Lion-devant-Dun du VIe au XIIIe siècle

Carte Lion-devant-Dun

Petit village de 180 habitants, Lion-devant-Dun se situe au pied de la côte Saint-Germain, qui sert aujourd’hui de point d’envol aux amateurs de parapente.

Je vous propose de partager l’histoire de ce village, depuis la fin du VIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle. On a même un peu de mal à imaginer que tant d’événements s’y soient déroulés.

Les anciennes appellations ont été respectées.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – 1861

Ancienne baronnie-pairie de la chastellenie de Dun.

Origines

Suivant Herric, moine d’Auxerre, auteur de la vie de saint Germain, un camp romain aurait été établi sur le plateau quasi elliptique de la côte, qu’il appelle Morfagne, et qui paraît être celui de notre côte Saint Germain.

Il en attribue les retranchements à l’empereur Adrien, lors de ses voyages dans les Gaules, ce qui en reporterait l’existence vers l’an 117 de notre ère. Quelle que soit l’identité, plus ou moins douteuse, cette tradition appliquée au plateau d’Arimont est assez probable (A toutes époques, on a trouvé de nombreuses médailles romaines sur la côte saint Germain).

Aucun emplacement, certes, ne répondit mieux aux exigences de l’ancienne castramétation. Arimont, à l’altitude de 350 mètres est le point dominateur de toutes nos dunes. Son plateau allongé, entouré d’une ceinture de fer, Meerenwaldi castellum, réunissait toutes les conditions, exigées alors, pour la défense et pour le stationnement, à poste fixe, d’une légion.

Au bas, de Milly à Baalay, près du lit de la vieille Meuse, passait la voie diverticulaire de Divodurum Mediomatricorum (Metz) à Durocortorum-Remorum (Rheims). Cette voie traversait, au pied du Castellum, les Prœdia : Putei villare, Bonum villare, Arei villare. Elle mettait en communication directe les stations de l’Argonne, ad Romanas, sous Montfaucon, avec les stations des Woepvres, ad Romanas, sous Mont Urbel.

Erection en commune par Gobert V d’Apremont et sa mère Julianne du Rosois, dame de Dun.
Causes : le mouvement des affranchissements, l’approche de la septième croisade, les besoins d’hommes et d’argent pour la défense des châteaux confiés à la garde des châtelaines.
Date de la charte d’affranchissement : avril 1251.

Par charte du duc Edouard de Bar, du 23 août 1311, les habitants de Lions ont droit de dépaissance et de glandée dans la forêt de Wabvre et dans les aisances de Mouzay. Les limites et la consistance de ce droit ont donné lieu à de nombreuses contestations. Ils sont en outre usagers dans les 4 925 ha de la forêt de Wabvre, qui étaient de l’apanage des Condé. Par indivis avec les habitants de Baalon, de Landzécourt et de Milly, ils prenaient 5ha 12a dans les 31ha 33a affectés à l’exercice de ce droit pour les trois communes.

Ordre spirituel

Diocèse de Rheims, par impignoration des anciens prélats de Trêves et de Verdun – Archidiaconné de Champagne, sous le titre de Saint Médard de Grandpré – Doyenné de Saint Giles de Dun.

Cure : celle de Saint Maur de Lions – Annexe et desserte : anciennement celle de Saint Vincent de Murvaulx.

Hermitage : celui de l’oratoire primitif et église matriculaire des chapelains de Saint Germain d’Arimont. L’enceinte fossoyée de cette chapelle est encore très apparente. On y aperçoit, çà et là, des ossements, qui doivent être ceux des derniers hermites et ceux des personnes considérables de Lions et de Murvaulx. Au commencement de ce siècle, ils étaient abrités par un orme colossal, qu’on apercevait des points les plus éloignés de l’horizon. Aujourd’hui cet arbre est remplacé par une croix. Une foire se tenait annuellement en ce lieu vénéré de toute antiquité.

Ordre temporel

Avouerie des anciens sires de Merevald et de Louppy (Chartes de 1199, 1222, 1253)
Patronage à la collation des comtes de Bar, comme seigneurs de Dun
Dixmage au profit des mêmes et de l’université de Rheims
Entretien du chœur et des bâtiments, idem.

