François III (1729-1737)

 

 

D’après la monographie imprimée
« Récits lorrains. Histoire des ducs de Lorraine et de Bar » d’Ernest Mourin
Publication 1895

A la mort de Léopold, nous pouvons dire « finis Lotharingiæ ». Il est bien le dernier duc national. Son fils mériterait à peine de compter dans la série.

François III résidait à Vienne depuis six ans. L’empereur Charles VI avait voulu le garder près de lui pour veiller sur son éducation. Il lui destinait la main de sa fille aînée, l’archiduchesse Marie-Thérèse.

Le testament de Léopold avait constitué un conseil de régence, dont le membre principal devait être le prince de Craon, et dont la Duchesse était exclue. Mais le Conseil d’État cassa le testament du Duc, comme le parlement de Paris avait cassé celui du roi Louis XIV. La Duchesse fut investie de la régence avec la plénitude des pouvoirs. François III qui ne paraissait pas pressé de voir ses sujets, confirma la régence à sa mère, approuva les choix qu’elle avait faits pour les membres de son conseil, mais lui recommanda de ne rien décider sans avoir consulté MM. Le Dogue et Fischner. Ce dernier était un Allemand qu’il lui avait envoyé de Vienne.

La régente et ses conseillers firent rendre gorge aux favoris du dernier règne. Le prince de Craon perdit ses fonctions de grand écuyer et restitua en partie les donations qu’on lui avait prodiguées, le président Lefebvre fut privé de son siège an Conseil d’État, le directeur général des finances Masson fut menacé de la prison et gardé à vue. Les concessions détachées du domaine furent révoquées. On supprima beaucoup d’offices inutiles. Les anoblis furent frappés d’une taxe de 1 500 livres.

Le conseil essaya de remettre un peu d’ordre dans les finances, mais le nouveau duc n’y aidait guère. Après avoir exigé un don de joyeux avènement de 800 000 livres, il ne cessait à chaque courrier de réclamer de nouveaux envois d’argent.

Enfin le 29 novembre 1729, après huit mois d’attente, on vit arriver à Lunéville un jeune homme de vingt ans, raide et gourmé, vêtu d’habits démodés, avec une perruque de l’autre siècle, et qui avait l’air d’un pédagogue autrichien. C’était François III.

La déconvenue fut d’autant plus grande, que lorsqu’il avait quitté la Lorraine en 1723, il était un adolescent aimable, plein de vivacité, turbulent et étourdi. Six ans d’éducation autrichienne en avaient fait un Allemand froid, hautain, figé dans sa grandeur.

Il fut à peine convenable avec sa mère, il s’appliqua à tenir tout le monde à distance, il n’avait de familiarité qu’avec quelques subalternes allemands, et passait ses journées à faire de la musique ou à courir les loups dans les bois.

Toutefois, on lui avait aussi inculqué à Vienne le goût du travail et des affaires. Il en avait la compréhension très vive. Il voulut tout voir et vit bien par lui-même. Tout annonçait en lui un souverain distingué, ce qu’il ne fut jamais. Il remit en faveur les vieux conseillers de son père, notamment le prince de Craon et le président Lefebvre.

Le 3 janvier 1730, il fit son entrée solennelle à Nancy, et y fut accueilli avec ces acclamations des foules qui ne font jamais défaut aux nouveaux souverains, surtout lorsque leur jeunesse autorise des espérances.

Le 22 janvier, il rendait la régence à sa mère et partait pour Versailles, où il allait faire hommage pour le Barrois mouvant. Louis XV, avec beaucoup de bonne grâce, épargna à son cousin les formalités les plus désagréables de l’antique cérémonial. François III d’ailleurs sembla dégeler, jeta de côté ses habits surannés et sa longue perruque, adopta les modes nouvelles et se montra ce qu’il était, un prince de vingt ans, aimant le plaisir, goûtant les moeurs et les élégances françaises.

En rentrant à Lunéville, il reprit, avec son accoutrement, cet air rogue qui déconcertait les Lorrains habitués à la familiarité affable de leurs princes.

Il s’isolait de la noblesse lorraine. Ses mauvais procédés éloignèrent de Lunéville, ses parents de la branche cadette. Il était jaloux de son frère cadet, Charles-Alexandre, prince d’élégante tournure, d’un caractère ouvert et sympathique. Cependant, comme il était appliqué aux affaires, qu’il portait une main ferme sur tous les abus, qu’il introduisait une stricte économie dans les services, on appréciait ses qualités un peu sévères et beaucoup se flattaient de retrouver en lui un prince semblable à ce Charles V qu’on n’avait pu admirer et aimer que de loin. Ces belles espérances avortèrent.

Dans les premiers jours d’avril 1731, François annonça qu’il allait rendre visite à l’archiduchesse gouvernante des Pays-Bas, soeur de l’empereur. Il partit en emportant avec lui toutes les pierreries, cent mille livres en or, autant en lettres de change. Il emmena trois Allemands et pas un seul Lorrain. Il ne daigna même pas dire un mot aux nombreux seigneurs qui étaient venus au palais pour lui souhaiter un bon voyage. On ne devait plus le revoir.

C’est ainsi que, froidement, sans une apparence de regret, le vingt-septième successeur de Gérard d’Alsace prit congé de cette fidèle Lorraine qui était restée attachée, pendant sept cents ans, avec un dévouement si affectueux à la maison ducale. La vraie séparation eut bien lieu ce jour-là, et non le 6 mars 1737, comme l’ont raconté avec tant d’émotion les historiens lotharingistes.

Ainsi qu’il l’avait dit à son départ, le jeune duc alla voir la gouvernante des Pays-Bas, puis il visita successivement l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne, la Prusse. Il fut reçu partout avec des honneurs extraordinaires qui s’adressaient au futur époux de l’archiduchesse Marie-Thérèse. Comme il se rapprochait de Vienne, il reçut des lettres impériales qui le nommaient vice-roi de Hongrie. La date de son mariage n’était pas encore fixée, mais s’approchait rapidement.

Tout à coup, l’attention publique fut détournée de cet événement prochain, par l’explosion d’une nouvelle lutte entre l’empire et la France.

Le roi de Pologne, Auguste de Saxe, était mort le 1er février 1733. C’était une occasion pour Louis XV de remettre la couronne sur la tête de son beau-père Stanislas. Il souffrait d’être le gendre d’un simple gentilhomme.

Il se sentait d’ailleurs entraîné autant par l’opinion publique, que par l’ardeur impétueuse du vieux maréchal de Villars. Le ministre dirigeant était ce vieux cardinal de Fleury qui commença à gouverner à l’âge où les hommes d’État aspirent au repos. Le vieillard aurait bien voulu rester en paix, mais il ne put résister au mouvement et se décida, la mort dans l’âme, à soutenir la candidature de Stanislas. Seulement, il ne fit pas l’effort nécessaire.

Le beau-père du roi traversa l’Allemagne sous un déguisement, se présenta à la diète, fut élu à l’unanimité, mais vit aussitôt se lever contre lui un prétendant proclamé, sous le nom d’Auguste III, par quelques dissidents qu’appuyèrent l’Autriche et la Russie, fut chassé de Varsovie, alla s’enfermer à Danzig, y fut assiégé par 30 000 Russes.

Fleury n’avait envoyé que trois bataillons, en tout 1 500 hommes. Ils arrivèrent par mer tardivement. Dans une héroïque folie, le comte de Plélo les lança contre les 30 000 Russes. Ils se firent presque tous tuer, sans pouvoir dégager Stanislas qui s’échappa à travers mille périls et se réfugia à Koenigsberg, ville prussienne (17 juin 1734).

Alors, la guerre s’étendit à toute l’Europe. Les armées françaises conduites d’abord par deux héros chargés d’années, Villars et Berwick, obtinrent d’éclatants succès sur le Rhin et en Italie.

Si le cardinal avait eu quelque énergie, il pouvait pousser l’empire à l’abîme. Mais il ne songea qu’à finir au plus vite la lutte. Au lieu de dicter ses conditions en victorieux, il s’humilia en vaincu et signa avec ses adversaires étonnés, les préliminaires de Vienne (3 octobre 1735).

La convention posait en principe, que Stanislas abdiquerait cette couronne de Pologne, qu’il avait deux fois prise et perdue, mais en conservant le titre de roi. Il recevrait en compensation la souveraineté viagère du duché de Bar, réversible à la France après sa mort. François III garderait la Lorraine jusqu’à la mort d’Etienne de Médicis, grand-duc de Toscane, dont on lui assurait la survivance.

En France, on fut mécontent de la combinaison et on demanda que la Lorraine fût immédiatement remise à Stanislas au même titre que le Bar. François III résista. Il lui en coûtait, non de se séparer des Lorrains, qu’il connaissait peu, qu’il n’aimait pas et auxquels il s’était rendu désagréable, mais de paraître déchoir en abandonnant une souveraineté effective sans en avoir déjà reçu l’équivalent.

Sa situation cependant se consolidait tout à fait : le 12 février 1736, fut célébré en grande pompe son mariage avec Marie-Thérèse. A cette occasion, il appela à Vienne pour lui servir de témoins quatre seigneurs lorrains de l’ancienne Chevalerie : Messieurs du Han, de Lenoncourt, de Ludres, du Châtelet. D’autres gentilshommes vinrent aussi à la cour d’Autriche.

L’empereur désireux de hâter le traité définitif et craignant toujours de nouvelles complications européennes, ne cessait de presser son gendre d’en finir. Mais le groupe lorrain entourant le jeune duc, faisait les derniers efforts pour le détourner d’une cession qui équivaudrait à la mort de la nationalité lorraine.

Le procureur général Bourcier surtout multiplia avec une force, une éloquence, un sentiment que rien ne lassait, les objurgations les plus pathétiques. Il se jeta plusieurs fois aux pieds du jeune prince. De son côté, la régente et son second fils, Charles-Alexandre, tous les princes de la famille, unissaient leurs plaintes, leurs instances.

Il est certain que François hésita longtemps. Il y avait pour lui la question d’intérêt qui lui faisait attacher un grand prix à la conservation d’une souveraineté, sa propriété héréditaire, au moins jusqu’au jour où la Toscane lui pourrait être livrée en échange, et la question d’honneur qui semblait lui interdire comme une trahison, l’abandon d’une nationalité dont sa famille avait reçu tant de preuves d’affection et de fidélité.

Mais l’influence de l’empereur son beau-père, secondée par celle de l’archiduchesse Marie-Thérèse, l’emporta. Le 22 avril 1736, il annonça qu’il consentait à la cession de ses deux duchés, mais il ne signa l’acte définitif que le 13 décembre pour le Barrois, et le 13 février 1737 pour la Lorraine. C’en était fait : l’oeuvre de Richelieu s’achevait sans combat, sans violence, sous forme d’un marché !Des annexes au traité de Vienne avaient réglé tous les détails. La duchesse-régente refusa d’aller vivre à Vienne, elle était bien française et répugnait aux moeurs allemandes. Louis XV lui attribua, sous condition viagère, par convention du 1er avril 1736, la principauté de Commercy.Le 5 mars 1737, elle offrit à la population de Lunéville une dernière fête, à l’occasion des fiançailles de l’aînée de ses filles avec le roi de Sardaigne. Elle partit le lendemain, son départ donna lieu aux scènes les plus touchantes.

« Je vis, dit Jamerai-Duval dans sa Vie de Vayringe, Mme la duchesse-régente et les princesses ses filles s’arracher de leur palais, le visage baigné de larmes, levant les mains au ciel, et poussant des cris tels que la plus violente douleur pouvait seule les arracher. Ce serait tenter l’impossible que de vouloir dépeindre la consternation, les regrets, les sanglots et tous les symptômes de désespoir auxquels le peuple se livra à l’aspect d’une scène qu’il regardait comme le dernier soupir de la patrie. Il est presque inconcevable que des centaines de personnes n’aient pas été écrasées sous les roues des carrosses ou foulées aux pieds des chevaux, en se jetant aveuglément, comme elles faisaient, à travers les équipages, pour en retarder le départ. Pendant que les clameurs, les lamentations, l’horreur et la confusion régnaient à Lunéville, les habitants des campagnes accouraient en foule sur la route, par où la famille ducale devait passer, et, prosternés à genoux, ils lui tendaient les bras et la conjuraient de ne pas les abandonner… ».

