M. Greslou, c’est au faubourg de Willer que cette fabrique aurait été fondée par Jacques Chambrette, vers les dernières années du duc de Lorraine Léopold, mort en 1729. Des lettres patentes, délivrées les 10 avril et 14 juin 1751, par le duc Francois-Etienne, successeur de son père, auraient accordé de nouveaux privilèges à l’usine, qui prit le titre de manufacture du roi de Pologne, lorsque Stanislas Leczinski vint, en 1737, demander l’hospitalité en France. Des mains de Jacques Chambrette, l’établissement aurait passé dans celles de Gabriel Chambrette, son fils, et de Charles Loyal, son gendre, et les lettres patentes du 17 août 1758, qui auraient consacré ce nouvel état de choses, accordaient en outre à l’usine de Lunéville le titre de manufacture royale.

Nous n’avons pas vu ces lettres patentes, et, nous ne savons si elles ont été signées par le roi de France ou par le duc de Lorraine, mais elles sont en contradiction avec plusieurs autres documents authentiques. Ainsi, en 1788, Charles Loyal était à Lunéville et M. Chambrette et à Moyen. Enfin Charles Bayard, directeur, en 1771, de la faïencerie de Lunéville, était autorisé sous ce titre à ouvrir un nouvel établissement à Bellevue. Nous craignons donc qu’il n’y ait ici quelque confusion. Cela n’aurait rien de surprenant, lorsqu’on songe aux pérégrinations incessantes des céramistes au XVIIIe siècle et à la complète identité des œuvres diverses de la Lorraine.

En 1778, l’établissement fut acheté par MM. Keller et Guérin, qui ont fait des faïences à décor bleu dans le genre de Nevers, et d’autres imitant le vieux Strasbourg. Leur marque, selon M. Chaffers, était K & G. Quelques figures de lions et de chiens, de grandeur naturelle, sont sorties de l’usine pendant le XVIIIe siècle. Elles portent habituellement sur leur socle le nom de la ville imprimé en noir. Elles servaient à orner les portes des maisons et siégeaient face à face sur les pieds-droits. De là, le proverbe se regarder en chiens de faïence.

Paul-Louis Cyfflé, sculpteur ordinaire du roi de Pologne, a travaillé à Lunéville. Est-ce dans la fabrique dont nous venons de parler ? Nous en doutons. Il a eu son atelier autorisé par lettres patentes du 1er juin 1768, et où devait se faire une vaisselle particulière et supérieure, dite terre de Lorraine.

Nous ne pensons pas que Lunéville ait marqué ses meilleurs produits d’après Gournay. La finesse des peintures et la beauté de l’or de ducat les feraient distinguer.

 

D’après la monographie « Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie » – Alexandre Brongniart – Année 1844

On fait à Lunéville et à Saint-Clément deux sortes de faïences.

L’une est la faïence ordinaire, dont les éléments argileux sont pris dans les environs de Lunéville. L’autre a pour pâte celle de la faïence fine, c’est-à-dire une masse composée principalement d’argile plastique qui vient des carrières d’argile de la rive droite du Rhin, dans les environs de Cologne et de Coblentz. Mais ces deux poteries ont pour caractères communs d’être recouvertes d’un émail stannifère qui est d’une très-belle et bonne qualité en dureté, blancheur, éclat et solidité, car il ne tressaille ou ne gerce que très rarement, même dans les circonstances les plus défavorables.

L’autre centre de fabrication de faïences, plus célèbre peut-être que celui de Lunéville par les grandes pièces qu’il produit et la solidité de son émail est à Saint-Clément, près de Lunéville.

On y fabrique plusieurs sortes de faïences, toutes caractérisées par l’étain qui entre dans leur émail :
- La première est appelée faïence blanche ou de Lorraine.
- La seconde, terre de pipe émaillée, à cause de l’étain qui entre dans sa glaçure.
- La troisième, faïence de réverbère. Elle est ornée de bouquets ou d’ornements peints sur l’émail cuit et cuits eux-mêmes au feu de réverbère d’une mouffle.
- Enfin une quatrième également dite faïence de Lorraine, dont les ornements sont peints sur l’émail non cuit.

Ces faïences, sauf la blancheur, ont des formes et un aspect généralement lourds. Mais leur émail solide et dur leur donne sur les faïences fines, dites terre de pipe, une supériorité qui permet de les vendre à un prix beaucoup supérieur à celui de ces dernières faïences.