Ordre politique

Ancienne cité de Trêves, limites contestées par le Remois et par le Verdunois – Royaume d’Austrasie, puis de Lotharingie – Empire Germanique – Ancien pagus des basses Wabvres, in fine Wabvrensi et Trevirensi – Baronnie de Lions – Pairie des six Pers de la chastellenie de Dun – Duché de Bar, ensuite de Lorraine – Comté de Dun, sous les Condé – Haute justice des anciens barons Fiefs et arrières-fiefs : ceux des terrages inféodés et la cense de Baalay.

Ordre judiciaire

Avant la rédaction des coutumes générales : Loi du Vermandois, dans le principe – ensuite loi de Beaumont. Mesures :
pour les grains et autres matières sèches, et pour les liquides, Bar le duc
pour les bois, idem et Chiny 
pour les terres seulement, Bar le duc.

Indication de l’étalon local : l’arpent, de 100 perches – le jour ou bonnier, de 80 perches – la perche, de 18 pieds 1 pouce 6 lignes.Après la rédaction des coutumes particulières : Coutume de Chiny, ensuite celle de Saint-Mihiel, en 1571.

Anciennes assises : à Dun, des sires de Dun, de Clarey, de Vilaisnes, de Prouville et de Landreville.
Cour supérieure des grands jours de Saint Mihiel. Ensuite Parlement de Metz, puis celui de Paris, comme Clermontois.
Ancien bailliage de Dun et Stenay, puis celui de Clermont, siégeant à Varennes.
Ancienne prévôté de Dun, puis celle de Clermont.

Histoire de Lions

On sait que dans la forêt de Wabvre, s’est élevé le castellum Meerenwaldi (Ch. de 1082). Sous l’emplacement de ce castellum est le bois du Deffois, ce bois que traversait la chaussée austrasienne de Metz à Rheims, au temps de la reine Brunehault. Le souvenir d’une grave révolte, defectus, doit être caché sous ce mot.

Le père de l’histoire de France, Grégoire de Tours, dans ses vieilles annales des Gaules, nous a conservé les détails d’un événement mémorable, que tout indique s’être passé, sur ce théâtre, en face et au pied de la rampe du castrum d’Arimont.

C’était en l’an 587, alors que le jeune Childebert régnait dans les deux Belgiques (Rheims et Metz), sous la mainbournie de son oncle et père adoptif Gontram, roi des Burgondes, et alors que sa mère Brunichilde, d’une main intelligente et sûre, tenait le sceptre de l’Austrasie.

En ce temps là, vivait Gunthram Bose, le mauvais génie des monarques des Gaules, courtisan insidieux, qui devint l’instigateur des crimes de Chilpéric et de Frédégunde, et qui fut le machinateur perfide de leurs trames contre Brunehault et contre son fils. Gunthram Bose périt dans l’oratoire de Saint Airy, à Verdun, où il avait cherché un refuge contre les exécuteurs de sa condamnation à mort. L’évêque fut mortellement affligé de cette violation de sa Sauvegarde : il éleva et il établit les enfants du Bose, qui parait être l’auteur de la race des Boson, ces leudes perfides tous fameux, par leur puissance et par leurs crimes, dans l’histoire des Wabvres et de la Lotharingie.

A Rheims, vivait un comte Lupus, duc des Calalauniens. Dépositaire fidèle des pouvoirs et de la confiance de la régente, ce Leude était en but aux machinations du Bose et de ses adhérents Berthefride et Ursion du castrum Wabrense.

Lupus avait été contraint de garnir de défenses toute la frontière campanienne de son département. Un jour, cependant il faillit succomber sous les attaques de ses ennemis. Ecoutez le récit de Grégoire de Tours.

Dans l’intention de se défaire du duc, Ursion et Berthefride avaient assemblé des cavaliers contre lui. De son côté, Lupus avait réuni les troupes dont il pouvait disposer dans son gouvernement. Celles-ci, venues de Rheims, avaient passé la Meuse à Milly, il est probable. Les autres étaient descendues des hauts de Metz, dans les basses Woepvres, et les deux armées se trouvaient en présence dans la campagne du prœdium Arei.

