La cave ou le puits sépulcral de Cumières

Blason Cumières

 

Si le village de Cumières est malheureusement connu depuis la fin de la première guerre mondiale comme faisant partie des neuf villages rayés de la carte, morts pour la France, je voudrais vous parler de la découverte faite à la fin du XIXe siècle au nord du village.

Peut-être y avait-il d’autres habitations d’hommes préhistoriques à découvrir dans la région ? Nous ne le saurons jamais, l’histoire en a décidé autrement.

D’après la « Revue des sociétés savantes » – Année 1874

M. Félix Liénard secrétaire perpétuel de la Société philomatique de Verdun, rend compte d’une découverte faite, en 1873, à 600 mètres au nord du village de Cumières (Meuse), d’une cave ou habitation de l’homme préhistorique, et d’un puits sépulcral renfermant dix-neuf squelettes. Cette découverte doit être classée au nombre de celles qui sont dignes de fixer l’attention des anthropologistes et des archéologues, car la rencontre d’une habitation à ciel ouvert, et d’une sépulture spéciale, creusée de main d’homme, est un fait peu commun. Celui-ci est d’autant plus curieux que les crânes recueillis dans cette sépulture fournissent des termes de comparaison bien complets, permettant d’apprécier le type de l’homme habitant ces parages à l’époque de la pierre.

La cave ou habitation décrite par M. Liénard était tout simplement une excavation circulaire, en forme d’entonnoir, creusé dans un massif de gravière quaternaire, mesurant 13 mètres de diamètre à l’ouverture et 3 mètres de profondeur. Cette vaste demeure était recouverte de trois assises de diluvium ou dépôts anciens, de près d’un mètre d’épaisseur chacun, dont l’inférieur était mélangé de cailloux roulés des Vosges. C’est sous ce diluvium que M. Liénard rencontra une couche de charbon de bois provenant du foyer, et qu’il recueillit un os de ruminant de la famille des cervidés, probablement d’un jeune renne, un poignard en os taillé dans un radius de cheval, divers fragments de poteries, un outil ou instrument en pierre châline du pays, et onze silex taillés ou éclats de silex, comprenant des portions de couteaux, des pointes de flèches, etc…

A 12 mètres de cette habitation, se trouvait le puits sépulcral duquel avaient été extraite, avant l’arrivée de M. Liénard, dix crânes humains, un grand nombre d’ossements, et plus de quarante haches ou instruments en silex taillés, tous objets qui furent détruits ou conduits au tombereau dans les remblais d’un chemin de fer en construction. Ce puits était circulaire, de forme ovale, mesurant 2,50m dans son grand axe, 1,60m dans son petit axe, et 1,60m de profondeur.

Quoiqu’une partie du puits, ainsi que de son contenu eût été dispersée par la pioche des mineurs, M. Liénard put encore y constater la présence de neuf crânes, dont sept purent être recueillis, ainsi que quelques ossements humains, cinq instruments en silex taillés, deux haches en silex poli, dont l’une est emmanchée dans une gaine en os. Il y trouva en outre une dent de cheval.

Les crânes exposés par M. Liénard sont de formes variées : deux sont sous-dolichocéphales, un seul est mésaticéphale, trois sont sous-brachycéphales ; le septième n’a pu être mesuré. Sauf un chez lequel il y a une légère tendance au prognathisme, tous les autres sont parfaitement orthognathes ou à mâchoires droites. Deux ont le frontal bas et fuyant, mais cinq ont cette partie du crâne droite, assez élevée et développée. Un seul de ces crânes a une dépression et fort profonde sur chacun des os pariétaux. Mais ces dépressions semblent être accidentelles ou dues à l’état de sénilité, et n’indiquent nullement un type différent.

Quatre de ces crânes, sur lesquels l’angle facial a pu être pris d’une manière exacte, ont fourni les mesures 77, 80, 82, 83. Les dents sont en général d’une belle conservation, mais toutes, sauf celles d’un très jeune homme, portent au sommet une usure uniforme, très profonde, telle que les incisives et les canines sont devenues aptes aux mêmes usages que les molaires.

Les quelques fémurs et humérus trouvés en contact avec les crânes présumés de femmes sont petits, grêles et dénotent une taille inférieure. D’autres, plus forts et plus grands, ont certainement appartenu à des hommes de taille ordinaire ou moyenne. Il a été recueilli une moitié d’humérus provenant d’un squelette d’enfant, ce qui démontre que tous les âges étaient représentés dans ce lieu de sépulture.

En résumé, tous les crânes recueillis à Cumières sont remarquables par la beauté de l’ovale, quelques-uns par la proéminence du vertex et le grand volume de la partie céphalique postérieure.

L’énumération des objets fournis par cette fouille suffit pour indiquer l’époque à laquelle vivait l’homme de Cumières. Déjà la hache polie était en usage, mais le petit nombre des haches qui ont été recueillies prouve que cet instrument était un objet de luxe, encore fort rare et sans doute réservé aux chefs. En effet, les deux haches polies trouvées par M. Liénard faisaient exception dans cette importante trouvaille, qui a montré un grand nombre de silex taillés ou d’éclats de silex employés concurremment ou conjointement avec l’os, sous forme d’arme ou d’outil.