 

 

 


Archives pour la catégorie Industries et arts en Lorraine

Le centre international d’art verrier de Meisenthal (57)

Blason MeisenthalBoules en verre de Meisenthal

 

Les somptueuses boules de Noël

Symbole de la décoration du traditionnel sapin de Noël, les boules en verre seraient originaires de Meisenthal.

La légende dit en effet qu’en 1858, la nature fut avare. La grande sécheresse priva la région de fruits, et à cette époque, on décorait l’arbre de Noël avec des pommes de pin, des noix, des pommes, des noisettes. Le sapin de Noël n’eut donc parure qui vaille. Un souffleur de verre inspiré tenta de compenser cette injustice en soufflant quelques boules en verre. Il déclencha à lui seul une tradition qui traversa les cultures… et les siècles…

Le centre international d’art verrier perpétue cette magnifique tradition. Alors pas d’hésitation !!!

Centre international d’art verrier
Place Robert Schumann
57960 MEISENTHAL

Le savoir-faire lorrain rayonne par-delà les frontières !!!

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Vous pourrez découvrir l’histoire de la fabrication des boules de Noël argentées sur le site du centre d’art verrier. Je vous propose quant à moi de découvrir l’historique et les techniques des verreries de Goetzenbruck et de Meisenthal à l’époque de la fabrication de verres de montres exportés à travers le monde.

D’après un article paru dans le « Journal des Mines » – An XI

La verrerie de Goetzenbruck, située à un demi-myriamètre de la verrerie de Saint-Louis, a été établie en 1721. Elle n’était d’abord composée que de quatre maîtres verriers. Cette colonie industrieuse s’est étendue au point de former un village considérable où les travaux de l’usine répandent, par année, plus de quarante mille francs. La principale fabrication de la verrerie de Goetzenbruck, consiste en verres de montre ; il s’en exporte au moins deux cent mille douzaines par année, qui se répandent dans les quatre parties du monde.

La verrerie de Meysenthal a été établie en 1702. Cette usine a été partagée, ainsi que la précédente, entre un grand nombre de propriétaires par l’effet des successions, et les habitations se sont multipliées autour d’elle. On fabrique à Meysenthal de la gobleterie commune, des verres de montre et de pendule. Cette dernière fabrication s’y exécute par un procédé différent de celui des autres verreries du département.

A Munzthal et à Goetzenbruck, pour faire des verres de montre, on souffle d’abord des bouteilles sphériques. Ensuite, on divise chaque sphère en cinq segmens ou calottes , par le moyen d’un fer chaud, que l’on fait circuler autour d’un pareil verre , déjà fait et appliqué sur la sphère pour servir de modèle et de guide à l’instrument.

A Meysenthal, l’ouvrier fait des bouteilles en forme de champignon, et pour cela il souffle une bouteille ordinaire, qu’il oblige à s’affaisser un peu, par un coup de main donné adroitement au tube qui la soutient, pendant que le verre est encore rouge. Les bouteilles ayant cette forme, on les laisse refroidir graduellement, et on les présente, par la partie bombée, à l’ouverture circulaire d’un fer chaud. Dès que le cercle de la partie bombée a éprouvé le contact du fer chaud, l’ouvrier présente la bouteille à une plaque de fer froid, et à l’instant il se détache un verre de montre du même diamètre que l’ouverture du fer chaud : cette méthode est très expéditive. Un enfant peut travailler ainsi des deux mains, et dans une heure détacher plus de mille verres, soit de montre, soit de pendule, et de dimensions quelconques. Mais elle a l’inconvénient de dépenser beaucoup de verres qu’il faut refondre pour l’employer de nouveau. De là, une perte de temps et de combustible.

Les cartes à jouer à Metz

Cartes

Il était une fois …

Extraits d’un article paru dans l’Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie Lorraine en 1926.

L’origine des cartes à jouer a toujours préoccupé les savants, parce qu’elle se rattache, non seulement à l’histoire des mœurs, mais encore à l’invention du papier, de la gravure et de l’imprimerie. Les uns attribuent leur invention aux Chinois, aux Lydiens, ou aux Egyptiens. Les autres prétendent qu’elles ont pris naissance, soit en Allemagne, soit en Italie, soit en Espagne. Nous nous occuperons plus particulièrement de leur introduction et de leur propagation en France.