On remarquera que ces manifestations dont nous ne discutons pas la sincérité, mais qui étonnent pourtant de la part d’un peuple si peu démonstratif d’ordinaire, s’adressaient à une princesse française de naissance et de coeur. Il ne faut pas d’ailleurs s’attendrir outre mesure. Elisabeth-Charlotte, veuve de Léopold, n’était plus qu’une duchesse douairière, sans pouvoir. Si son fils, le maussade et avare François III, eût gardé Lunéville, il ne lui aurait pas offert un établissement équivalent à cette résidence royale de Commercy où elle passa, non sans quelque agrément, les dernières années de sa vie. Elle mourut en 1744.

Quant à François III, il ne méritait aucun regret. Personne n’en ressentit, ni n’en manifesta. On ne peut pas dire qu’il quitta la Lorraine invitus invitam. Elle ne lui fut pas arrachée par la force.

Il la vendit, estimant qu’il faisait un bon marché puisqu’il obtenait en échange, le grand-duché de Toscane, avec la perspective à peu près assurée des États héréditaires de la maison d’Autriche et de la couronne impériale. Il ne soupçonnait pas à quel rôle effacé devait le réduire l’altier génie de la fille de Charles VI, auprès de laquelle il ne fut jamais que « le pâle époux de la grande Marie-Thérèse ».


Archive pour février, 2011

Les Septeries de la république messine

Blason de Metz

 

Dès la fin du XIIe siècle (1197), Metz était une cité presque indépendante, dotée d’une constitution, et dont la plus haute autorité de l’état, fut exercée par le conseil des Treize. J’y reviendrai plus en détail dans un autre article, mais pour l’instant, je vous propose de découvrir les différentes structures administratives de la république messine, du XIVe et XVIe siècle.

On s’aperçoit que, sous ces appellations anciennes, sont déjà présentes des administrations que l’on connaît de nos jours en république française : le ministère de la défense, le ministère de l’intérieur, le ministère de la justice, le ministère des transports et de l’équipement, et surtout, celui que tout le monde préfère Mecontent le ministère de l’économie et des finances Mecontent.

Les appellations anciennes ont été respectées.

D’après la monographie « Metz, cité épiscopale et impériale » d’Henri Klipffel – Année 1867

On appelait de ce nom dans l’ancien Metz, des commissions de sept membres, tirées de la bourgeoisie souveraine, et investies par elle de pouvoirs administratifs plus ou moins étendus.

L’origine des Septeries est ancienne. La plupart datent du commencement du XIVe siècle, mais c’est au XVe siècle que leur action fut surtout considérable. Elles exerçaient alors avec les Treize, la principale autorité dans l’État.

Il faut descendre jusqu’en 1405, pour rencontrer un document sur le mode d’élection des membres des Septeries, et sur l’organisation de ces comités.

L’atour du 15 janvier de cette année, nous apprend que les paraiges seuls sont en droit de fournir les Sept, un pour chacun des cinq premiers paraiges, deux pour le commun. Ces magistrats gardent leur charge pendant deux ans, et le jour venu de les changer, c’est-à-dire la fête de Notre-Dame de la Chandeleur, chaque paraige choisit deux de ses membres, dont les noms écrits sur des courroies de parchemin, et mis en boites d’argent, sont jetés au chaperon et ballottés. Le maître-échevin ou en son absence le maître des Treize, tirera une de ces boîtes, et celui dont le nom sortira sera Sept deux ans entiers.

On ne pouvait porter en même temps deux Septeries. Si le maître-échevin en entrant en charge, se trouve d’une Septerie, il doit s’en démettre, et on lui donne un successeur de son paraige. La défense de réunir deux Septeries ne semble plus avoir subsisté vers le milieu du XVe siècle.

Voici la liste des Septeries, dont il est fait mention dans les annales messines :
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Sept de la guerre
- Sept pour la levée des chevaux de la ville
- Sept de l’étable
- Sept des murs
- Sept des paveurs
- Sept de la bonne voie
- Sept des ponts
- Sept des moulins
- Sept de la monnaie
- Sept du trésor
- Sept de la maltôte et de la bullette
- Sept commis pour lever les deniers
- Sept pour les affaires extraordinaires
- Sept pour les affaires de l’Empire.

Un simple coup d’œil jeté sur cette liste, suffit pour montrer que ces offices n’avaient pas tous une importance égale, et que plusieurs d’entre eux n’existaient pas dans la république à l’état de magistratures permanentes.

Tous cependant donnaient droit, à ceux qui en étaient revêtus, de faire des règlements, comme on le voit par les Sept des chevaux de l’année 1450. Le seigneur Geoffroy Dex, chevalier, l’était pour Porte-Muzelle, le seigneur Jean Erowin pour Jurue, le seigneur Jean le Gronnaix pour Saint-Martin, Collignon Remiat pour Portsailli, Wautrin Clément pour Outre-Seille, Laurent de Toul et Martin George pour le commun.

Nous citons ces noms pour montrer, que les membres des plus illustres familles composaient les Septeries. Aussi bien ces comités n’étaient-ils pas des magistratures inférieures, mais le puissant et multiple instrument, par lequel s’exerçait sur toutes les parties de l’administration, la souveraineté de l’aristocratie.

On a conservé une liste dressée en 1450 par les Sept des chevaux, de toutes les personnes qui devaient fournir des chevaux à la cité, ainsi qu’un arrêté portant, entre autres dispositions, que l’obligation de fournir des chevaux était toute personnelle, et ne constituait point d’exemption pour les parents des imposés, et que, de plus, tous les chevaux à fournir devaient être montés par des varlets et des compagnons d’armes.

L’étable commune de la ville était placée sous la surveillance des Sept de l’étable. Les Sept de la guerre en connaissaient aussi, car un compte de leur clerc porte, à l’année 1452, une somme dépensée pour l’étable de la ville.

La création des Sept des paveurs remonte à l’année 1503, et les développements dans lesquels entre l’atour qui les institue montrent assez quelle importance la ville attachait à la propreté et au bon entretien de ses rues.

L’élection des Sept des paveurs avait lieu tous les ans, le lendemain de l’octave de la Chandeleur. Ils prêtaient serment au maître-échevin et aux Treize, d’exercer loyalement leur office, qui était de veiller au pavage de la cité et des faubourgs. Leurs décisions se prenaient à la pluralité des voix et un Treize, choisi par eux, les faisait exécuter.

Les Sept dirigeaient le travail des paveurs, partout où ils jugeaient ce travail nécessaire pour l’entretien ou l’amélioration des rues et chaussées de la ville. Ils avaient soin que les paveurs fussent payés, et pour cela prenaient des sûretés. Si quelqu’un, clerc ou laïque, s’oppose au pavage et laisse dépérir la chaussée dont l’entretien est à sa charge, le Treize, après l’avoir averti vainement, le frappe d’une amende de 20 livres messines. S’il n’a point de biens en quantité suffisante, quatre de ses plus proches parents doivent payer pour lui, et si des parents ou des amis ne peuvent satisfaire à la justice, il est mis par cri public hors de la garde de la ville. Le Treize qui refuserait de se prêter à la requête des Sept des paveurs deviendrait lui-même passible de l’amende des 20 livres, et ses collègues, les autres Treize, le forceraient à la payer.

Les Sept pour les moulins et le cours de la Seille furent institués en 1528, ceux des moulins de la Moselle en 1547. Trente-trois ans auparavant (1514), à propos d’un legs fait à l’hôpital Saint-Nicolas, il est question de Sept commis pour l’entretien des ponts.

Les Sept de la guerre

Metz était dès le XIIIe siècle une cité presque indépendante, isolée entre deux grands pays, au milieu de la pauvre et belliqueuse féodalité de la Lorraine. Une telle situation, en lui créant tant de périls et en la condamnant à des luttes sans relâche, l’obligea, de bonne heure, à se donner une puissante organisation militaire.

Cette organisation fut l’œuvre de l’intelligente aristocratie des paraiges, et elle défendit pendant trois cents ans les richesses et les libertés des Messins contre les ardentes convoitises qui les assiégeaient de toutes parts.

Soit prudence, soit esprit de justice, Metz, avant de combattre ses ennemis, leur proposait presque toujours un accommodement, en les invitant à une de ces conférences qui s’appelaient, dans la langue du pays, les journées d’estault ou d’Etat.

Situé entre plusieurs duchés et principautés, le territoire messin avait contre chacun ses marches d’estault.

Lors de la guerre des quatre seigneurs en 1324, ces marches étaient les suivantes :
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pour l’archevêché de Trêves, à Cattenom
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pour le Luxembourg, à Richemont-sur-Orne
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pour le comté de Bar, à la Grande-Haye, à Wallerin-Prés, en deçà de Saint-Privé-la-Montagne et à Woisage
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pour les Allemands du duché de Lorraine, aux arbres de Luttange et au pont de Flacquair, et pour les Romans, à Woisage
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pour les Allemands de l’évêché de Metz, à Chaussy, en deçà du pont, et pour les Romans, à Sogne et à Verney
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pour l’évêché de Verdun, à Nauroy.

C’était le plus souvent sur ces marches que se tenaient les journées, et on voit dans les récits des chroniqueurs, quelle habile fermeté les commissaires messins, éwardeurs des causes d’estault ou Sept de la guerre, y déployaient ordinairement.

Mais une fois les voies pacifiques épuisées, la cité avertie de l’inutilité des négociations acceptait la lutte et se montrait alors aussi constante à la soutenir qu’elle avait paru désireuse de l’éviter.

Depuis le commencement du XIVe siècle, la direction suprême des affaires militaires à Metz se confiait à un comité de sept membres, qu’on appelait les Sept de la guerre.

C’est en 1323, qu’il en est pour la première fois question, à propos d’une querelle de la cité avec le sire d’Aspremont. Puis, quand les quatre seigneurs ont attaqué la ville (1324), les chroniques nous parlent des Sept de la guerre comme d’un comité dictatorial, créé pour des circonstances extraordinaires avec des pouvoirs considérables, mais limités à cinq, ensuite à six mois. Plus tard, enfin, la septerie de la guerre devient magistrature permanente, comme l’attestent les chroniqueurs et d’anciens rôles parvenus jusqu’à nous. Elle fut alors une des plus importantes de ces commissions aristocratiques qui, au XVe siècle, se partageaient avec les Treize, l’administration de l’Etat.

Un atour de 1403 nous apprend le mode d’élection des Sept de la guerre, depuis leur transformation en magistrature permanente. On les renouvelait de deux en deux ans, en totalité ou en partie. Chacun des cinq paraiges désignait deux de ses membres, et celui dont le maître-échevin ou le maître des Treize, après le ballottage ordinaire, retirait le nom du chaperon, devenait Sept de la guerre. Le commun fournissait, ainsi qu’il était d’usage, le double des autres paraiges et avait deux Sept à nommer.

Le lendemain de l’élection, qui se faisait dans les huit jours après la Chandeleur, les nouveaux Sept prêtaient serment au moûtier Saint-Pierre entre les mains du maître-échevin ou des Treize (at. 1578). Deux frères ou le père et le fils ne pouvaient porter à la fois l’office de Sept de la guerre (at. 1392). Vers la fin du XVe siècle, la durée de cette magistrature, par suite d’une nouvelle réforme, ne fut plus que d’un an, comme on le voit par un accord de 1484 et par les rôles de 1518 à 1548.

