Les faïences de Lunéville et Saint-Clément (54)
La tradition des manufactures de Lunéville et Saint-Clément, créées au XVIIIe siècle, se perpétue encore aujourd’hui au sein du groupe « Terres d’Est ».
Terres d’Est
1, rue de la faïencerie
57 565 NIDERVILLER
Le savoir-faire lorrain rayonne par-delà les frontières !!!
Je vous propose un petit historique de ces deux faïenceries.
D’après « Histoire de la céramique » d’Albert Jacquemart – 1873
D’après les « Recherches sur la céramique » de M. Greslou, c’est au faubourg de Willer que cette fabrique aurait été fondée par Jacques Chambrette, vers les dernières années du duc de Lorraine Léopold, mort en 1729. Des lettres patentes, délivrées les 10 avril et 14 juin 1751, par le duc Francois-Etienne, successeur de son père, auraient accordé de nouveaux privilèges à l’usine, qui prit le titre de manufacture du roi de Pologne, lorsque Stanislas Leczinski vint, en 1737, demander l’hospitalité en France. Des mains de Jacques Chambrette, l’établissement aurait passé dans celles de Gabriel Chambrette, son fils, et de Charles Loyal, son gendre, et les lettres patentes du 17 août 1758, qui auraient consacré ce nouvel état de choses, accordaient en outre à l’usine de Lunéville le titre de manufacture royale.
Nous n’avons pas vu ces lettres patentes, et, nous ne savons si elles ont été signées par le roi de France ou par le duc de Lorraine, mais elles sont en contradiction avec plusieurs autres documents authentiques. Ainsi, en 1788, Charles Loyal était à Lunéville et M. Chambrette et à Moyen. Enfin Charles Bayard, directeur, en 1771, de la faïencerie de Lunéville, était autorisé sous ce titre à ouvrir un nouvel établissement à Bellevue. Nous craignons donc qu’il n’y ait ici quelque confusion. Cela n’aurait rien de surprenant, lorsqu’on songe aux pérégrinations incessantes des céramistes au XVIIIe siècle et à la complète identité des œuvres diverses de la Lorraine.
En 1778, l’établissement fut acheté par MM. Keller et Guérin, qui ont fait des faïences à décor bleu dans le genre de Nevers, et d’autres imitant le vieux Strasbourg. Leur marque, selon M. Chaffers, était K & G. Quelques figures de lions et de chiens, de grandeur naturelle, sont sorties de l’usine pendant le XVIIIe siècle. Elles portent habituellement sur leur socle le nom de la ville imprimé en noir. Elles servaient à orner les portes des maisons et siégeaient face à face sur les pieds-droits. De là, le proverbe se regarder en chiens de faïence.
Paul-Louis Cyfflé, sculpteur ordinaire du roi de Pologne, a travaillé à Lunéville. Est-ce dans la fabrique dont nous venons de parler ? Nous en doutons. Il a eu son atelier autorisé par lettres patentes du 1er juin 1768, et où devait se faire une vaisselle particulière et supérieure, dite terre de Lorraine.
Nous ne pensons pas que Lunéville ait marqué ses meilleurs produits d’après Gournay. La finesse des peintures et la beauté de l’or de ducat les feraient distinguer.
D’après la monographie « Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie » – Alexandre Brongniart – Année 1844
On fait à Lunéville et à Saint-Clément deux sortes de faïences.
L’une est la faïence ordinaire, dont les éléments argileux sont pris dans les environs de Lunéville. L’autre a pour pâte celle de la faïence fine, c’est-à-dire une masse composée principalement d’argile plastique qui vient des carrières d’argile de la rive droite du Rhin, dans les environs de Cologne et de Coblentz. Mais ces deux poteries ont pour caractères communs d’être recouvertes d’un émail stannifère qui est d’une très-belle et bonne qualité en dureté, blancheur, éclat et solidité, car il ne tressaille ou ne gerce que très rarement, même dans les circonstances les plus défavorables.
L’autre centre de fabrication de faïences, plus célèbre peut-être que celui de Lunéville par les grandes pièces qu’il produit et la solidité de son émail est à Saint-Clément, près de Lunéville.
On y fabrique plusieurs sortes de faïences, toutes caractérisées par l’étain qui entre dans leur émail :
- La première est appelée faïence blanche ou de Lorraine.
- La seconde, terre de pipe émaillée, à cause de l’étain qui entre dans sa glaçure.
- La troisième, faïence de réverbère. Elle est ornée de bouquets ou d’ornements peints sur l’émail cuit et cuits eux-mêmes au feu de réverbère d’une mouffle.
- Enfin une quatrième également dite faïence de Lorraine, dont les ornements sont peints sur l’émail non cuit.
Ces faïences, sauf la blancheur, ont des formes et un aspect généralement lourds. Mais leur émail solide et dur leur donne sur les faïences fines, dites terre de pipe, une supériorité qui permet de les vendre à un prix beaucoup supérieur à celui de ces dernières faïences.