Dans un compte de l’argentier Poupart, conservé autrefois dans les archives de la chambre des comptes de Paris, on lisait sous l’année 1392 : « Donné à Jacquemin Gringonner, peintre, pour trois jeux de cartes à or et à diverses figures, ornés de plusieurs devises, pour porter devant le seigneur roi, pour son esbattement, 50 sols parisis ».

Il n’y a pas d’amphibologie possible, on peint des jeux de cartes en France en l’an 1392. Puis ces jeux, qui ne semblaient d’abord destinés qu’à l’ébattement de Charles VI en démence, sont bientôt si répandus parmi la bourgeoisie, et même le peuple de Paris, que le prévôt de la capitale, dans une ordonnance du 22 janvier 1397, fait défense aux gens de métier de jouer à la paume, à la boule, aux dés, aux cartes et aux quilles, excepté les jours de fête.

C’est au règne de Charles VII (1422 – 1461), que se rapporte l’invention des cartes modernes, dites cartes françaises. On dit que le brave Lahire, ou un servant d’armes qui s’est personnifié dans l’image du valet de trèfle, réforma le jeu dit de Charles VI, de manière à lui donner l’apparence d’un jeu militaire.

Il y eut quatre couleurs : – Le trèfle, figurant la garde d’une épée – Le carreau, le fer carré d’une grosse flèche – Le pique, la lance d’une pertuisane – Le cœur, la pointe d’un trait d’arbalète.
Les as, nom d’une monnaie romaine, signifiaient l’argent pour la paye des troupes.
Les quatre Rois : David, Alexandre, César et Charles, représentaient les quatre grandes monarchies.
Les quatre Dames représentaient les quatre manières de régner par la piété, la liberté, la sagesse et le droit de naissance, figurées par Judith, Pallas, Rachel et Argine.
Les quatre Valets ou 
varlets représentaient la noblesse de France : Hector, père de Francus – Ogier, le Danois, l’un des pairs de Charlemagne – Lancelot, l’un des héros des romans de la Table Ronde, et Lahire, le plus brave capitaine de Charles VII.
Une compagnie de soldats, numérotés de deux à dix, fut rangée sous chaque couleur. On a donné d’autres significations à ces cartes, au nombre de 52. C’est alors aussi, que fut inventé le jeu de piquet, peut-être imité de l’allemand, le lansquenet.

Les cartes étaient d’abord enluminées, et coûtaient fort cher, mais la gravure sur bois, découverte entre 1420 et 1430, permit de reproduire à l’infini une empreinte grossière. Aussi a-t-on pu dire que les cartes à jouer conduisirent à l’invention de l’imprimerie.

Les tailleurs de forme imprimaient ces cartes en noir sur du papier, puis les peintres de cartes se chargeaient de les enluminer. Plus tard, on les coloriait au moyen de patrons découpés pour chaque couleur, procédé en usage chez les imagiers.

A partir du XVe siècle, les cartes à jouer furent répandues par toute l’Europe. A Metz, on jouait aux cartes en 1441, la Chronique de Praillon en parle comme d’une chose accoutumée dans le peuple : « Le vingt troisième jour dudit mois (septembre 1441), ung soldoieur de Mets, nommé le Gouverneur, en juant aux cartes, tua un aultre soldoieur nommé Forquignon, qui estoit son compaignon d’armes… ».

Depuis le milieu du XVe siècle en France, les cartes sont toujours comprises avec les dés, parmi les jeux défendus que condamnent les statuts synodaux des évêques et les ordonnances royales ou municipales.
Les magistrats de la République messine proscrivent, à leur tour, les jeux de hasard. Cette proscription s’explique par la nature des lieux où se rassemblaient les joueurs et gens dissolus. C’était dans les tavernes que se réfugiaient les jeux de hasard, chassés des maisons calmes et pieuses de la bourgeoisie.

Les jeux de cartes n’en restaient pas moins en usage chez les rois, les princes et les seigneurs, que n’atteignaient point les sentences de l’Eglise et des autorités civiles.