Brunehault, instruite du conflit, accourt de Metz. Elle traverse la forêt qui, encore aujourd’hui, porte son nom, près de Pilon et de Mangiennes. Elle débouche par la voie qui accède au castrum de Romagne, elle traverse la chaussée de Dampvillers à Brandeville, et du sommet de Hab-sault, elle se précipite au milieu des assaillants. Guerrière intrépide comme la foudre, elle tombe dans les escadrons qui s’arrêtent.

« Cessez, dit-elle, cessez, je vous en adjure, cessez cette guerre sacrilège. Abandonnez un dessein impie, cessez de poursuivre un innocent et de combattre votre roi. N’allez pas, par une haine personnelle contre son plus fidèle serviteur, porter la désolation dans toute une contrée ».

« Retire-toi ! lui répond Ursion, femme, retire toi… C’est bien assez que tu aies gouverné ce royaume quand vivait ton époux… aujourd’hui c’est ton fils qui porte la couronne, le pays n’a plus besoin de ta funeste protection. A nous, à nous seuls, désormais, de veiller à son repos. Hâte-toi, je t’en préviens, hâte toi de sortir de nos rangs, si tu ne veux que, foulée aux pieds, ton corps ne reste applati sous les fers de nos chevaux ».

Mais la peur n’a pas prise sur une âme trempée comme l’était celle de Brunehault… Elle insiste, elle adjure, elle persiste. Aucun refus ne la rebute : les armes tombent enfin des mains des rebelles… et ils se retirent. Lupus congédie ses troupes et il se retire dans un de ses châteaux.

Cependant, quelques jours après, les conjurés sont revenus à la charge. Furieux, ils se ruent sur les domaines du comte, ils forcent ses manoirs, ils pillent ses trésors. Des menaces de mort partent de leurs lèvres : « Non ! vivant, il n’échappera pas de nos mains ! » s’écrient-ils. Lupus, caché près de là, les entend. Il traverse la forêt de Wabvre, et, avec sa femme, il se réfugie dans un château voisin, lequel était occupé par les Burgondes, qui, alors, étaient maîtres du Verdunois.

L’historien nomme ce château la ville de Lugduni Clavati, expression qui localise la scène à Lions devant Dun.

L’aleud d’Arimont

Romare d’Arimont

A la charte de fondation du prieuré de Saint Giles, 1094, en outre de Wauthier, haut voué de Dun, figurent sept donateurs : Herbertus, Warinus, Lambertus, Varnerus, Romarus, Milo et Elbertus. Milon de Milly et Elbert de Cesse donnent un pré sur la Meuse, les cinq autres ont cédé l’aleud sur lequel est construit le couvent.

Comment cet aleud était-il en leurs mains ? Voici :

Herbert est avoué de la cathédrale virdunoise, à Chauvancy. Varin ou Gharin est châtelain de Laferté. Lambert, sire de Pouilly, parait être ce Lambertus de Sathanaco que, dans sa charte de 1107, la comtesse Mathilde de Toscane, donnant tout le Septiminium et le Mosagium à l’église des Claves, excepte, formellement, avec Dragon son frère, de sa concession. Varnier est sire du Verniacensis. Ce doit être un des auteurs des maisons de Wale et de Failly. Enfin Romarus, c’est le lion des montagnes : Romare, comme le dit son nom, dominait, il est probable, depuis Romagne sous les côtes jusqu’à Romagne sous Montfaucon.

Le Septiminium comprenait le versant des Argonnes, depuis Septsarges jusqu’à la Wiseppe – le Mosagium comprenait toute l’agence de la Meuse jusqu’à Mouzon, et notamment Stenay et Mouzay.

Voyez les témoins : Richerius de Dun, Fredericus de Dun, Leudo de Failly, Albertus de Briey, Aleranus de Mucey, Herbertus de Mangiennes, Ancelmus, de Chauvancy, Rodulphus de Dun, Ramardus de Rameray, Amalricus de Raucourt et Symon l’ancien, sire de Murault.