Les pouvoirs attribués aux Sept de la guerre étaient considérables : ils ordonnent souverainement des choses de la guerre, dirigent comme bon leur semble les expéditions au dehors, s’occupent de l’échange ou du rachat des prisonniers, délivrent des sauf-conduits, accordent des trêves, concluent des traités, sauf ratification par les paraiges.

Les soldoyeurs font serment entre leurs mains et celles de leurs commis. Ils nomment les capitaines, les prévôts des maréchaux, leur donnent des commissions au nom de messieurs du conseil. Toute l’artillerie de la ville est à leur disposition et reçoit d’eux ses règlements. Si la ville a employé à ses fortifications l’héritage de quelque particulier, les Sept prononcent sur les dédommagements à accorder. Mais il leur est expressément défendu de lever une taille de leur seule autorité. On leur livre l’argent dont ils ont besoin, par commandement des Treize et des trésoriers.

Les Sept ne pouvaient pas non plus, à l’origine, exécuter eux-mêmes leurs propres décrets. On leur adjoignait pour cela un Treize et deux prud’hommes. On est fondé à croire que cette dernière restriction apportée au pouvoir des Sept de la guerre ne subsistait plus dès le XVe siècle.

C’était dans une maison occupée, au XVIIe siècle, par le concierge du palais, et dans une chambre où l’on arrivait par celle des comtes, que se tenaient d’ordinaire les réunions des Sept de la guerre. Leurs résolutions, prises à la majorité des voix, étaient rédigées par des clercs et des commis et transmises par ces derniers à qui de droit. Ces clercs, comme on le voit par les chroniques, pouvaient être chargés de missions importantes. En 1525, il avait été enjoint à ceux qui gardaient le grand sceau de la cité et les sceaux des Paraiges de sceller tout ce qu’ordonneraient les Sept de la guerre. Plus tard, ces derniers eurent leur sceau particulier, et, en 1443, ils l’apposent avec ceux des duchés de Bar, de Lorraine et de Luxembourg, lorsqu’ils traitent au nom de la cité avec ces puissances hostiles.

Un autre comité secondait les Sept de la guerre dans leur mission difficile et compliquée, celui des Sept des murs, crée en 1547, et devenu permanent vers la fin du XVe siècle. L’atour de 1403 en régla aussi le mode d’élection qui était absolument le même que pour les Sept de la guerre. On pouvait porter à la fois la septerie de la guerre et celle des murs, quoique le contraire eût d’abord été ordonné. Les Sept des murs n’étaient pas toujours sept.

Quant aux Sept pour la levée des chevaux, leurs fonctions cessaient avec les circonstances qui les avaient fait créer.

Les Sept de la monnaie

Le droit de battre monnaie était une régale concédée aux évêques de Metz, par les princes de la dynastie saxonne, probablement par Othon II. Pendant plusieurs siècles, ils l’exercèrent seuls. La déclaration des droits de l’évêque prouve néanmoins que ce n’était pas sans quelques restrictions. Le chambellan de l’évêque avait la surveillance de la monnaie épiscopale. On sait qu’il en était de même dans d’autres villes.

Vers la fin du XIIIe siècle, la ville de Metz acheta une première fois (1291) de l’évêque Bouchard la monnaie pour cinq ans, au prix de 500 livres messines. En 1334, semblable cession lui est faite pour deux ans, par l’évêque Adhémar de Monteil, qui s’engage à donner cours par tout l’évêché aux pièces que la ville fabriquera dans le temps stipulé. C’est alors que, pour suppléer au défaut d’une petite monnaie, on fit pour la première fois des blancs messins. Enfin un troisième traité, assez semblable aux deux précédents, fut signé en 1376 avec l’évêque Thierry de Roppart.

Mais avant l’expiration du terme convenu de dix ans, ce même évêque, pressé par le besoin d’argent, vendit définitivement aux Messins pour 4 000 francs le droit de battre monnaie (1383), avec condition cependant de pouvoir racheter le coin au même prix, rachat plus tard imposé par le cardinal de Lenoncourt à la république expirante. N’est-ce pas de cet abandon fait par l’évêque Thierry que dériva, pour les maîtres-échevins, l’usage de faire frapper quelques pièces de monnaie et de les jeter au peuple le jour de leur installation ? C’était la cité elle-même qui, par cet acte symbolique de son premier magistrat, affirmait ainsi chaque fois sa propre souveraineté et donnait comme une nouvelle consécration à l’un de ces droits régaliens, dont elle était si justement fière et jalouse.

Depuis lors, ce fut un officier appelé le changeur des changes, le maître ou le gouverneur de la monnaie, ou simplement le monnayeur, qui dirigea la monnaie au profit de la cité. Celle-ci lui fournissait une maison pour y travailler avec ses gens et payait les gages du gardien préposé à la surveillance de cet hôtel. Le maître de la monnaie jouissait de différents privilèges, comme d’être exempt de la garde des portes, du guet, des chevauchées, de n’être soumis qu’à la juridiction des Sept commis de la monnaie, excepté toutefois les cas de meurtre, rapt ou larcin. Il ne payait aucune taille ni maltôte, et de plus, avait le tiers de toutes les amendes encourues pour le fait des poids et des balances. La ville achetait le billon, et le maître de la monnaie, après l’avoir converti en espèces, suivant les ordonnances, délivrait les pièces frappées aux Sept en présence du gardien (at. 1412,1454, 1415).

C’étaient ordinairement des changeurs qui prenaient ainsi à ferme la monnaie de la cité. Quant à la fabrication, elle devait être fort active, à en juger par différents comptes qui nous apprennent, que de 1415 à 1420, elle s’éleva à 17 606 marcs d’or et d’argent. On le voit, rien de plus simple ni de plus clairement réglé, que la question du droit de monnayage à Metz.

Les Sept du trésor

L’officier chargé de recueillir les impôts et toutes les sommes dues à l’État s’appelait le changeur de la cité. Sa création remonte au XIVe siècle. Jusque-là, comme il appert d’un atour de 1284, on faisait trois parts égales des deniers publics : un tiers était pour les Treize, les deux autres restaient à la ville.

Les Treize levaient les sommes, assistés des quatre maîtres de l’hôpital Saint-Nicolas ou pour le moins de deux d’entre eux. Ils les délivraient en leur présence aux maires et aux doyens, et ceux-ci, à leur tour, les remettaient au changeur ou receveur de l’hôpital, pour être placées par moitié dans deux coffres à cinq clefs confiées aux quatre maîtres de Saint-Nicolas et au maître-échevin. De l’un de ces coffres, les quatre maîtres et les frères de Saint-Nicolas prenaient les 500 livres, les 40 livres et les coûtanges, c’est-à-dire toutes les sommes nécessaires à l’hôpital. S’il y avait quelque reste, on le laissait au coffre pour former le trésor de la ville. Le second coffre servait aux besoins de l’État, et les Treize en disposaient sous le contrôle du maître-échevin et des maîtres de l’hôpital. L’année révolue, ce qui y restait d’argent était versé dans le premier coffre et y grossissait le trésor public.

Les inconvénients de ce mode de perception firent instituer un receveur ou changeur de la ville. On le choisissait à la fête de la Chandeleur, tour à tour dans les cinq paraiges de Porte-Muzelle, de Jurue, de Saint-Martin, de Portsailli, d’Outre-Seille et dans le Commun. L’élu des cinq premiers paraiges ne restait qu’une année en charge. Celui du Commun pouvait posséder l’office pendant deux ans, mais si, au bout de la première année, son administration soulevait des plaintes, les paraiges lui nommaient un remplaçant pour la seconde année (at. 1526).

Le changeur, qui était aussi le payeur de la cité, ne faisait aucun payement que sur ordonnance du maitre-échevin et des autres magistrats. Ses gages étaient de 100 sols messins et on lui donnait une robe pareille à celle des Treize. Il rendait ses comptes devant la justice, le conseil et deux prud’hommes tirés de chaque paraige (at. 1590).

Les deniers publics, dont le changeur tenait registre, se déposaient au trésor. C’était d’abord un des deux coffres de l’hôpital, ainsi que nous l’avons vu plus haut par l’atour de 1284. A partir de 1304, on le remplaça par « une huge en la voûte du grand moûtier, » qui servit à la fois de trésor et d’archives. Le maître-échevin et les paraiges avaient le droit d’en disposer, et les huit clefs du trésor étaient entre leurs mains. Le commun en possédait deux. Quant aux trois clefs de la voûte elle-même, on les confiait, une au maître-échevin et les deux autres à deux Treize (at. 1382).

L’an 1304, sept officiers, appelés les trésoriers ou les Sept du trésor, furent institués pour veiller sur la « huge du grand moûtier ». Leur élection se faisait par les paraiges et par branches, le lendemain de la Chandeleur. Chaque paraige, ainsi que le commun, désignait quatre prud’hommes, dont les noms écrits sur des bandes de parchemin et mis en boîtes étaient ballottés dans un chaperon, et celui dont le maître-échevin ou le maître des Treize tirait le nom devenait Sept du trésor (at. 1390). On ne pouvait obliger personne à porter cet office (at. 1367).

Les fonctions des Sept du trésor, dont le maître-échevin recevait le serment aussitôt après leur nomination, consistaient :
- à payer les gages des officiers de la cité, tels que le scelleur, le clerc des prud’hommes, le garçon des comtes, etc., (at. 1515)
- à faire rentrer les amendes, si les Treize et les ewardours le négligent
- à lever les droits et à acquitter les sujétions de la vouerie (at. 1545)
- à taxer les plaintes portées aux ewardours (at. l 396)
- à faire avec les Treize et les ewardours les présents au nom de la cité (at. 1405).

Enfin, l’un des trésoriers gardait les clefs du coffre, où l’on déposait les privilèges de la république. Il leur était défendu, sous peine d’une amende de dix livres et du bannissement, de rien prendre en raison de leur office et ils devaient compte aux Treize et aux prud’hommes de leur gestion (at. 1575, 1515). Eux-mêmes recevaient les comptes des trois maires et assistaient à celui que les Treize et les prud’hommes rendaient chaque mois au changeur de la cité. Nul des Sept du trésor ne pouvait porter en même temps la Septerie de la guerre (at. 1592). Dans le cas où le maître échevin et les Treize auraient refusé d’assembler les paraiges pour faire élire les ewardours, les trésoriers devaient les réunir et procéder à l’élection (at. 1585).

Disons maintenant, comment s’alimentait ce trésor de la cité messine. Et tout d’abord, il importe de constater que depuis la chute de la domination épiscopale, le privilège en matière d’impôts fut chose inconnue à Metz. Tous les habitants, quelle que fût leur condition, laïques et ecclésiastiques, contribuaient aux charges de l’État, chacun payant « selon son pouvoir et ses pairs » comme s’exprime un atour de 1252. Nulle part on ne voit, dans le récit des chroniqueurs, le peuple se plaindre d’être seul soumis à l’impôt. Si parfois il s’emporte contre la lourdeur des charges, ce n’est jamais en accusant le patriciat de ne point les partager avec lui.

Jusqu’à la fin du XIIe siècle, il est à peine question d’impôts parmi la bourgeoisie messine. Quoiqu’elle n’eût pas encore complètement secoué à ce moment la domination des évêques, ceux-ci avaient déjà dû renoncer à toute prétention de la taxer : « les frans homes dou palais sont si frans que nul ne doit doneir ».

Quant aux officiers par lesquels s’exerçait encore l’autorité épiscopale (les rouages du gouvernement étaient alors d’une grande simplicité), leurs émoluments consistaient dans le produit soit des amendes, soit des redevances qu’on exigeait des gens de métier. Il en était de même, pour les magistrats propres de la bourgeoisie, maître-échevin, échevins, maires. Quelquefois seulement et pour faire face à des besoins urgents, l’évêque pouvait proposer une contribution extraordinaire, comme celle de 1196, dont le tiers fut appliqué à la réparation des murs de la ville.