Le duc d’Orléans, frère de Charles VI, perdait beaucoup d’argent au glic, sorte de jeu de cartes. Un de ses descendants, le bon roi Louis XII, jouait au flux, autre jeu de cartes, sous les yeux mêmes de ses soldats. La petite cour galante et spirituelle de Marguerite de Navarre, sœur de François 1er, avait mis à la mode la Condemnade, jeu de cartes à trois personnages.

Rabelais, voulant peindre l’éducation qu’on donnait aux enfants de rois, du temps de François 1er, nous montre, en 1532, son héros Pantagruel, faisant déployer « force chartes, force dez et renfort de tabliers » pour jouer à deux cents jeux différents, parmi lesquels on remarque quinze ou vingt espèces de jeux de cartes inconnus la plupart aujourd’hui : la vole, la prime, la pille, la triomphe, la picarde, le maucontent, le cocu, la carte virade, la séquence, etc…

En dépit de ces proscriptions persévérantes, les jeux de cartes se multiplieront de plus en plus, et franchiront même les portes de certaines maisons religieuses. Le 16 juin 1676, Antoine Paget, abbé du Pontiffroy, de Metz, écrit aux religieux de son monastère : « On se plaint de vos jeux de cartes, ce qui est cause de querelles et de supercheries… Je défends à nos confrères de jouer aux cartes dans la maison avec des étrangers ou entre eux-mêmes… ».

La défense des jeux de hasard se continua pendant les XVIIe et XVIIIe siècles. Une ordonnance de la chambre de police de Metz du 12 septembre 1691, interdit aux aubergistes, cabaretiers et limonadiers, de donner à jouer ou de permettre de jouer dans leur établissement, à peine de 500 livres d’amende, le tiers applicable au dénonciateur, pour la première fois, et une punition corporelle pour la seconde fois. L’interdiction des jeux de hasard fut réitérée à Metz le 10 septembre 1733, le 19 avril 1769, le 30 avril 1793, le 8 février 1801 et le 9 août 1825.

On comprend qu’en présence de toutes ces défenses sans cesse renouvelées dans toute la France, l’industrie des cartiers était peu protégée et qu’on se contentait de la tolérer sous le manteau des papetiers et libraires.

A Metz, les cartiers étaient affiliés à la corporation des imprimeurs, libraires et relieurs. Dans l’un des articles des statuts de 1656, il est dit que : « Les dominotiers, cartiers, imagiers seront tenus aux mêmes conditions que les libraires, sans qu’ils puissent jouir des privilèges concédés à ceux-ci. Ils devront donc, avant d’exposer en vente des dominotures, placarts, etc., les faire voir au syndic et adjoint ».

Plus tard, lorsque les cartiers messins furent assez nombreux, ils formèrent une corporation indépendante, reglementée sans doute d’après les statuts en vigueur parmi les autres corporations de cartiers français. Aucun règlement particulier n’a été trouvé pour les cartiers messins. Toutefois, en raison des anciens privilèges de la ville de Metz, les cartiers avaient été exemptés des droits perçus sur les jeux fabriqués dans les autres villes de France.

Cette exemption de droits favorisa l’industrie cartière à Metz : dans la première moitié du XVIIIe siècle, on comptait huit ateliers de maîtres-cartiers. En 1745, ils devaient être dans une situation assez prospère, puisque le roi les imposa de deux offices d’inspecteur contrôleur de leur corps, qu’ils rachetèrent contre une somme de 165 livres. En conséquence de l’arrêt du conseil d’état du 9 novembre 1751, la ville de Metz était la seule de la province des Trois-Evéchés, où il était permis de fabriquer des cartes à jouer. L’article 9 du même arrêté de 1751 dit que « les cartiers établis dans les villes et lieux où la fabrication des cartes est prohibée, pourront s’établir dans les villes où elle est permise ». Cettte autorisation amena à Metz de nouveaux cartiers, qui y trouvèrent asile et protection.

De 1752 jusqu’à la révolution, l’industrie des cartes à jouer à Metz fut dans une situation très florissante. Les maîtres-cartiers exportaient leurs produits dans la vallée du Rhin et même jusqu’à Strasbourg. Cette concurrence excita la jalousie de la corporation des cartiers de Paris, qui adressa une réclamation au roi, au sujet de l’exemption des droits dont étaient exonérés les cartiers messins. Le 19 septembre 1778, le roi décidait que les cartes fabiquées à Metz seraient imposées aux mêmes droits que ceux qui grevaient les cartes venant du restant de la France.