Falcon de Mérowald

Après Romare, le premier Arien alloti au Castellum de Mérowald ou Mirowaulx, est Falcon, frère de Philippe, Philippus de Lupeio, celui-ci premier seigneur connu de Louppy les deux châteaux (Ch. de 1172, de l’évêque Arnoux de Chiny, pour Chatillon). Falcon était oncle, conséquemment, d’Arnoux, sire de Louppi et du Mont Saint Martin (Ch. de 1279,1287), celui-ci fils puîné de Philippe de Louppi. Falcon mourut sans enfants, tout l’indique.

Gauthier de Mérowald

Apparaît ensuite Gauthier, Galtherus ou Waltherus, de Mérowald. Celui-ci avait épousé Azeline de Dun, fille unique (du premier lit) de Gobert Ier de Dun-Apremont (Ch. de 1150, 1156, 1163). Gauthier était fils de Pierre de Murault, il était petit-fils de Symon l’ancien.

En 1279, le 15 juin, Gauthier de Mérowald, avec son beaupère Gobert Ier de Dun-Apremont, avec Lieutard, seigneur de Jametz, avec Evrard d’Orne, avec Albert de Clermont dit le Loup, assiste, comme cofidéjusteur, au traité solennel conclu entre la comtesse Agnès de Bar, au nom de son fils Henry Ier, et le chapitre de la cathédrale des Claves, pour l’administration temporelle de la vicomté de Verdun. A ce traité figurait aussi Arnoux de Louppy, qui alors était gouverneur de la châtellenie de Stenay.

Gauthier de Mérowald, mort, paraît-il, sans postérité, disparaît pour faire place à Henry de Mérowald, frère de Gérard Ier de Louppy, sire d’Haraucourt et de Remoiville, l’un et l’autre fils d’Arnoux, sire de Louppy et du Mont Saint Martin.

A suivre…


Archive pour 17 janvier, 2011

Lion-devant-Dun du VIe au XIIIe siècle

Carte Lion-devant-Dun

Petit village de 180 habitants, Lion-devant-Dun se situe au pied de la côte Saint-Germain, qui sert aujourd’hui de point d’envol aux amateurs de parapente.

Je vous propose de partager l’histoire de ce village, depuis la fin du VIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle. On a même un peu de mal à imaginer que tant d’événements s’y soient déroulés.

Les anciennes appellations ont été respectées.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – 1861

Ancienne baronnie-pairie de la chastellenie de Dun.

Origines

Suivant Herric, moine d’Auxerre, auteur de la vie de saint Germain, un camp romain aurait été établi sur le plateau quasi elliptique de la côte, qu’il appelle Morfagne, et qui paraît être celui de notre côte Saint Germain.

Il en attribue les retranchements à l’empereur Adrien, lors de ses voyages dans les Gaules, ce qui en reporterait l’existence vers l’an 117 de notre ère. Quelle que soit l’identité, plus ou moins douteuse, cette tradition appliquée au plateau d’Arimont est assez probable (A toutes époques, on a trouvé de nombreuses médailles romaines sur la côte saint Germain).

Aucun emplacement, certes, ne répondit mieux aux exigences de l’ancienne castramétation. Arimont, à l’altitude de 350 mètres est le point dominateur de toutes nos dunes. Son plateau allongé, entouré d’une ceinture de fer, Meerenwaldi castellum, réunissait toutes les conditions, exigées alors, pour la défense et pour le stationnement, à poste fixe, d’une légion.

Au bas, de Milly à Baalay, près du lit de la vieille Meuse, passait la voie diverticulaire de Divodurum Mediomatricorum (Metz) à Durocortorum-Remorum (Rheims). Cette voie traversait, au pied du Castellum, les Prœdia : Putei villare, Bonum villare, Arei villare. Elle mettait en communication directe les stations de l’Argonne, ad Romanas, sous Montfaucon, avec les stations des Woepvres, ad Romanas, sous Mont Urbel.