Archive pour 28 août, 2011

La cave ou le puits sépulcral de Cumières

Blason Cumières

 

Si le village de Cumières est malheureusement connu depuis la fin de la première guerre mondiale comme faisant partie des neuf villages rayés de la carte, morts pour la France, je voudrais vous parler de la découverte faite à la fin du XIXe siècle au nord du village.

Peut-être y avait-il d’autres habitations d’hommes préhistoriques à découvrir dans la région ? Nous ne le saurons jamais, l’histoire en a décidé autrement.

D’après la « Revue des sociétés savantes » – Année 1874

M. Félix Liénard secrétaire perpétuel de la Société philomatique de Verdun, rend compte d’une découverte faite, en 1873, à 600 mètres au nord du village de Cumières (Meuse), d’une cave ou habitation de l’homme préhistorique, et d’un puits sépulcral renfermant dix-neuf squelettes. Cette découverte doit être classée au nombre de celles qui sont dignes de fixer l’attention des anthropologistes et des archéologues, car la rencontre d’une habitation à ciel ouvert, et d’une sépulture spéciale, creusée de main d’homme, est un fait peu commun. Celui-ci est d’autant plus curieux que les crânes recueillis dans cette sépulture fournissent des termes de comparaison bien complets, permettant d’apprécier le type de l’homme habitant ces parages à l’époque de la pierre.

La cave ou habitation décrite par M. Liénard était tout simplement une excavation circulaire, en forme d’entonnoir, creusé dans un massif de gravière quaternaire, mesurant 13 mètres de diamètre à l’ouverture et 3 mètres de profondeur. Cette vaste demeure était recouverte de trois assises de diluvium ou dépôts anciens, de près d’un mètre d’épaisseur chacun, dont l’inférieur était mélangé de cailloux roulés des Vosges. C’est sous ce diluvium que M. Liénard rencontra une couche de charbon de bois provenant du foyer, et qu’il recueillit un os de ruminant de la famille des cervidés, probablement d’un jeune renne, un poignard en os taillé dans un radius de cheval, divers fragments de poteries, un outil ou instrument en pierre châline du pays, et onze silex taillés ou éclats de silex, comprenant des portions de couteaux, des pointes de flèches, etc…

A 12 mètres de cette habitation, se trouvait le puits sépulcral duquel avaient été extraite, avant l’arrivée de M. Liénard, dix crânes humains, un grand nombre d’ossements, et plus de quarante haches ou instruments en silex taillés, tous objets qui furent détruits ou conduits au tombereau dans les remblais d’un chemin de fer en construction. Ce puits était circulaire, de forme ovale, mesurant 2,50m dans son grand axe, 1,60m dans son petit axe, et 1,60m de profondeur.

Quoiqu’une partie du puits, ainsi que de son contenu eût été dispersée par la pioche des mineurs, M. Liénard put encore y constater la présence de neuf crânes, dont sept purent être recueillis, ainsi que quelques ossements humains, cinq instruments en silex taillés, deux haches en silex poli, dont l’une est emmanchée dans une gaine en os. Il y trouva en outre une dent de cheval.

Les crânes exposés par M. Liénard sont de formes variées : deux sont sous-dolichocéphales, un seul est mésaticéphale, trois sont sous-brachycéphales ; le septième n’a pu être mesuré. Sauf un chez lequel il y a une légère tendance au prognathisme, tous les autres sont parfaitement orthognathes ou à mâchoires droites. Deux ont le frontal bas et fuyant, mais cinq ont cette partie du crâne droite, assez élevée et développée. Un seul de ces crânes a une dépression et fort profonde sur chacun des os pariétaux. Mais ces dépressions semblent être accidentelles ou dues à l’état de sénilité, et n’indiquent nullement un type différent.

Quatre de ces crânes, sur lesquels l’angle facial a pu être pris d’une manière exacte, ont fourni les mesures 77, 80, 82, 83. Les dents sont en général d’une belle conservation, mais toutes, sauf celles d’un très jeune homme, portent au sommet une usure uniforme, très profonde, telle que les incisives et les canines sont devenues aptes aux mêmes usages que les molaires.

Les quelques fémurs et humérus trouvés en contact avec les crânes présumés de femmes sont petits, grêles et dénotent une taille inférieure. D’autres, plus forts et plus grands, ont certainement appartenu à des hommes de taille ordinaire ou moyenne. Il a été recueilli une moitié d’humérus provenant d’un squelette d’enfant, ce qui démontre que tous les âges étaient représentés dans ce lieu de sépulture.

En résumé, tous les crânes recueillis à Cumières sont remarquables par la beauté de l’ovale, quelques-uns par la proéminence du vertex et le grand volume de la partie céphalique postérieure.

L’énumération des objets fournis par cette fouille suffit pour indiquer l’époque à laquelle vivait l’homme de Cumières. Déjà la hache polie était en usage, mais le petit nombre des haches qui ont été recueillies prouve que cet instrument était un objet de luxe, encore fort rare et sans doute réservé aux chefs. En effet, les deux haches polies trouvées par M. Liénard faisaient exception dans cette importante trouvaille, qui a montré un grand nombre de silex taillés ou d’éclats de silex employés concurremment ou conjointement avec l’os, sous forme d’arme ou d’outil.

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