Les cartes fabriquées à Metz furent imposées à partir du 1er octobre 1781. Le droit perçu sur les cartes à jouer fut aboli à partir du 1er avril 1791, en vertu du décret du 2 mars 1791, puis rétabli par arrêté du 3 Pluviôse An VI. Depuis cette époque, divers décrets, lois et ordonnances ont déterminé les conditions auxquelles sont soumis les fabricants de cartes munis d’une licence et patentés, le timbre à apposer, la forme des bandes et enveloppes, etc… C’est l’administration qui fournit le papier dont elles sont faites. Nul ne peut fabriquer, vendre des cartes sans avoir été agréé et commissionné par la régie des contributions indirectes. L’introduction et l’usage des cartes fabriquées à l’étranger sont prohibés.

Sous la révolution, les figures et désignations qui rappelaient les traditions de l’ancienne monarchie furent remplacées par des noms et des emblêmes en harmonie avec les idées de l’époque.

Le 1er Brumaire An II, la convention nationale, sur la proposition d’un membre tendant à faire disparaître des jeux de cartes, les signes de la royauté et de la féodalité, passait à l’ordre du jour, laissant le soin aux municipalités le soin d’exécuter le décret à cet égard. A Metz, ce changement fut opéré sans bruit, du moins les registres des délibérations n’en font aucune mention.

Comme dans toute la France, les nouveaux jeux fabriqués à Metz étaient républicains.
Les rois furent remplacés par des génies : génie de la guerre, de la paix, des arts, du commerce.
La liberté remplaça les Dames : Liberté des cultes, du mariage, de la presse, des professions.
L’égalité fut substituée aux Valets : Egalité de devoirs, de droits, de rangs, de couleurs.

Napoléon 1er fit supprimer ces figures et demanda à Louis David de dessiner des cartes nouvelles. Mais celles-ci n’eurent aucun succès, et vers les dernières années du Premier Empire, on revint aux dessins de l’ancien régime, dont le type n’a plus varié.

C’est en l’année 1648 que nous trouvons la première mention d’un fabricant de cartes à jouer à Metz : le mariage inscrit au registre de l’église réformée de cette ville de Jacob Collot, faiseur de cartes, avec Marie Florent le 16 août 1648 à la Horgne au Sablon.

Il est fort probable qu’avant 1648 des maîtres cartiers s’étaient établis dans la ville, mais nous ne pouvons apporter les précisions qu’il faudrait. Dans quelques actes, les noms suivants ont été relevés : Lambert d’Arivault, quartier (1561) – Henry Remy, le quartier (1563) – Jean François, quartier (1584) – Claude Brinque, cartier (1640). Mais cela ne nous apprend s’ils étaient réellement des fabricants de cartes, parce que l’on désignait également les quartiers-mesureurs de grains sous la même dénomination. Encore après le XVIIe siècle, des fabricants de cartes et des mesureurs de grains étaient appelés cartiers.

Les malheureux évènements de 1870 placèrent les derniers fabricants de cartes dans une pénible situation. L’industrie cartière à Metz a subi, après l’annexion, le même sort que d’autres industries qui faisaient vivre de nombreux ouvriers.  On ne se douterait guère aujourd’hui que cette ville a produit pendant plus de deux siècles, une multitude de petits cartons colorés, devenus tellement rares, que seuls les collectionneurs en possèdent quelques exemplaires.

Pour tout savoir sur les cartes à jouer, rendez-vous au musée de la carte à jouer .

La faïence de Niderviller (57)

Plat à tarte faïence NidervillerBlason de NidervillerAssiette à dessert faïence Niderviller

 

La faïencerie de Niderviller est une des plus anciennes de Lorraine, la seule à avoir produit de la porcelaine, et une des rares à poursuivre son activité.

La faïence de Niderviller est encore diffusée à travers le monde. Les collections traditionnelles ou contemporaines sont en vente sur la boutique en ligne Terres d’Est.

Faïencerie de Niderviller
2 rue de la Faïencerie
57565 NIDERVILLER

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Voici un petit historique de cette manufacture.

D’après la monographie imprimée « Histoire des manufactures françaises de porcelaine »
du comte Xavier-Roger-Marie de Chavagnac et du marquis Gaston-Antoine Grollier – Année 1906.