Erection en commune par Gobert V d’Apremont et sa mère Julianne du Rosois, dame de Dun.
Causes : le mouvement des affranchissements, l’approche de la septième croisade, les besoins d’hommes et d’argent pour la défense des châteaux confiés à la garde des châtelaines.
Date de la charte d’affranchissement : avril 1251.

Par charte du duc Edouard de Bar, du 23 août 1311, les habitants de Lions ont droit de dépaissance et de glandée dans la forêt de Wabvre et dans les aisances de Mouzay. Les limites et la consistance de ce droit ont donné lieu à de nombreuses contestations. Ils sont en outre usagers dans les 4 925 ha de la forêt de Wabvre, qui étaient de l’apanage des Condé. Par indivis avec les habitants de Baalon, de Landzécourt et de Milly, ils prenaient 5ha 12a dans les 31ha 33a affectés à l’exercice de ce droit pour les trois communes.

Ordre spirituel

Diocèse de Rheims, par impignoration des anciens prélats de Trêves et de Verdun – Archidiaconné de Champagne, sous le titre de Saint Médard de Grandpré – Doyenné de Saint Giles de Dun.

Cure : celle de Saint Maur de Lions – Annexe et desserte : anciennement celle de Saint Vincent de Murvaulx.

Hermitage : celui de l’oratoire primitif et église matriculaire des chapelains de Saint Germain d’Arimont. L’enceinte fossoyée de cette chapelle est encore très apparente. On y aperçoit, çà et là, des ossements, qui doivent être ceux des derniers hermites et ceux des personnes considérables de Lions et de Murvaulx. Au commencement de ce siècle, ils étaient abrités par un orme colossal, qu’on apercevait des points les plus éloignés de l’horizon. Aujourd’hui cet arbre est remplacé par une croix. Une foire se tenait annuellement en ce lieu vénéré de toute antiquité.

Ordre temporel

Avouerie des anciens sires de Merevald et de Louppy (Chartes de 1199, 1222, 1253)
Patronage à la collation des comtes de Bar, comme seigneurs de Dun
Dixmage au profit des mêmes et de l’université de Rheims
Entretien du chœur et des bâtiments, idem.

Ordre politique

Ancienne cité de Trêves, limites contestées par le Remois et par le Verdunois – Royaume d’Austrasie, puis de Lotharingie – Empire Germanique – Ancien pagus des basses Wabvres, in fine Wabvrensi et Trevirensi – Baronnie de Lions – Pairie des six Pers de la chastellenie de Dun – Duché de Bar, ensuite de Lorraine – Comté de Dun, sous les Condé – Haute justice des anciens barons Fiefs et arrières-fiefs : ceux des terrages inféodés et la cense de Baalay.

Ordre judiciaire

Avant la rédaction des coutumes générales : Loi du Vermandois, dans le principe – ensuite loi de Beaumont. Mesures :
pour les grains et autres matières sèches, et pour les liquides, Bar le duc
pour les bois, idem et Chiny 
pour les terres seulement, Bar le duc.

Indication de l’étalon local : l’arpent, de 100 perches – le jour ou bonnier, de 80 perches – la perche, de 18 pieds 1 pouce 6 lignes.Après la rédaction des coutumes particulières : Coutume de Chiny, ensuite celle de Saint-Mihiel, en 1571.

Anciennes assises : à Dun, des sires de Dun, de Clarey, de Vilaisnes, de Prouville et de Landreville.
Cour supérieure des grands jours de Saint Mihiel. Ensuite Parlement de Metz, puis celui de Paris, comme Clermontois.
Ancien bailliage de Dun et Stenay, puis celui de Clermont, siégeant à Varennes.
Ancienne prévôté de Dun, puis celle de Clermont.

Histoire de Lions

On sait que dans la forêt de Wabvre, s’est élevé le castellum Meerenwaldi (Ch. de 1082). Sous l’emplacement de ce castellum est le bois du Deffois, ce bois que traversait la chaussée austrasienne de Metz à Rheims, au temps de la reine Brunehault. Le souvenir d’une grave révolte, defectus, doit être caché sous ce mot.

