Les vases celtiques de Basse-Yutz, dits de Bouzonville
Les vases ont été découverts en 1927 à Yutz (Moselle) par deux ouvriers lors des travaux d’aménagement de ligne de chemin de fer.
Malheureusement, si vous désirez les admirer, il vous faudra faire un petit voyage à Londres. Ces vases sont en effet, la propriété du British Museum.
Proposés sans succès au musée de Metz, puis au musée du Louvre de Paris, ils ont été achetés par le célèbre musée de Londres en 1928.
S’il est vrai que la première guerre mondiale était terminée depuis à peine plus de 12 ans, et que sans doute, la reconstruction de la région importait plus que quatre vases en bronze, peut-être aurions nous quand même pu les conserver en France… Ces vases ont une grande valeur historique… et pécuniaire (près un million d’euros !).
Quoi qu’il en soit, ils sont à Londres. Peut-être qu’un prêt au musée Pompidou de Metz, permettrait aux Lorrains de les admirer… Qui sait ?
En attendant un voyage à Londres de votre part, ou des vases en Lorraine, je vous propose une description de ces bijoux celtiques.
D’après un article paru dans le « Bulletin de la société préhistorique de France » paru en 1930,
qui reprend un extrait des « Publications de la Société des Antiquaires de Londres » de 1929.
L’auteur (Reginald Smith – Celtic bronzes from Lorraine) étudie les curieux vases de bronze récemment acquis par le British Muséum, et provenant de Bouzonville (Moselle) où ils auraient été trouvés, dit-il, dans les fouilles d’une cave.
En réalité, un procès récent a établi qu’ils avaient été trouvés dans des travaux de chemin de fer par deux ouvriers qui ont été condamnés, pour se les être appropriés en prétendant les avoir déterrés dans leur cave. Ils essayèrent en vain de les vendre pour quelques milliers de francs à plusieurs de nos musées qui s’y refusèrent devant l’incertitude planant sur l’origine de ces objets, et peut-être aussi par crainte d’une falsification. Des intermédiaires moins scrupuleux les vendirent au grand Musée anglais pour 625 000 fr., fournis en grande partie par des donateurs.
Il est évidemment regrettable que nos musées n’aient pas pu conserver à la France, ces pièces d’un très beau caractère artistique, et d’un intérêt non moins grand pour la préhistoire.
Ces vases sont au nombre de quatre : deux sont de ces vases de style grec, connus sous le nom de stamnos, et qu’on suppose avoir servis à transporter du vin. Ce sont de belles pièces, mais d’un type connu, et qui n’offrent rien d’exceptionnel.
Beaucoup plus intéressants sont les deux autres vases, œnochoès à goulot, avec couvercle mobile attaché à l’anse par une chaîne. Ce type connu est ici d’une élégance rare et d’une richesse d’ornementation exceptionnelle.
Celle-ci présente trois principales caractéristiques : incrustations de corail, émaux, et figurines animales. La réunion sur les mêmes objets du corail et de l’émail est à remarquer, car on admet généralement que le corail appartient à la Tène I, et l’émail aux époques suivantes.
L’auteur, qui place les vases de Bouzonville au Ve siècle, y voit une preuve que l’origine de remaillage est plus ancienne qu’on ne le croit, et il l’attribue, comme l’emploi des figurines animales, à des influences venues du Sud-Est de l’Europe, probablement scythiques comme le style des figurations animales tend à le prouver. Il étend même cette hypothèse d’une origine orientale à l’ensemble du style de La Tène, dont les éléments classiques ne seraient pas arrivés par la vallée du Rhône mais par celle du Danube.
On voit quel ensemble de problèmes soulève cette découverte de Bouzonville. Elle représente en outre, pour l’histoire artistique, un véritable chef-d’oeuvre de l’art celtique dont un de nos grands musées aurait pu, à juste titre, s’enorgueillir.