Le baron Jean-Louis de Beyerlé, conseiller du roi, directeur et trésorier particulier de la monnaie de Strasbourg, fonda dans sa seigneurie de Niderviller, en 1754, une manufacture de faïence. En 1765, il y installait la fabrication de la porcelaine, tirant son kaolin d’Allemagne comme l’avait fait Hannong à Strasbourg. Mais celui du Limousin était découvert peu après, et Beyerlé y acheta une carrière.

Tainturier (Recherches sur les anciennes manufactures de porcelaine et de faïence. Alsace et Lorraine, Strasbourg, 1868) nous dit : « Des mains de ce seigneur (de Beyerlé), l’usine passa en celles du comte de Custine qui la fit exploiter de 1780 à 1793 par Claude François Lanfrey, manufacturier des plus habiles ».

Lanfrey se préoccupa surtout, ajoute Tainturier, du perfectionnement et du développement de la production de la porcelaine. Il avait en 1789, cent cinquante ouvriers, et suivant le tableau de commerce, produisait alors « tout ce qu’on peut désirer en peinture et formes de tout genre, de la porcelaine, surtout des groupes et biscuits en très belle pâte ».

Est-ce bien en 1780 que Custine acheta la manufacture ? Nous n’en sommes pas absolument certains. Quoi qu’il en soit le général comte de Custine fit preuve de propriétaire en faisant marquer les pièces à son chiffre. Lorsqu’en 1793, il mourut sur l’échafaud (*), Lanfrey conserva la direction, et devint définitivement propriétaire, lors de l’adjudication qui eut lieu au profit de la nation et des créanciers du général, le 25 germinal an X.
(*) Adam Philibert, comte de Custine, général, né à Metz en 1740, se distingua dans les guerres de Sept ans et d’Amérique, fut nommé maréchal de camp en 1783, député de la noblesse aux États-généraux (1789), fut mis à la tête de l’armée du Rhin en 1792. Accusé de n’avoir pas accompli son devoir devant Mayence, il fut traduit devant la convention, condamné par le tribunal révolutionnaire et exécuté le 28 août 1793.

En 1810, nous trouvons le dépôt de Lanfrey à Paris, rue Grange-Batelière, n° 4. A la suite de l’exposition de 1819, nous lisons dans les Annales de l’industrie : « M. Lanfrey fabricant de porcelaine à Niderviller (Meurthe). Cette manufacture est la seule de ce genre dans ce département. Ses produits sont très estimés : on en exporte en Hollande et sur les bords du Rhin ».

En 1827, M. Dryander se rendit acquéreur de la fabrique et ses descendants sont encore, de nos jours, à la tête de cet établissement, mais seulement comme fabricants de faïence et de terre-de-pipe. 

La cristallerie de Saint-Louis (57)

Vase cristal Saint-Louis

 

Une petite promenade en Moselle, à la cristallerie de Saint-Louis.

En 1767, près de deux siècles après sa création, le roi Louis XV confère par lettres patentes à la verrerie de Müntzthal le titre de « Verrerie royale de Saint-Louis ». Quinze ans plus tard, François de Beaufort y met au point la formule du cristal. Rebaptisée Cristallerie royale de Saint-Louis, la manufacture se consacre dès 1829 à la seule production du cristal et introduit notamment la notion du service de verres pour la table avec le célèbre modèle Trianon.

Aujourd’hui, Saint-Louis signe chaque jour des pièces en cristal réalisées par des maîtres verriers et des maîtres tailleurs comptant parmi les Meilleurs Ouvriers de France.

Cristalleries de Saint-Louis
Rue Coëtlosquet
57620 ST LOUIS LES BITCHE

 

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Je vous propose un petit historique de la cristallerie et des différentes techniques employées pour la fabrication du cristal.

D’après la « Revue de l’exposition de 1867, publiée par la revue universelle »
par Antoine Charles De Cuyper.

L’emplacement qu’occupe la cristallerie de St-Louis, dans la vallée de Münsthal (Moselle), a été autrefois le siège de l’industrie du verre. Il y existait une verrerie fort ancienne, qui utilisait les produits des nombreuses forêts environnantes. Elle a été détruite pendant les guerres de Lorraine, qui signalèrent la fin du XVIIe siècle, et on en retrouve, encore aujourd’hui, des vestiges au milieu des forêts.