Le père de l’histoire de France, Grégoire de Tours, dans ses vieilles annales des Gaules, nous a conservé les détails d’un événement mémorable, que tout indique s’être passé, sur ce théâtre, en face et au pied de la rampe du castrum d’Arimont.

C’était en l’an 587, alors que le jeune Childebert régnait dans les deux Belgiques (Rheims et Metz), sous la mainbournie de son oncle et père adoptif Gontram, roi des Burgondes, et alors que sa mère Brunichilde, d’une main intelligente et sûre, tenait le sceptre de l’Austrasie.

En ce temps là, vivait Gunthram Bose, le mauvais génie des monarques des Gaules, courtisan insidieux, qui devint l’instigateur des crimes de Chilpéric et de Frédégunde, et qui fut le machinateur perfide de leurs trames contre Brunehault et contre son fils. Gunthram Bose périt dans l’oratoire de Saint Airy, à Verdun, où il avait cherché un refuge contre les exécuteurs de sa condamnation à mort. L’évêque fut mortellement affligé de cette violation de sa Sauvegarde : il éleva et il établit les enfants du Bose, qui parait être l’auteur de la race des Boson, ces leudes perfides tous fameux, par leur puissance et par leurs crimes, dans l’histoire des Wabvres et de la Lotharingie.

A Rheims, vivait un comte Lupus, duc des Calalauniens. Dépositaire fidèle des pouvoirs et de la confiance de la régente, ce Leude était en but aux machinations du Bose et de ses adhérents Berthefride et Ursion du castrum Wabrense.

Lupus avait été contraint de garnir de défenses toute la frontière campanienne de son département. Un jour, cependant il faillit succomber sous les attaques de ses ennemis. Ecoutez le récit de Grégoire de Tours.

Dans l’intention de se défaire du duc, Ursion et Berthefride avaient assemblé des cavaliers contre lui. De son côté, Lupus avait réuni les troupes dont il pouvait disposer dans son gouvernement. Celles-ci, venues de Rheims, avaient passé la Meuse à Milly, il est probable. Les autres étaient descendues des hauts de Metz, dans les basses Woepvres, et les deux armées se trouvaient en présence dans la campagne du prœdium Arei.

Brunehault, instruite du conflit, accourt de Metz. Elle traverse la forêt qui, encore aujourd’hui, porte son nom, près de Pilon et de Mangiennes. Elle débouche par la voie qui accède au castrum de Romagne, elle traverse la chaussée de Dampvillers à Brandeville, et du sommet de Hab-sault, elle se précipite au milieu des assaillants. Guerrière intrépide comme la foudre, elle tombe dans les escadrons qui s’arrêtent.

« Cessez, dit-elle, cessez, je vous en adjure, cessez cette guerre sacrilège. Abandonnez un dessein impie, cessez de poursuivre un innocent et de combattre votre roi. N’allez pas, par une haine personnelle contre son plus fidèle serviteur, porter la désolation dans toute une contrée ».

« Retire-toi ! lui répond Ursion, femme, retire toi… C’est bien assez que tu aies gouverné ce royaume quand vivait ton époux… aujourd’hui c’est ton fils qui porte la couronne, le pays n’a plus besoin de ta funeste protection. A nous, à nous seuls, désormais, de veiller à son repos. Hâte-toi, je t’en préviens, hâte toi de sortir de nos rangs, si tu ne veux que, foulée aux pieds, ton corps ne reste applati sous les fers de nos chevaux ».

Mais la peur n’a pas prise sur une âme trempée comme l’était celle de Brunehault… Elle insiste, elle adjure, elle persiste. Aucun refus ne la rebute : les armes tombent enfin des mains des rebelles… et ils se retirent. Lupus congédie ses troupes et il se retire dans un de ses châteaux.