En 1214, on voit déjà la bourgeoisie en possession du tiers des amendes prononcées par le tribunal des Wardours pour infraction à la commune paix, et trente ans plus tard, l’atour porté sous le maître-échevinat de Philippe Tignienne (27 décembre 1244), prouve que toutes les amendes revenaient dès lors à la cité. Ce fut là, pendant tout le XIIIe siècle, sa principale source de revenus. On continuait aussi à avoir recours, tantôt à des emprunts, tantôt à des taxes extraordinaires que le clergé lui-même était obligé de payer, comme le tonlieu de 1226, ou l’impôt auquel fait allusion l’atour de 1232.

Tous ces expédients néanmoins, à mesure que les besoins augmentaient, étant devenus insuffisants, Metz dut suivre l’exemple d’autres villes qui s’étaient déjà créé des ressources régulières à l’aide de ces impôts connus au moyen âge sous le nom de maltôtes : Cologne en 1184, Worms en 1182, Bâle au commencement du XIIIe siècle, Spire en 1238.

La signification odieuse du nom de la maltôte se tirait à la fois de la nature de l’impôt, qui portait sur les objets de consommation les plus usuels, et de la manière dont on le levait à l’origine, non d’après une loi, mais par nécessité.

Les Sept de la maltôte et de la bullette

C’est en 1326, après la guerre contre le roi Jean de Bohème, et pour se libérer envers ceux qui avaient prêté à la ville, que les paraiges décrétèrent l’établissement de la maltôte comme un impôt régulier.

Voici comment on l’assit.

La quarte de blé, de pois, de fèves, de noix, de pavots, d’aulx, d’oignons, d’échalotes, etc., devait payer deux coupillons, un pour l’hôpital, l’autre pour la ville – le muid de sel vendu dans Metz et dans la banlieue, deux deniers – la quarte d’écorce de tanneur, une angevine – le muid de vin du pays, un denier – le muid de vin d’Alsace, d’Arbois, de Beaune, douze deniers – le muid d’huile, seize deniers et la quarte, une angevine.

La toile, les draps d’or, les tapis, etc., acquittaient deux deniers par livre, de même le chanvre, le lin, les fromages, les bêtes à quatre pieds, les pelleteries et les vieceries (objets vendus par les fripiers), les peaux de tout genre, les fers, les aciers, les faux et les faucilles, les socs de charrue, etc… L’argent ouvré, vaisselle, couronnes, etc., devait deux deniers par marc, l’or cinq sols – les meules, deux deniers par livre – la laine, un denier par poids.

De chaque écrit d’arche concernant dettes d’argent, acquêts ou ventes la ville prenait deux deniers par livre.

Les écrits des revenus en denrées, de loyer de maison, de rachat de cens, d’héritage laissé à cens, de dîmes de blé et de vin ne payaient point de maltôte, non plus que les mairiens, les bois, les échalas, les lattes, les charbons, les toiles, etc…

La commune répondit en 1326 par une insurrection à l’établissement de la maltôte. Mais celle-ci n’en constitua pas moins, à partir de ce moment et jusqu’à la fin, le principal revenu de la cité.

On peut lire dans les atours de 1348, 1353,1363, 1381, 1406, 1526, le détail de ces impôts qu’aujourd’hui nous appellerions indirects, mais qui, au moyen âge, étaient les contributions directes par excellence.

Pour en donner une idée, nous extrayons d’un registre de 1526, la liste des principaux objets de commerce payant la maltôte :
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Les toiles : le droit perçu était de 6 deniers par livre.
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Les cuirs à tout le poil : 6 deniers par livre, ou plus ou moins à proportion. Il n’est permis de les vendre ou acheter qu’aux lieux déterminés, savoir : le mardi et le jeudi devant la halle des tanneurs au Champ-à-Seille, et le samedi devant le cimetière de la paroisse Saint-Victor. On paye sur place les cuirs vendus ou achetés, avant de les emporter, aux fermiers de la maltôte ou à leurs commis.
Les cabaretiers, hôteliers ou autres habitants, qui reçoivent chez eux des peaux sujettes à la maltôte, sont tenus d’en avertir aussitôt les fermiers sous peine de 20 livres pour chaque contravention.
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Les meubles : 6 deniers par livre.
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Les bêtes à quatre pieds : 6 deniers par livre, 3 pour l’acheteur et 3 pour le vendeur. Les lieux de vente sont le Champ-à-Seille et le Quarteau, pour le mardi et le jeudi, la place de Chambre pour le samedi.
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La laine : 3 deniers pour chaque poids (11 livres). Le vendeur et l’acheteur les payent.
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Les draps : 6 deniers par livre. 3 pour le vendeur, 3 pour l’acheteur. Le marchand qui achète doit encore 3 deniers pour le droit de revente. Tous les draps venus du dehors ou fabriqués au dedans sont portés à la montre aux draps, et aunés sur la place par des auneurs jurés.
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Le poisson : 6 deniers par livre pour la vente en gros ; pour la revente en détail, le vendeur paye 3 deniers.
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La mercerie (étoffes précieuses, étamines, bonnets, gants, poivre, cannelle, etc.) : 6 deniers par livre, 3 pour le vendeur, 3 pour l’acheteur. En cas de revente, si la marchandise pèse plus de 10 livres, le revendeur et l’acheteur payent 3 deniers par livre, et le revendeur seulement 3 deniers, si la marchandise pèse moins de 10 livres.
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Les harnais d’armes : 6 deniers par livre.
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Les parchemins, corions de cerfs, d’agneaux, etc. : 6 deniers par livre, 3 pour le vendeur, 3 pour l’acheteur.
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Les tonnes et tonneaux : 6 deniers par livre, 3 pour le vendeur, 3 pour l’acheteur.
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Les cuirs corroyés : 6 deniers par livre.
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Le sel : chaque quarte payait 12 deniers d’entrée. Le sel compris dans les revenus des prébendes des chanoines de la grande église était exempté de ce droit.
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Les meules et les pierres : 12 derniers par livre, 6 pour le vendeur, 6 pour l’acheteur, autant de fois que la marchandise était vendue. Les pierres achetées pour la réparation de la cathédrale ne payaient rien.
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Les charbons : 4 deniers par livre, 2 pour le vendeur, 2 pour l’acheteur.
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La chair en détail : 6 deniers par livre.
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La boulangerie et la pâtisserie : 6 deniers par livre.
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Les fers : 6 deniers par livre.
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La coroixerie (cordonnerie) : 6 deniers par livre.
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La pelleterie : 6 deniers par livre, 3 pour le vendeur, 3 pour l’acheteur.
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Les wercolles (sellerie) et cordes : 6 deniers par livre.
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Le fromage de presse : 6 deniers par livre, pour l’achat en gros, 3 deniers à chaque revente.
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Les harengs et buquehotz (saurets) : 20 sols, 12 deniers par tonne.
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Les œufs, fromages et fruits : 21 deniers la hottée.
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Les bois mairiens : 12 deniers par livre, 6 le forain vendeur et 6 l’acheteur, marchand messin.
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L’écorce et la waude (guède : sorte de plante servant à la teinture des laines) : 4 sols pour la cuve de waude, 2 deniers pour la quarte d’écorce. A la revente, l’acheteur payera 2 sols pour chaque cuve de waude, et un denier pour chaque quarte d’écorce.

Cette liste ne serait pas complète si l’on n’y ajoutait la maltôte des blés, lin, chanvre, pois, fêves, noix, pavots, oignons, aulx, etc., dont nous avons précédemment traité.

Enfin la maltôte des vins comptait parmi les plus importantes. On l’exigeait :
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De tous les vins vendus en gros et en détail dans la ville et les faubourgs. L’Etat prenait pour lui-même un douzième de chaque mesure, savoir : un godet de la quarte, et pour la pinte et la chopine à l’avenant. Deux officiers, appelés douzemiers, recueillaient cet impôt dans chaque paroisse ; ils faisaient leur tournée le lundi, et quiconque avait droit de vendre du vin était obligé de leur déclarer la quantité vendue chaque semaine et de montrer les mesures servant au débit.
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De tous les vins qu’on vendait en gros pour les conduire hors de la ville.

En 1476, la maltôte des vins vendus dans les paroisses s’éleva à 987 livres, 2 sols, 9 deniers. Les droits perçus pour l’issue et l’entrée des vins par les portes et les rives de la Moselle donnèrent 127 livres, 9 sols, 8 deniers. Enfin la vendange seule avait rapporté à la ville pour 3205 queues, à 12 deniers la queue, 160 livres, 5 sols.

Tout le monde devait la maltôte : les habitants de la cité quelle que fût leur condition, les ecclésiastiques, les forains.

La ville vendait les maltôtes à des particuliers ou les percevait elle-même. Elle employait pour cela, deux receveurs dans chaque paroisse, qui faisaient deux tournées par semaine, le mercredi et le vendredi, et remettaient tous les quinze jours ce qu’ils avaient recueilli entre les mains d’autres officiers annuels appelés les Sept de la maltôte (at. 1348). Ces derniers de leur côté devaient, quatre fois par année, rendre compte à la justice et aux trésoriers à la fête de saint Remi, à Noël, à Pâques, à la fête de saint Jean-Baptiste. L’argent était remis au trésorier par les Sept de la maltôte et par ceux-ci déposé dans la voûte.

En 1490, les maltôtes, tant vendues que non vendues, rapportèrent 2270 livres 2 sols 9 deniers.

Le projet de traité avec le duc Antoine de Lorraine (1529) proposait l’abolition de la maltôte de la mercerie et attribuait au duc celle des bêtes, des vins et des blés, excepté toutefois les blés des moulins et des quartiers.

L’ancien Metz connaissait les droits d’enregistrement, sous le nom d’impôt de la bullette. La bulle, c’était le sceau qui, d’après l’atour de 1380, devait être apposé sur tout écrit d’arche, concernant achats, dettes, baux, héritages, obligations, rédigé par aman, tabellion, notaire, et pour lequel la ville percevait un droit de 20 sols. Cet impôt se levait depuis longtemps par les amans (at. 1326, 1348,1355, 1565, 1565). Mais mal administré, comme il parait d’après l’atour de 1380, il s’en allait tout à niant.

Pour empêcher la ville d’en être frustrée à l’avenir, il fut alors ordonné aux Sept de la maltôte de faire un grand papier et d’y inscrire le nom de ceux qui acquittaient le droit de bullette pour des écrits scellés en arche ou hors d’arche.

Tout habitant de Metz et des faubourgs, homme ou femme, clerc ou laïque, le devait dans les douze semaines qui suivaient la rédaction de chaque acte. On n’était reçu en justice à aucune demande, si on ne l’avait payé.

En 1440, la ville acheta pour la bullette une maison située près de Sainte-Croix, à l’endroit où se joignent les rues Taison et Jurue. Dans la seconde moitié du XVe siècle, cet hôtel fut converti en prison et s’appela la maison de la ville.

La bullette ne semble pas avoir été un revenu très considérable : en 1491, elle rapporta 289 livres 12 deniers. D’après le projet de traité avec le duc Antoine de Lorraine, elle devait rester à la ville.

Jametz au XIVe siècle

Blason de JametzCarte de Louppy-sur-Loison

 

Continuons, si vous le voulez bien, l’histoire mouvementée des anciens seigneurs de cette bourgade de 240 habitants.

Les appellations anciennes ont été respectée.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean-François-Louis Jeantin – 1861

Jametz, dans les transformations politiques du XIVe siècle

De Robert de Mirowald, fils ou neveu de Geoffrois Ier, il est probable, et père de Geoffrois II de Jametz… à Colart du Saulcy, père de Jeanne de Marle… tout est confusion et pêle mêle dans l’histoire des seigneurs de Jametz. C’est un écheveau presque inextricable.