L’usine de St-Louis a été fondée, en 1767, sur l’ancien emplacement des verreries de Münsthal, sous le nom de verreries royales de St-Louis.

Elle se livra d’abord à la fabrication du verre à vitre ou verre en table, et de la gobeletterie commune. Le cristal ne se faisait, à cette époque, qu’en Angleterre ; et les verres à base de plomb, qui paraissent avoir été connus des anciens, et dont la fabrication aurait été interrompue pendant une longue série d’années, n’étaient connus que des Anglais. Ce sont eux qui ont créé de nouveau cette industrie, et M. Bontemps a expliqué comment, après avoir remplacé le bois par la houille comme combustible, ils ont été amenés successivement à employer des cornues ou creusets couverts, afin d’empêcher le contact de la houille avec les matières en fusion, et, ensuite, à substituer le minium à la chaux dans la composition du verre, afin d’en augmenter la fusibilité.

L’industrie du cristal, en France, ne remonte point à une époque bien reculée. Peu de temps après la fondation de la verrerie de St-Louis, M. de Beaufort, son directeur, se livra à des essais sur la fabrication du cristal à l’instar du cristal anglais.

En 1779, fut arrêtée la construction du premier four spécialement destiné à cette fabrication, et, en 1781, M. de Beaufort put livrer, au commerce de Paris, les objets en cristal pour lesquels la France était, jusque-là, tributaire de l’Angleterre. Ces résultats sont constatés par le rapport de MM. Maquer et Fougeroux de Bondaroy, à l’Académie des sciences, en date du 23 janvier 1782.

Le cristal était fondu au bois et dans des pots découverts. Ce n’est qu’en 1784 que fut établi, à St-Cloud, par M. Lambert, un four à cristal anglais alimenté avec de la houille ; et en 1787 fut fondée la manufacture de cristaux du Creusot.

La Compagnie des cristalleries de St-Louis est aujourd’hui un des grands établissements industriels de France, tant par le chiffre de sa production que par le nombre de ses ouvriers. C’est une des plus importantes cristalleries du monde. Elle se livre exclusivement à la fabrication du cristal de luxe.

Depuis quelques années, elle a augmenté sa production d’une façon très-notable, et aujourd’hui, elle livre annuellement, tant pour la consommation intérieure que pour l’exportation, des produits pour la somme de 3 400 000 francs, en cristaux blancs, unis, moulés, colorés, taillés, décorés, gravés, etc.

A la fabrique, elle possède quatre fours mettant tous les jours à la disposition de ses verriers, pour le travail, un poids de cristal de 16 000 kilos. Elle emploie dans ses ateliers, à la fabrique, de 1 550 à 1 600 ouvriers. Elle possède, en outre, à Paris, des ateliers de décor, de peinture et de monture en bronze doré, qui emploient continuellement de 100 à 150 ouvriers.

La Compagnie de St-Louis a été assez heureuse pour apporter, dans ces dernières années, un perfectionnement très important dans la fabrication du cristal. Elle a totalement affranchi cette industrie de l’emploi du bois comme combustible.

En Angleterre et dans les environs de Paris, on emploie la houille pour la fusion des matières. Mais le cristal, qui est un silicate double de potasse et de plomb, est extrêmement impressionnable par la fumée de la houille, et pour lui conserver sa belle teinte, il faut isoler complètement les matières en fusion , et les fondre dans des cornues ou creusets couverts. De plus, le réchauffage des pièces au travail ne peut se faire directement dans le four. Il se fait, soit au moyen d’ouvreaux, à très large ouverture, placés à cet effet dans le four, et y tenant la place d’un pot, soit au moyen de petits fours spéciaux et chauffés séparément. Dans l’un et l’autre cas, il faut employer du bois pour le réchauffage des pièces, car la fumée de la houille, même au travail, agirait sur le cristal, et lui donnerait une mauvaise teinte.

Autrefois, St-Louis employait exclusivement le bois comme combustible dans les fours. C’est ce qui existe encore aujourd’hui à la cristallerie de Baccarat. Dans ce cas, les matières sont fondues dans des creusets découverts, et le travail se fait dans le four même au-dessus du pot contenant le verre en fusion.