Cependant, quelques jours après, les conjurés sont revenus à la charge. Furieux, ils se ruent sur les domaines du comte, ils forcent ses manoirs, ils pillent ses trésors. Des menaces de mort partent de leurs lèvres : « Non ! vivant, il n’échappera pas de nos mains ! » s’écrient-ils. Lupus, caché près de là, les entend. Il traverse la forêt de Wabvre, et, avec sa femme, il se réfugie dans un château voisin, lequel était occupé par les Burgondes, qui, alors, étaient maîtres du Verdunois.

L’historien nomme ce château la ville de Lugduni Clavati, expression qui localise la scène à Lions devant Dun.

L’aleud d’Arimont

Romare d’Arimont

A la charte de fondation du prieuré de Saint Giles, 1094, en outre de Wauthier, haut voué de Dun, figurent sept donateurs : Herbertus, Warinus, Lambertus, Varnerus, Romarus, Milo et Elbertus. Milon de Milly et Elbert de Cesse donnent un pré sur la Meuse, les cinq autres ont cédé l’aleud sur lequel est construit le couvent.

Comment cet aleud était-il en leurs mains ? Voici :

Herbert est avoué de la cathédrale virdunoise, à Chauvancy. Varin ou Gharin est châtelain de Laferté. Lambert, sire de Pouilly, parait être ce Lambertus de Sathanaco que, dans sa charte de 1107, la comtesse Mathilde de Toscane, donnant tout le Septiminium et le Mosagium à l’église des Claves, excepte, formellement, avec Dragon son frère, de sa concession. Varnier est sire du Verniacensis. Ce doit être un des auteurs des maisons de Wale et de Failly. Enfin Romarus, c’est le lion des montagnes : Romare, comme le dit son nom, dominait, il est probable, depuis Romagne sous les côtes jusqu’à Romagne sous Montfaucon.

Le Septiminium comprenait le versant des Argonnes, depuis Septsarges jusqu’à la Wiseppe – le Mosagium comprenait toute l’agence de la Meuse jusqu’à Mouzon, et notamment Stenay et Mouzay.

Voyez les témoins : Richerius de Dun, Fredericus de Dun, Leudo de Failly, Albertus de Briey, Aleranus de Mucey, Herbertus de Mangiennes, Ancelmus, de Chauvancy, Rodulphus de Dun, Ramardus de Rameray, Amalricus de Raucourt et Symon l’ancien, sire de Murault.

Falcon de Mérowald

Après Romare, le premier Arien alloti au Castellum de Mérowald ou Mirowaulx, est Falcon, frère de Philippe, Philippus de Lupeio, celui-ci premier seigneur connu de Louppy les deux châteaux (Ch. de 1172, de l’évêque Arnoux de Chiny, pour Chatillon). Falcon était oncle, conséquemment, d’Arnoux, sire de Louppi et du Mont Saint Martin (Ch. de 1279,1287), celui-ci fils puîné de Philippe de Louppi. Falcon mourut sans enfants, tout l’indique.

Gauthier de Mérowald

Apparaît ensuite Gauthier, Galtherus ou Waltherus, de Mérowald. Celui-ci avait épousé Azeline de Dun, fille unique (du premier lit) de Gobert Ier de Dun-Apremont (Ch. de 1150, 1156, 1163). Gauthier était fils de Pierre de Murault, il était petit-fils de Symon l’ancien.

En 1279, le 15 juin, Gauthier de Mérowald, avec son beaupère Gobert Ier de Dun-Apremont, avec Lieutard, seigneur de Jametz, avec Evrard d’Orne, avec Albert de Clermont dit le Loup, assiste, comme cofidéjusteur, au traité solennel conclu entre la comtesse Agnès de Bar, au nom de son fils Henry Ier, et le chapitre de la cathédrale des Claves, pour l’administration temporelle de la vicomté de Verdun. A ce traité figurait aussi Arnoux de Louppy, qui alors était gouverneur de la châtellenie de Stenay.

Gauthier de Mérowald, mort, paraît-il, sans postérité, disparaît pour faire place à Henry de Mérowald, frère de Gérard Ier de Louppy, sire d’Haraucourt et de Remoiville, l’un et l’autre fils d’Arnoux, sire de Louppy et du Mont Saint Martin.

A suivre…

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