De la prison de Henry III de Bar, à Bruges (1301), à la prison de René d’Anjou, à Dijon (1431), s’est étendu et épaissi un nuage que l’histoire n’a pu encore dissiper.

Ce nuage couvait l’éclosion des transformations politiques qui, par l’absorption du comté de Chiny dans le Luxembourg, par celle du Barrois dans la Lorraine, par celle des trois Evêchés dans la France, devaient conduire l’autonomie lotharingienne à l’unification.

Cette œuvre commence, en 1291, par la lutte de Philippe le Bel contre les princes de Flandres. Ceux-ci sont soutenus par l’empereur Adolphe de Nassau, par son vicaire général Jean de Bohême, et, surtout, par le roi Edouard d’Angleterre.

Le comte de Bar Henri III, qui avait épousé Eléonore, sœur de l’anglais, entre, à main armée, en Champagne, sous le prétexte de quelques droits territoriaux, notamment sur l’abbaye de Beaulieu en Argonne. Alors les seigneurs de Jametz et autres des basses Wabvres se divisent, d’après les origines de leurs mouvances, et d’après les liens respectifs de leur vassalité…. qui, pour le roi de France comme comte de Champagne…. qui, pour le roi de Bohême comme comte de Luxembourg… qui, enfin, et le plus grand nombre, pour le souverain du Barrois.

Celui-ci succombe!… il signe le traité de Bruges… se reconnaît homme lige du roi de France… part pour la Palestine… et il y meurt, en 1302.

Henry laisse sa couronne à Edouard Ier, son fils âgé de quatorze ans. Ce jeune prince épouse Marie de Bourgogne.

Henry IV, fils d’Edouard, lui succède : on le marie à Iolande de Flandres, fille de Robert de Cassel. Il meurt en 1344, laissant deux fils, en bas âge, Edouard II et Robert, qui, l’un après l’autre, lui succéderont.

Alors une lutte s’élève, entre la mère de ces princes et leur aïeule Jeanne de Tocy, mère du fameux brigand Pierre de Bar, sire de Pierrefort, mère aussi de Marie de Bar, femme de Gobert VI de Dun et d’Aspremont. Cette lutte se continue, après le remariage d’Iolande, entre elle et Jeanne de Bar comtesse de Varennes, fille de Henry III.

Il s’agissait de la main bournie des états du souverain, en minorité. La France soutient Iolande. Jeanne a l’appui de l’empereur, celui du roi de Bohême, celui, enfin, de Geoffrois IV de Dun, époux, en 1327, de Marguerite du Saulcy, dame en partie de Jametz.

L’engagère de Jametz subissait donc, alors, toutes les conséquences de ces agitations gouvernementales, et celles-ci, plus viscéralement encore, paralysaient les droits, en sous-ordre, des évêques de Verdun.

Il n’en pouvait être autrement, car voyez :

- La maison comtale de Chiny, amoindrie par ses partages de famille de 1267, avait perdu sa prépondérance dans le Dunois et dans le Verdunois.
- L’élection, précédée et suivie de vacances, et l’épiscopat des derniers prélats chiniens (Gérard et Arnoux de Granson, 1275, 1280) avaient été troublés par des brigues ardentes.
- Les divisions civiles, du cœur de la cité, s’étaient propagées aux confins du Luxembourg.
- La question de séparation des pouvoirs, spirituel et temporel, s’était dressée, de plus en plus menaçante, à Metz, à Toul, à Verdun.

Les trois lignages avaient soulevé le peuple, et, pour abolir la juridiction princière de leurs évêques, ces hautes familles avaient fait ligue avec les Citains de Toul, avec les Paraiges de Metz. Tous étaient animés du même esprit : l’indépendance. République et réforme étaient déjà le mot d’ordre des partis.

L’action souveraine était donc suspendue, de fait, autour de Jametz. Les villages du chapitre se soulevaient, l’un après l’autre, et ils se rangeaient sous l’obédience des châtelains révoltés.

Cette situation empira sous Jacques de Revigny (de 1289 à 1296), sous Jean de Richerécourt (de 1296 à 1301), époque des désastres du Barrois, sous Nicolas de Neuville (de 1305 à 1312). L’autorité épiscopale ne reprit quelque peu vigueur, que sous Henry d’Apremont, alors qu’en 1322, les familles d’Azenne eurent été expulsées de Verdun.

Le comte de Bar, Henry III, avait énergiquement soutenu l’église, dont la cause était la sienne, quant à l’engagère de Jametz. Mais sa lutte contre Philippe le bel avait, on vient de le voir, aboutit à la prison de Bruges, et au traité de 1301.

Des trois pouvoirs féodaux, superposés à Jametz, un seul restait debout, c’était celui du haut. Ce pouvoir était aux mains du roi Jean de Bohème, vicaire général de l’empire, et comte de Luxembourg. Il avait le droit, en principe. Il avait de plus la commise, ou détention de fait. Il soutenait les Citains, eu sousœuvre.

Aussi, bien qu’appuyé par son frère, Gobert VI de Dun époux de Marie de Bar, l’évéque, en 1318, en 1320, avait-il été contraint de pactiser avec lui : en 1314, en 1317, il acquérait d’Henry de Jemmais sa portion en cette seigneurie, et il lui cédait en échange les dixmes de Hans lez Marville. Enfin, en 1324, Jehan acquérait Damvillers.

Rien d’étonnant, dans cet état d’occupation armée, de ne plus trouver, à Verdun, d’actes de reprises, pour Jametz, à partir de 1294, et de voir, au contraire, Geoffroy II, non pas changer de mouvance, mais se reconnaître, comme de droit, homme lige de Wenceslas de Luxembourg. En 1358, le 13 août, un traité d’alliance, contre l’évêque de Verdun (Hugues de Bar), fut conclu entre Venceslas, roi de Bohême, duc de Luxembourg, et Iolande de Flandres, au nom de Robert de Bar, son fils.

Colart des Hermoises de Delut, sire de Jametz, y est mentionné. On le nommait aussi Colin. Ses enfants furent : Jean des Hermoises – Robert des Hermoises – Colart II des Hermoises – Richard des Hermoises, tous furent sires de Jametz et Marie des Hermoises, qui épousa Robert de Jametz.

Colart Ier des Hermoises était encore au service du barrois, de 1302 à 1508, époque où il fut décapité à Gondrecourt. Il avait épousé Marie de Chamblay, de la maison de Hagen de Cons et de Billy.

Disons encore qu’à cette époque, 1349, le comté de Chiny cessait d’exister, et que, dès 1337 et 1340, les prévôtés d’Ivoy, de Virton, de Saint Mard, et de Laferté, étaient passées, tout entières, au domaine du Luxembourg.

Voilà les faits qui dominent la position des derniers seigneurs, soit barrisiens, soit épiscopaux, soit luxembourgeois, de Jametz.

Passons-les en revue rapidement.

Henry de Jametz – 1317

En 1317, Henry de Failly, dit Ferry de Marville, dit aussi le Moine pour la plupart des historiens lorrains, cède à Jehan de Bohême ce qu’il a, ou pooit avoir, en la terre de Jemmais. En échange, ce monarque lui avait donné le village de Hans-lez-Marville.

Henry, fils d’Henrion et de Catherine de Bataille, était frère de Frustatus, époux de Marguerite de Jemmais. Apparaît alors Geoffrois Ier. A côté de lui, se montrent Richier et Gérard qui, dans leurs reprises, prennent le titre de sires de Jemmais.

Geoffrois Ier de Jametz – 1324

Geoffrois Ier de Jametz était un sire de Failli. Il donna ses aveux et dénombrement, en 1328, pour un sixième, quant aux fiefs de Moranville el de Châtillon sur les côtes.

Richier de Jametz, sire de Lulz, Thonne le Thil, Thoonne la Lon, tant en son nom qu’en celui de ses frères et sœur, donna, au duc Robert de Bar, en 1532, son dénombrement pour Viller devant Orval. Sa mère, Marguerite de Jametz, comme veuve et douairière de Fruste de Failly, en fit autant le 24 février 1333.

Cette seigneurie était de mouvance mi-champenoise, mi-luxembourgeoise. Elle fut enlevée au Barrois dans les luttes qui suivirent le traité de 1301. Aussi la charte d’affranchissement d’Orval, qui est de 1378, ne fut-elle donnée par le duc de Bar qu’au cas de souveraineté reconnue. Cette question fut tranchée au profit de la France, quant à la partie champenoise, par le traité d’échange de 1379, qui livra aux Français, Mouzon et partie des terres de la châtellenie d’Ivoy.

Gérard de Jametz, qui était un sire de Delut, en fait autant, en 1332, pour les mêmes fiefs, et pour des droits à Stenay, le tout mouvant du Barrois. Pareille reprise est encore faite, en 1364, par Thiéry de Longeville, pour sa femme Ancelle de Jametz. Geoffrois se trouvait copartiaire de Moranville et de Châtillon sous les côtes, comme étant aux droits de Thibault II de Failly-Saint Pancray, conjointement avec les anciens sires de Conflants, de Bouligny, el de Fleury, près Douaumont.

Tout indique qu’alors les domaines de Frustatus, lequel était tout dévoué à la cause barisienne, et qui mourut pour cette cause, avaient été confisqués par l’empereur. Ils se trouvaient dès lors dévolus au fisc luxembourgeois.

Après Godefroid, ou Geoffrois Ier, arrive Robert.

Robert II de Jametz – 1347

Robert II de Jametz avait épousé Alix de Vilaisnes, sœur de Robert Ier des Hermoises de Delut. On trouve ces deux époux dans les lettres de 1347, par lesquelles ils reprennent la Grange aux prés et Récicourt des mains de l’évêque Henry d’Apremont.

Ils donnèrent le jour, très probablement :
-
à Ancelle, qui épousa Thiéry de Longeville les Metz, sire de Florenville (reprise de 1364)
-
à Alix, première femme de Husson de Ville. Ce chevalier de Ville fut fait prisonnier, avec le duc Robert de Bar, à la bataille de Ligny, le 4 avril 1368. Il se remaria à Lise, ou Alix des Hermoises : c’est alors qu’ils acquirent la baronnie de Murault de Jehan de Morhenges et de Jean de Mondrieux, lesquels étaient héritiers des Milet (milites), anciens chevaliers d’Azenne et sires de cette châtellenie.

Marguerite de Jametz, douairière de Frustatus de Failly mort en 1332, avait, dit-on, laissé sa part en la terre de Jametz à Marguerite de Manonville. Celle-ci l’aurait transmise à la maison de Florenges : Lise de Florenges l’aurait apportée à Colart de Lenoncourt, et leur fille Jehanne en aurait pourvu Jehan de Marley, son mari, sieur du Saulcy. C’est ainsi que de Marguerite du Saulcy, épouse de Geoffrois IV de Dun, et de Jeanne du Saulcy, épouse de Gobert VIII, cette portion serait arrivée à Geoffrois II de Jametz, qui suit.

Geoffrois II de Jametz – 1370

Geoffrois II de Jametz était fils de Robert de Mirovault, frère de Gobert VIII de Dun-Aspremont, époux de Jeanne du Saulcy. Par son père, il descendait de Geoffrois IV de Dun et de Marguerite du Saulcy, dame de Jametz. Il était neveu de Ferry de Dun et de Marie, femme d’Olry de Fénétrange.

Son père et son oncle étaient morts, endettés de 90 000 florins envers Wenceslas, grand duc de Luxembourg. Ceci explique l’acte qui va suivre. Geoffrois n’était encore que simple escuyer, et son père n’avait pas eu d’autre titre, ce qui est important à noter.

En 1370, Geoffrois veut faire reconstruire l’ancienne maison-forte de Jametz. Aux termes de la loi féodale, il ne pouvait ériger cette munition sans l’agrément du suzerain, qui, alors, était, de droit et de fait, son créancier, le duc de Luxembourg. Telles furent les causes de l’acte d’assurance que donna Geoffroy à Wenceslas, sous le seing de son grand-oncle maternel Robert Ier, chevalier des Hermoises de Delut, second fils de Colart de Chaumont et de Marie de Chamblay (du Saulcy).