Il y a trois ans, M. Didierjean, administrateur de la Compagnie des cristalleries de St-Louis, a eu l’honneur de faire résoudre à sa Compagnie, le problème délicat de la fabrication du cristal avec de la houille et à pots découverts. Les matières, c’est-à-dire le mélange de sable, de carbonate de potasse et de minium, sont fondues dans des pots découverts, et la fonte et le travail du cristal s’opèrent exactement comme dans les anciens fours au bois, et cela, sans avoir à craindre aucune altération dans la blancheur des produits.

C’est donc à la Compagnie de St-Louis que revient l’honneur d’avoir totalement affranchi du bois l’industrie du cristal, et elle est encore aujourd’hui la seule cristallerie qui ait pu obtenir ce résultat.

Pour y arriver, M. Didierjean s’est servi de l’excellent système à gaz de MM. Siemens. Seulement, il a apporté dans la construction des appareils, sans rien changer au principe du système, des dispositions spéciales qui ont pour but d’obtenir une grande régularité dans la production du gaz, et d’empêcher le contact immédiat des gaz réducteurs avec les matières qui se trouvent placées dans des pots découverts.

La houille, dans les appareils Siemens, est d’abord transformée en gaz, et, si on examine théoriquement la composition de ce gaz, on reconnaît qu’elle ne diffère de celle du gaz qui proviendrait du bois, que parce qu’elle contient une proportion un peu moins forte de vapeur d’eau, qui n’intervient point dans la combustion, et qui y joue, par conséquent, le rôle d’un gaz neutre. Mais, par contre, elle contient une proportion un peu plus forte d’azote, ce qui donne à peu près, dans les deux cas, une proportion de gaz neutres, sensiblement égale. C’est, du reste, ce que confirme l’analyse.

On peut donc conclure de là, au point de vue pratique, que si la houille ou le gaz à la houille agissent sur les matières, et principalement sur l’oxyde de plomb du cristal, cela tient à ce que, avec les foyers à la houille, les gaz réducteurs arrivent, parfois, en trop grande abondance dans le four. La fumée agit alors sur le verre, et réduit une partie du silicate de plomb.

Dans un four au bois, on emploie un combustible infiniment moins dense que la houille, et il ne donne point de dégagements de gaz aussi brusques et aussi abondants. La régularité est beaucoup plus facile à obtenir.

Il est certain qu’un four au bois fumeux donne au cristal une mauvaise teinte. Ainsi donc, toute la question se réduit à obtenir une production de gaz aussi régulière que possible, et à empêcher, dans le four, le contact des gaz réducteurs avec les matières placées dans les creusets.

Depuis plus de deux ans, la totalité de la fabrication de la Compagnie de St-Louis est au gaz à la houille et à pots découverts. Toutes les pièces figurant à son exposition, tant en cristal blanc qu’en verres de couleurs de toutes nuances, ont été fabriquées par ce procédé. Il est facile de s’assurer que la limpidité du cristal n’a subi aucune atteinte, et que la couleur en est très-belle, même dans les grandes pièces, lustres et candélabres, qui ont une épaisseur de cristal énorme, ce qui nuit toujours un peu à la blancheur.

Le cristal de St-Louis a pour densité 3,37. Sa grande pesanteur spécifique est due à la forte proportion de plomb qu’il contient. Sa richesse en plomb est beaucoup plus grande que celle du cristal anglais et que celle du cristal des environs de Paris. Aussi, il réfracte la lumière d’une manière beaucoup plus grande, et il a bien plus de feu. Le cristal anglais, et celui des environs de Paris, qui s’en rapproche beaucoup, est moins riche en plomb et plus riche en potasse ; aussi, sa couleur tire beaucoup plus sur le blanc très légèrement jaunâtre, et il ne réfracte point la lumière avec la même force.

Dans l’exposition de la Compagnie de St-Louis figuraient quelques pièces faites avec un cristal dans lequel le carbonate de potasse employé était tout à fait exempt de soude. Ce carbonate de potasse a été obtenu en décomposant le nitrate de potasse par le charbon ; et ces pièces ont un éclat qui est réellement un peu plus vif que le cristal fait avec le carbonate de potasse purifié du commerce. La soude donne au cristal et au verre moins d’éclat, moins de feu que la potasse. Le cristal, qui en contient une forte proportion, est toujours un peu terne. Il est donc important de n’employer, dans une fabrication de luxe, que du carbonate de potasse aussi exempt de soude que possible.

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