Notre Lorraine
Sans cesse ballottée sur l’océan du temps,
Comme un cargo immense accablé de richesses,
Avec fer, acier, sel, charbon en chargement,
Tu n’as pas cru qu’un jour, tu serais en détresse.
Trois guerres meurtrières auraient pu te couler ;
Obstination, travail, sang versé et courage,
Dans la coque inondée aux parois écroulées,
Ont permis chaque fois un nouveau sauvetage.
Sous un ciel en colère et furieux récemment,
Tu as perdu d’un coup sidérurgie et mines.
Mais tu as aussitôt réagi vaillamment,
Et vers le renouveau céans tu t’achemines.
Tu vogues aujourd’hui au milieu des récifs :
Il te faut contourner cet écueil du chômage,
Ces perfides rochers d’un contentieux passif ;
Tes structures sont fermes, sûr est ton équipage.
A tous les coups du sort tu as su résister ;
L’agonie du moment sait décupler ta force.
Pour qui veut te briser, il est vain d’insister :
Aucun mal n’est fatal, tout malheur te renforce.
Tu vas bientôt quitter, grâce à tes gens de bord,
Et au ciel qui s’apaise, les zones dangereuses,
Pour retrouver j’espère, la mer calme d’abord,
Puis réussir demain croisières fructueuses.
© F. Ghinolfi