Dépouillé du comté de Dun en 1380, Geoffrois mourut en 1391, en laissant à Jean du Saulcy, son beau-père, la tutelle de son fils mineur Gobert VIII, réduit à la seigneurie d’Amblise et de Buzancy. Sa veuve Jeanne resta copartiaire de Jametz avec les anciens du Hatoy. Il n’eut, paraît-il, qu’une fille, prénommée Marguerite.

Cette fille épousa, dit-on, un sire de Manonville, et de ce mariage serait née Marie, laquelle aurait élé unie à Jean Ier du Saulcy, près Longwy, de la célèbre maison de Marle, unie à celle de Marlières.

De ce mariage naquit Jean II du Saulcy, seigneur de Marle et de Jametz, en partie. Lequel, ayant épousé Jeanne de Lenoncourt, le 2 juin 1403, devint seigneur de Florenges, près Thionville, aussi en partie.

L’autre portion de cette terre appartenait à Marguerite de Lenoncourt, sœur de Jehanne, laquelle, par acte du 3 février 1430, l’abandonna à son neveu Colart, fils unique de Jean II de Marley. Ce Colart épousa Ide de Chastelet. Enfin, de ce dernier mariage provint Jeanne, fiancée, en 1446, à Robert Ier de la Marck, prince de Sedan.

A suivre …

Saint-Nicolas-de-Port

Blason de Saint-Nicolas-de-PortBasilique de Saint-Nicolas-de-PortLithographie de 1846 basilique de Saint-Nicolas-de-PortProcession à Saint-Nicolas-de-Port

 

Saint-Nicolas-de-port est une ville d’un peu moins de 8000 habitants, située à 13 kilomètres de Nancy et à 18 kilomètres de Lunéville. Elle est renommée pour sa cathédrale, et surtout pour la procession qui s’y déroule chaque année.

Je vous propose de partager l’histoire de cette ville. Les appellations anciennes ont été respectées.

D’après la monographie « Histoire de la ville de Saint-Nicolas » de Xavier Maire – Année 1846

 

L’origine de Saint-Nicolas-de-Port ne remonte pas à une haute antiquité. Il est cependant probable que les Romains y eurent quelque poste militaire. En effet, la position du territoire de cette ville placée à un point où la vallée de la Meurthe se trouve très resserrée, et à peu de distance de l’embranchement du bassin du Sanon avec celui de la Meurthe, devait engager les soldats du peuple-roi à s’y établir militairement.

Au haut de la côte d’Armont, on rencontre fréquemment des débris de constructions romaines, et de cette position, on pouvait facilement correspondre avec Manoncourt et la côte de Ste-Geneviève, où l’on sait qu’il exista des forteresses bâties par les conquérants des Gaules. Quoi qu’il en soit, rien ne prouve que les Romains aient eu des établissements, à l’endroit même où se trouve la ville actuelle.

Cette cité portait primitivement le nom de Port, probablement à cause de sa position sur les bords de la Meurthe. Elle avait donné son nom à un canton qu’on appelait Portois.

Au Xe siècle, c’était un prieuré et un hameau composé d’une métairie dépendant de Varangéville, et de quelques maisons construites sur les bords de la rivière, destinées à contenir les marchandises que l’on débarquait. Aucuu document n’indique qu’à cette époque, il y eut déjà un commerce bien établi.

Un pieux larcin fut l’origine de la prospérité du hameau de Port. Des marchands de Barri, petite ville au sud de l’Italie, avaient dérobé à Myrrhe, en Lycie, les reliques de saint Nicolas. Au XIe siècle, un gentilhomme lorrain étant allé à Barri, en rapporta une phalange du doigt de ce saint.

Suivant les légendaires, saint Nicolas naquit à Patare, en Lycie. On a peu de détails sur les principaux faits de sa vie. On sait seulement qu’il assista au célèbre concile de Nicée, où fut composée la profession de foi catholique connue sous le nom de Symbole de Nicée, et qu’il mourut vers l’an 326.

Quoi qu’il en soit, la renommée de ce saint grandit dans l’Orient, et avec les croisades, se répandit dans toute l’Europe. Les peuplades russes, dans leurs rapports avec les Orientaux, y puisèrent leur vénération pour saint Nicolas, et aujourd’hui, il est considéré comme le protecteur du vaste empire de Russie.

On attribue à ce saint de nombreux miracles, et les nautonniers l’invoquent encore de nos jours, au moment du danger, quoiqu’on ne puisse raisonnablement dire pourquoi ils l’ont choisi pour patron.

La phalange du doigt de saint Nicolas, apportée par le gentilhomme lorrain, fut déposée dans une chapelle dédiée à la Vierge, et construite alors au milieu d’un bois. Cette relique attira bientôt de nombreux pèlerins de toutes les parties de la Lorraine. La renommée de ses vertus miraculeuses se répandit au loin, et la petite chapelle de Notre-Dame fut honorée d’une foule de visiteurs. Le prieur de Varangéville, voyant cette affluence, fit, en quelque sorte, une succursale de cette chapelle, et quelques années après, un prieuré y fut établi et on y plaça quelques religieux.

En 1101, à la place de la chapelle, on bâtit une église capable de contenir la foule des fidèles qui arrivaient sans cesse. Cette affluence de pèlerins donna occasion de construire quelques maisons autour de cette nouvelle église, et on y établit un petit commerce de cornets de verres et de médailles de saint Nicolas, dont se munissaient tous les pèlerins. Les prieurs se réservèrent le droit de cette vente, et ne l’accordèrent qu’à certains marchands, moyennant une rétribution. Le nombre des pèlerins augmentait sans cesse et à leur retour vers leurs foyers, ils se réunissaient sous la bannière de saint Nicolas, et partaient sous cette protection, en chantant de pieux cantiques.

Le commerce de ces bannières devint fort considérable, car l’on voit dans les anciens documents que l’abbé de Gorze, de qui dépendaient l’église et le prieuré de Port, s’était réservé le droit exclusif de faire vendre ces étendards. Aujourd’hui, que l’esprit religieux qui animait nos ancêtres, s’est beaucoup affaibli, et que les pèlerinages sont devenus des parties de plaisir, c’est à peine si l’on vend encore aux pèlerins des Vosges quelques bouquets de clinquant, mais en revanche, il se fait, à la Pentecôte, un grand commerce de sifflets, qui probablement ont remplacé les cornets de verre que l’on y vendait autrefois.

Telle fut l’origine du pèlerinage de St-Nicolas et le commencement de la splendeur commerciale de cette ville.

La réunion des pèlerins ne pouvait manquer d’attirer de nombreux marchands, assurés qu’ils étaient du débit de leurs marchandises. Les ducs de Lorraine, toujours prudents et désireux de faire le bien de leurs sujets, prirent les commerçants sous leur protection. En effet, à ces époques de rapines féodales, rien n’était plus précaire que la position des marchands ambulants, exposés sans cesse aux attaques des gens de guerre et aux emprunts forcés des seigneurs sur le territoire desquels ils allaient s’établir momentanément.

En établissant la franchise des foires de St-Nicolas, les princes Lorrains firent preuve d’intelligence politique, et procurèrent à cette petite ville d’énormes bénéfices, qui bientôt la rendirent la plus riche cité de la Lorraine.

En 1265, Ferry III, duc de Lorraine, affranchit les habitants de St-Nicolas, en les plaçant sous la loi de Beaumont, octroyée en 1182, par Guillaume de Champagne, cardinal, archevêque de Rheims. Par cette loi, Ferry accordait aux bourgeois l’usance d’une partie de son domaine seigneurial, toutefois en se réservant le domaine direct. Les bourgeois ne furent d’abord que simples usagers des communaux mais, dans la suite, une longue possession les fit admettre à en partager la propriété avec les seigneurs.

Au commencement du XIVe siècle, dans la première église de St-Nicolas, on voyait, suspendues aux piliers, d’énormes chaînes, qui avaient appartenu, dit-on, à des croisés délivrés des mains des Musulmans, par la protection du saint. On y voyait, entr’autres, celles de Conon de Réchicourt, tiré de sa prison, suivant une légende, la veille de la fête de saint Nicolas.

Voici ce que la tradition rapporte à ce sujet.

Dans la nuit du 5 décembre, les cloches sonnèrent à toute volée, sans que personne ne fût là pour les mettre en branle. Le prieur, réveillé dans son premier sommeil, envoya s’informer de la cause de ce joyeux carillon. Le messager trouva sur le parvis du temple, un homme agenouillé, mal velu et chargé de fers pesants. Lui ayant demandé qui il était, et la cause de tant de bruit, l’étranger lui répondit qu’il était le sire de Réchicourt, transporté à l’instant même de la Palestine à St-Nicolas.

L’envoyé raconta au prieur ce qu’il avait appris. Le prieur, nouveau saint Thomas, refusa de croire à un tel miracle. Le messager vint faire part au sire de Réchicourt des doutes de son maître. « Allez dire à celui qui vous envoie, répondit le pèlerin, qu’il est aussi vrai que je suis le seigneur de Réchicourt, qu’il a rêvé que des rats rongeaient les cordons de sa chaussure ».

A une révélation aussi inattendue, le prieur sauta à bas de son lit, réunit les habitants que la curiosité avait attirés autour de l’église, et fît faire une procession où le chevalier assista encore chargé de ses chaînes.

Depuis cette époque, tous les ans, le 5 décembre, on renouvelait cette cérémonie, à la lueur des flambeaux. Un homme accablé, sous le poids d’énormes chaînes, représentait le sire de Réchicourt, et, après la procession, on suspendait les fers aux piliers, où ils sont ainsi restés jusqu’à la révolution de 1789.

En 1331, la ville de St-Nicolas avait déjà acquis une certaine importance commerciale car, à cette époque, le duc Raoul, en fondant la collégiale St- Georges à Nancy, avait attaché au cloître de cette église une confrérie dite des Merciers.

Les maîtres-merciers ou marchands de chaque commerce de Nancy, de St-Nicolas et Rosières-aux-Salines, devaient s’y réunir et désigner cinq d’entre eux : deux de Nancy, deux de St-Nicolas, et le cinquième dans l’une des trois villes indistinctement. Le doyen de St-Georges choisissait un roi des merciers, parmi les cinq élus. Ce roi des merciers avait pour lieutenants, deux merciers de Nancy et deux de St-Nicolas.

Le duc Raoul permît aussi à des familles de Lombards de s’établir à St-Nicolas, en leur réservant la faculté de pouvoir se retirer, en temps de guerre, dans la ville forte de Rosières-aux-Salines.

Quoique la ville de St-Nicolas n’eût point de fortifications, elle n’en fut pas moins exposée plusieurs fois aux ravages occasionnés par les guerres fréquentes qui désolaient la Lorraine.

En 1441, Alexandre, fils naturel de Jean, duc de Bourbon, qui s’était emparé de la forteresse de la Mothe, vint surprendre St-Nicolas, à la tête d’une troupe d’aventuriers. A son retour, poursuivi par les Lorrains, il fut atteint près de Langres, et forcé de rendre le butin dont il s’était emparé.

La renommée des miracles et des vertus de saint Nicolas était déjà répandue au loin. Les monarques venaient eux-mêmes vénérer ses reliques ou envoyaient de riches présents. En 1254, le sire de Joinville vint déposer dans l’église un vaisseau en argent du poids de cinq mares, sur lequel était gravé le portrait de saint Louis, de son épouse et de ses trois fils. C’était, dit le sire de Joinville dans ses Mémoires, pour accomplir un voeu fait par la reine, pendant une horrible tempête qui avait mis la vie du roi et la sienne dans le plus grand danger.

En 1444, le roi Charles VII, vainqueur des Anglais, avec l’aide de Jeanne d’Arc, la bergère de Domremy, vint, avec le dauphin et plusieurs seigneurs de sa cour, faire un pèlerinage à St-Nicolas et remercier le saint de la protection qu’il lui avait accordé. A cette occasion, il octroya de nombreux privilèges aux habitants de la ville.

Pendant la guerre entre le duc de Bourgogne et René II, St-Nicolas fut le théâtre de plusieurs événements.

En 1475, le duc René, avant de partir pour l’Allemagne où il allait chercher des secours, entendit la messe dans l’église de St-Nicolas. Pendant qu’il était occupé à prier, une femme s’approcha de lui, lui glissa une bourse qui contenait 400 florins et se retira sans que le prince eût le temps de la remercier.

La nuit du 26 au 27 décembre 1476, le capitaine Malhortie, qui commandait la garnison de Rosières, vint surprendre les Bourguignons, que la faim et le froid forçaient à chercher un refuge dans les villes et les campagnes autour de Nancy, alors vivement pressé par Charles-le-Téméraire. Un grand nombre d’ennemis furent massacrés dans les maisons et dans les rues. Plusieurs furent précipités du haut du pont, attachés cinq ou six ensemble, et à coups de piques, on les enfonçait dans l’eau jusqu’à ce qu’ils fussent noyés. Beaucoup s’étaient réfugiés dans l’église, mais la sainteté de l’asile ne leur fut d’aucun secours. Les portes furent enfoncées, et les ennemis égorgés jusque sur l’autel du saint, dont ils tenaient la statue embrassée. Cette horrible vengeance n’était que les représailles des cruautés des Bourguignons.

Le 4 janvier suivant, le duc de Lorraine arriva à St-Nicolas avec les Suisses et les Allemands, dont il était allé implorer le secours. C’était aussi là le rendez-vous des garnisons qui avaient résisté aux attaques de Charles le Téméraire. À minuit, un fallot fut allumé au haut de la lanterne du clocher de l’ancienne église, pour avertir les fidèles défenseurs de Nancy, que bientôt ils allaient être délivrés. Les habitants de St-Nicolas accueillirent avec empressement leurs libérateurs. Des tonneaux furent transportés dans les rues, défoncés et offerts avec joie aux soldats de René.

Le matin, toute l’armée entendit pieusement la messe, puis se mit en route, accompagnée des voeux de toute la population. Quelques heures après, la bataille se livrait, et Charles expiait par sa mort son excessive ambition.

En 1552, lors du fameux siège de Metz par Charles-Quint, Albert de Brandebourg, du parti de l’empereur, s’empara de Pont-à-Mousson, et quoique chassé une fois par la Vieilleville, il parvint à reprendre la place et à s’y maintenir jusqu’à la levée du siège. II faisait de là des incursions dans la Lorraine. Le duc d’Aumale l’attaqua près de St-Nicolas, à peu de distance de Fléville et de Ludres, mais la fortune lui fut contraire. René de Rohan et environ cent gentilshommes y laissèrent la vie, et le duc d’Aumale fut emmené prisonnier.

Un grand honneur était réservé à St-Nicolas : c’était d’y voir la première imprimerie qui ait été établie en Lorraine. En 1503, un prêtre, nommé Pierre Jacobi imprimait les Heures de la Vierge. En 1518, de ses presses sortait un poème composé sur un sujet lorrain, c’était la Nancéïde de Pierre de Blaru.

St-Nicolas devait être témoin d’une oeuvre bien plus grande encore et accomplie par l’énergie et la persévérance d’un simple prêtre.

L’église ancienne n’était plus suffisante pour contenir le nombre toujours croissant des pèlerins. En 1494, un prieur du lieu, Simon Moyset, jeta les fondements de l’église actuelle, aidé par les ducs René II et Antoine, secouru par de nombreuses quêtes faites en Allemagne et en Suisse. Moyset avait déjà très avancé son oeuvre, lorsqu’il mourut en 1529. Il fut enterré au pied de l’autel : on plaça sur lui une pierre tumulaire, avec son portrait et une inscription qu’on peut lire encore sur un des piliers à droite de la basilique.

Cinquante années après la pose de la première pierre, l’édifice était achevé. René avait fait paver le chemin qui conduit de St-Nicolas à Viterne, pour faciliter le transport des pierres qu’on tirait des carrières de ce village. La ville de Metz fournit les pierres pour le pavé, on les amenait par eau depuis cette ville jusqu’à St-Nicolas.

La Basilique de Simon Moyset, construite dans le style appelé improprement gothique, est un des plus beaux monuments de la Lorraine. Ce qui frappe surtout, au premier coup-d’oeil, dans cet édifice, c’est la hardiesse et la légèreté de sa construction.

Sa longueur est de 84 mètres, sa largeur de 37, son élévation du sol aux voûtes de la nef est de 31 mètres, et du sol à l’extrémité de la tour nord, non compris la flèche, de 84 mètres. La tour sud est moins élevée de 2 mètres. Les piliers fort grêles et hardis, presque tous de forme différente, ont plus de 28 mètres d’élévation.

La nef forme un coude vers le milieu, de manière à représenter un vaisseau, dont la proue et la poupe sont recourbées. Si du bénitier placé au commencement de la nef, on examine l’image de la voûte renversée, les nervures qui s’y entrecroisent figurent d’une manière frappante, les pièces nombreuses de charpente qui forment la carcasse d’un navire. Une singularité surprenante, dans la construction de cette église, c’est ce coude dont nous avons parlé. Les uns y ont vu la figure du Christ, dont la tête est penchée sur la croix, d’autres ont prétendu que la gêne causée par l’emplacement du terrain, en avait été la seule cause. Là-dessus, on ne peut faire que de simples conjectures.

L’intérieur du monument ne renferme point de ces chefs-d’oeuvre de sculpture qu’on rencontre dans d’autres églises de la même époque. La statue du saint n’est rien moins que remarquable. Il y a cependant un sépulcre où se trouvent plusieurs personnages de grandeur naturelle d’une assez bonne exécution. Les vitraux dont quelques-uns représentaient les armes des principales villes qui avaient contribué à la construction de la basilique, sont dans certaines parties très endommagés et auraient besoin surtout d’être nettoyés. Les chapelles ne renferment ni autels, ni tableaux dignes de fixer l’attention des connaisseurs.

Bien des personnes visitent l’église et ne connaissent pas la partie la plus curieuse de ce monument. C’est la chapelle des fonds baptismaux qui est un véritable petit chef-d’oeuvre, pour la grâce et le fini des sculptures. Malheureusement, la porte qui y donne accès ressemble plutôt à la porte d’une prison qu’à celle d’un sanctuaire.

L’apogée de la splendeur de St-Nicolas fut sous le règne du duc Charles III. Ce grand prince, pour favoriser le commerce dans ses états, établit deux foires franches à St-Nicolas par lettres patentes du 24 mars 1597. Ces foires avaient lieu le 20 juin et le 20 septembre, et duraient quinze jours chacune.

Il y créa un conseil de quatre bons marchands appelés consuls. Il fit ouvrir aussi des magasins considérables pour recevoir les marchandises et établit des peseurs, auneurs, jaugeurs et deux courtiers jurés. Ces courtiers devaient avoir un par mille, tant de la part du vendeur que de l’acheteur, sur les marchés faits par leur entremise. Les marchandises n’étaient soumises à aucun impôt ni subside. Les marchands eux-mêmes qui fréquentaient les foires, étaient exempts de toutes recherches pour dettes ou autres semblables obligations, pendant l’espace de quinze jours entiers que duraient les foires, dont le commencement et la fin étaient annoncés par le son de la grosse cloche de St-Nicolas.

Les marchandises déchargées dans les magasins publics, étaient pesées, enregistrées et placées sous une bonne et fidèle garde, si elles n’étaient pas vendues pendant le temps de la foire. Le marchand était libre de les laisser en dépôt jusqu’à la foire suivante, sans payer, pour cela, plus d’un loyer.

Les commerçants pouvaient négocier en matière de change, pendant ces foires, par toute place et change de France, Allemagne, Espagne, Italie, Portugal et Flandre,sans pouvoir être recherchés desdits changes, pourvu qu’ils se fissent de gré à gré.

Tant de privilèges avaient tellement accru le commerce de cette ville, qu’au jubilé de 1602, plus de deux cent mille personnes vinrent à St-Nicolas, où elles étaient attirées et par l’attrait du commerce et par leur vénération pour le patron.

La prospérité de Saint-Nicolas ne devait pas avoir une bien longue durée. Le cardinal de Richelieu, consultant plus les conseils de la politique que les intérêts du culte, dont il était le ministre, s’était allié aux protestants contre la maison d’Autriche.

Charles IV, prince d’une politique versatile, avait abandonné le parti de la France, pour se ranger du côté des Impériaux. Le duc de Lorraine battit les Suédois à Nordlingen, en 1634. Ceux-ci ne tardèrent pas à s’en venger de la manière la plus cruelle.

La peste et la famine avaient déjà désolé tout le pays, ces terribles fléaux exerçaient leurs ravages depuis cinq ans, lorsque le 4 novembre 1635, les Suédois et une troupe d’aventuriers, le rebut de toutes les nations, à la solde de la France, vinrent fondre sur St-Nicolas, attirés par le désir de la vengeance et par l’appât des richesses renfermées dans cette ville.

Toutes les maisons furent livrées au pillage, les portes de l’église furent brisées à coups de hache, rien ne fut respecté. Ces brigands, emportés par leur avidité sacrilège, enlevèrent les vases sacrés de la basilique et de toutes les maisons religieuses. Des hommes et des femmes s’étaient réfugiés dans l’église, ils les arrachèrent de cet asile, et à coups de sabre, ils les obligeaient de déclarer le lieu où ils avaient caché leurs richesses.

Le prieur des Bénédictins, après avoir été conduit dans plusieurs endroits de l’église de son monastère pour indiquer les cachettes où l’on supposait qu’il avait pu receler les trésors du couvent, fut mis à une cruelle épreuve. Un soldat le fît tenir à genoux près d’un quart d’heure, la tête penchée, le cou découvert, prêt à recevoir le coup de la mort.

Les religieuses de l’Annonciade furent contraintes de se cacher, ce qui n’empêcha pas quelques-unes d’entr’elles de tomber entre les mains de ces barbares et de devenir les victimes de leur brutalité. Les prêtres et les plus notables bourgeois étaient soumis à la torture la plus atroce : avec la poignée d’un sabre, on leur ouvrait la bouche, on y introduisait de l’huile, et de l’eau, en leur pressant le ventre avec le pied, et eu les accablant de coups de sabre et de bâton. La plupart moururent des suites de ces horribles traitements.

Cette cruelle tragédie, comme la qualifie un écrivain contemporain, dura sept jours entiers, sans relâche et saus intervalle. Le 10 novembre, veille de la St-Martin, les Suédois, n’ayant plus rien à piller, mirent le feu aux maisons des bourgeois notables de la cité.

Le lendemain, la superbe basilique fut incendiée. Le feu était tellement violent, qu’en moins de deux heures, la charpente de la nef et des tours fut réduite en cendres. Les neuf cloches qui y étaient suspendues furent fondues et le métal se perdit, sans qu’on pût en recueillir plus d’une centaine de livres.

Le monastère des Bénédictins fut entièrement ruiné, et les deux tiers de la ville furent démolis ou réduits en cendres. Plus de deux cent soixante personnes périrent par le fer et les mauvais traitements de l’ennemi. Beaucoup d’autres furent enveloppées sous les débris de leurs maisons.

Les reliques de saint Nicolas et une partie de l’argenterie de l’église avaient été sauvées. Les Jésuites et les Bénédictins se prétendirent les possesseurs de ces précieux restes, qui devaient procurer honneur et surtout richesses à ceux qui en seraient les propriétaires. Un long procès s’en suivit, les Jésuites succombèrent, et leur défaite devint l’objet d’une chanson populaire.

La peste, qui durait déjà depuis plusieurs années, sévit avec une nouvelle fureur sur les infortunés habitants qui avaient échappés au désastre de leur ville. Il ne resta plus un dixième de la population qu’elle renfermait quelques années auparavant. Ce ne fut que longtemps après qu’elle se releva peu à peu de ses ruines, car en 1710, la population n’était encore que de 658 habitants.

Tant de calamités devaient nécessairement ruiner le commerce de cette ville. Le peu de sûreté que trouvaient les commerçants dans un pays continuellement désolé par la guerre, les força à chercher ailleurs une place qui leur présenta garantie pour eux et leurs marchandises. Francfort-sur-Mein devint le rendez-vous des négociants, et depuis cette époque, cette ville a eu le privilège de les attirer à ses célèbres foires.

Les successeurs de Charles IV essayèrent vainement de rendre à St-Nicolas son ancienne splendeur. Le règne de cette cité était passé. En 1760, Stanislas fit une dernière tentative aussi infructeuse que les autres. Sur la demande des officiers de l’hôtel-de-ville, le roi de Pologne rétablit les foires et confirma les privilèges accordés par Charles III. Malheureusement, les marchands s’étaient habitués à fréquenter d’autres places, et St-Nicolas ne put revenir à son ancien état.

Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un pèlerinage encore assez fréquenté avant la révolution, mais qui n’attire plus guère maintenant que les amateurs de parties de plaisir de Nancy et des environs.

Il y eut peu d’événements marquants, pour la ville, dans la cours du XVIIIe siècle. Le 19 septembre 1703, Léopold, rétabli sur son trône, par le traité de Riswick, se trouvant à St-Nicolas, reçut les foi et hommage de l’abbesse de St-Pierre-aux-Dames de Metz.

Dans la nuit du 16 au 17 octobre 1740, deux journées d’une pluie torrentueuse, ayant fait fondre les neiges des Vosges, un terrible débordement, tel qu’on n’en avait pas vu de mémoire d’homme, renversa le pont de St-Nicolas et beaucoup d’autres dans la Lorraine. Ce pont fut rétabli l’année suivante, tel qu’on le voit actuellement.

En 1710, St-Nicolas n’était que le chef-lieu d’une prévôté dépendant du bailliage de Nancy. En 1790, en vertu d’un décret rendu par l’assemblée nationale, le 9 janvier de la même année, St-Nicolas fit partie du district de Nancy, et devint le chef-lieu d’un canton qui comprenait 9 communes.

En l’an VIII, le territoire de la république reçut une nouvelle division en arrondissements, tout en conservant les cantons. L’année suivante, la justice de paix de Rosières fut transportée à St-Nicolas, ce qui porta à 25 le nombre des communes qui composent le canton.

Dans les belles années de l’empire, St-Nicolas vit souvent passer dans ses murs les glorieuses phalanges conduites par le grand Capitaine. Par compensation aussi, en 1814, elle vit défiler les nombreuses hordes d’ennemis qui se ruaient sur le sol de la France. On avait construit, une redoute sur la petite colline qui se trouve à droite de la route de Nancy, pour arrêter l’ennemi dans le passage étroit qui se trouve au sortir de la ville. Heureusement pour les habitants, que le duc de Bellune renonça à une défense, qui eut peut-être causé la ruine de la cité.

L’importance de St-Nicolas lui fit accorder des armoiries, en 1540, par le duc Antoine. A cause du patron de l’église, protecteur des nautonniers, ces armes étaient d’azur mariné au vaisseau d’or, armé, voilé d’argent ; au chef cousu d’or chargé d’un alerion d’argent.

En 1546, Christine de Danemarck, mère de Charles III et régente de la Lorraine, en reconnaissance des honneurs funèbres que les habitants avaient rendus au corps du duc François Ier, son époux, lorsqu’on le transportait de la collégiale de Deneuvre, au caveau des Cordeliers de Nancy, accorda de nouvelles armoiries à la ville de St-Nicolas.

Ces armes étaient d’un champ d’or, à un navire maillé, huné, cordé de sable, flottant sur ondes d’azur et d’argent, à cinq pièces, au chef de gueule à l’alerion d’argent. Le titre original, avec les armes peintes sur le parchemin, se trouvait encore chez un habitant de la ville.

Outre la basilique, il existe encore plusieurs monuments dignes d’attention. Quelques maisons échappées à l’incendie allumé par les Suédois offrent des sculptures dignes d’être remarquées.

Nous citerons entr’autres la maison sur laquelle est peinte une licorne, et une petite niche à l’angle de la rue du Haut-du-Mont, qui remonte à l’époque de la construction de l’Eglise. Sur la place, on remarque aussi quelques maisons dignes d’intérêt, tant pour leur antiquité que pour leurs sculptures moyen-âge.

Simon Moyset ne se contenta pas d’avoir fondé l’église car, en 1480, conjointement avec les bourgeois de la ville, il fit bâtir un hôpital destiné à recevoir les habitants malades. Plus tard, on en construisit un petit pour les étrangers attaqués de maladie, lorsqu’ils venaient en pèlerinage.

L’hospice actuel, sous l’invocation de saint François, est un des plus beaux et des plus vastes du département. Il sert aussi de maison de santé, on y reçoit les aliénés qui peuvent y payer pension. Sous la surveillance de deux médecins, les soeurs de St-Charles y entretiennent un ordre et une propreté vraiment dignes de tous éloges. Depuis quelques années, cet hospice a pris de grands accroissements. Les nouvelles constructions sont de bon goût et appropriées à tous les besoins du service. Les aliénés reçoivent dans cette maison tous les secours et tous les soins que réclame une position digne de pitié et d’intérêt.

Des religieuses de la Congrégation instituée par le père Fourrier, curé de Mattincourt, vinrent s’établir à St-Nicolas, en 1620. Le couvent que les Dames habitent aujourd’hui a son entrée principale sur la grande voie. Il est assez bien bâti et occupe une grande étendue de terrain. L’église en forme de rotonde est d’une construction simple, mais élégante. Les religieuses ont un pensionnat où elles instruisent des jeunes demoiselles.

En 1626, des religieuses de l’ordre des Annonciades, fondé par Jeanne de France, obtinrent du duc Charles IV, la permission de s’établir à St-Nicolas. Elles y firent bâtir un couvent qui, à la révolution, devint propriété particulière. Depuis une année, il a été vendu à un nouvel ordre religieux.

Le monastère des Bénédictins fut détruit par les Suédois. Le collège des Jésuites ayant été supprimé, lors de l’expulsion de cet ordre, les bâtiments et l’église furent convertis en maisons particulières.

Des religieux nommés Ambroisiens furent introduits à St-Nicolas par la protection de Charles, cardinal de Lorraine. Ils venaient de Milan, ils ne restèrent que dix ans et retournèrent dans leur patrie.

Il existait aussi un magnifique monument, appelé la Bourse, construit entièrement en pierres de taille, et orné d’un grand nombre de bas-reliefs, représentant des sujets de l’ancien et du nouveau testament. Il ne reste plus aucun vestige de cet édifice remplacé par des maisons construites avec ses débris. Il fut détruit en 1780.

La place était ornée autrefois d’une fontaine entourée d’un grand bassin et surmontée d’un obélisque garni d’arabesques. Le mauvais état de ce monument fit décider sa démolition et son transfert. Elle a été remplacée par une autre fontaine dans le goût moderne, moins élégante, mais plus appropriée aux besoins des habitants.

La forêt de Haye et la flottille de Boulogne en 1803

Flotille de Boulogne

D’après un article paru dans la revue « Le Pays Lorrain » – Année 1907

Qui croirait que notre forêt de Haye, si éloignée de la mer, ait jamais servi à des constructions navales ? Qui croirait que des arbres, sous lesquels les bonnes gens de Nancy étaient venus s’asseoir l’été en de joyeux pique-niques, aient été abattus pour l’équipement de cette flottille de Boulogne, qui devait jeter une forte armée de l’autre côté de la mer, et qui, pendant un temps, empêcha l’Angleterre de dormir ?

C’est pourtant ce qui advint, et les branches, qui avaient ouï les gais propos de nos dignes aïeux, les confidences d’amour de nos jolies aïeules, sont allées, transformées en avirons, entendre la grande voix des flots, souvent dominée par le fracas du canon.

La paix d’Amiens avec l’Angleterre avait été rompue en mai 1803.

Dès le mois de juillet, Bonaparte, Premier Consul, commençait l’organisation de la flottille qui était formidable : 500 chaloupes canonnières portant chacune 100 fantassins, 400 bateaux canonniers portant pareil nombre d’hommes, plus un canon de campagne, 300 péniches avec 60 hommes chacune.

Voilà les chiffres que donne Thiers dans son Histoire du Consulat et de l’Empire (tome IV).

Et pour qu’ils pussent franchir le détroit par n’importe quel vent ou même avec un calme plat, tous ces bateaux marchaient à la rame. C’étaient les soldats mêmes embarqués sur cette flottille, qui, préalablement exercés au maniement de l’aviron, devaient la faire avancer à travers le Pas-de-Calais.

A supposer qu’il n’y eut qu’un aviron pour deux hommes, une équipe se reposant pendant que l’autre ramait, on arriverait au total énorme d’environ 60 000 avirons, sans compter les avirons de rechange, et ces soldats transformés en marins durent bien en casser quelques uns avant de savoir les manier.

Or, on ne pouvait les demander aux forêts, peu nombreuses du reste, du littoral, qui suffisaient à peine à fournir les pieux nécessaires pour agrandir et fortifier les ports de Boulogne, d’Etaples, de Wimereux, où devait se réunir la flottille. Il fallut donc aller les prendre dans les forêts de l’intérieur, entre autres dans notre belle forêt de Haye.

C’est ce que montre une curieuse lettre administrative, que nous avons trouvée dans les archives communales de Frouard. Elle est datée du 10 vendémiaire an XII, c’est-à-dire du 3 octobre 1803, époque où la construction de la flottille était partout activement poussée.

On remarquera que le préfet d’alors, le citoyen Jean-Joseph Marquis, qui administra notre département de 1800 à 1808, écrit encore le nom de notre forêt Heys, vieille orthographe des XIIe et XIIIe siècles, encore en usage, parait-il.

On remarquera aussi le prix élevé de la journée de travail, 5 francs d’alors faisant bien 8 ou 9 francs d’aujourd’hui, preuve qu’on voulait aboutir à tout prix et à bref délai, et le préfet parle même d’employer la réquisition si on ne trouve pas assez d’ouvriers.

Nancy, 10 vendémiaire an XII.

Le Préfet du département de la Meurthe au maire de Frouard,

Citoyen,
La confection des avirons que l’on exploite dans la forêt de Heys pour le service de la marine, est entravée par le défaut d’ouvriers, et cependant l’intention du Premier Consul est qu’aucun moyen d’accélérer ce travail ne soit épargné.
Je vous prie en conséquence de faire tout votre possible pour déterminer quelques ouvriers en charpente de votre commune à y aller travailler sur le champ.
Ils seront payés très régulièrement par le fournisseur, à raison d’un sol le pied courant d’avirons, ce qui portera le prix de la journée d’un bon ouvrier à cinq francs au moins. Ils pourront au surplus convenir provisoirement d’un prix de journée.
Je ne doute pas que ces avantages ne décident un nombre suffisant d’ouvriers à se livrer à ce genre de travail, et que leur bonne volonté m’évitera le désagrément de recourir à la voie rigoureuse de réquisition.
Vous voudrez bien adresser les ouvriers qui se présenteront au citoyen Antoine, marchand de bois à Nancy, près la porte Saint-Georges, qui est chargé des pouvoirs du fournisseur, et qui leur désignera les points d’exploitation, et réglera avec eux les conditions.
Je vous salue.

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