L’histoire d’une hottée de pommes ou le début d’une guerre

Blason de Le Ban Saint MartinPommes

 

D’après le « Dictionnaire du département de la Moselle » de Claude Philippe de Viville – 1817
et « Histoire de Metz » de Jean François – 1775

La commune de Le Ban-Saint-Martin (Moselle) doit son nom à une abbaye célèbre de Bénédictins. On ignore l’époque de sa fondation, mais il est certain qu’elle existait au VIIe siècle, puisqu’en 613 elle fut visitée par Saint Romaric. Elle s’appelait alors « Saint-Martin-aux-Champs », parce qu’elle était située sur le penchant de la côte de Saint-Quentin.

Elle fut restaurée et enrichie par Saint Sigisbert, dixième Roi d’Austrasie, qui fut inhumé dans l’église de cette abbaye en 656. En 841, Lothaire, fils de Louis-le-Débonnaire, visita cette abbaye à laquelle il se fît agréger et dont l’abbé lui copia les livres des Evangiles.

En 1009, lorsque l’Empereur Henri II vint assiéger Metz, l’abbaye de Saint Martin fut détruite par les Esclavons qui, pendant six ans, portèrent le fer et la flamme dans le Pays-Messin. L’Empereur voulant réparer ses torts, donna une grosse somme d’argent aux religieux pour rétablir leur monastère. Alors ils se rapprochèrent de la ville, et vinrent habiter le faubourg, au bas de la montagne, d’où le nom de « Saint-Martin au fauxbourg » à compter de cette date.

L’Eglise ne fut achevée qu’en 1063. Cette Basilique devint la plus riche et la plus magnifique de toute la chrétienneté et ils y transférèrent les reliques de saint Sigisbert, Roi d’Austrasie, leur fondateur.

L’Abbé Richer, qui écrivait vers le milieu du XIIe siècle, dit, dans la description en vers qu’il en a faite, « qu’elle n’étoit éloignée de la ville que d’environ cinq cens cinquante pas, qu’elle en avoit cen soixante de longueur, soixante pieds de largeur, et cinquante quatre de hauteur sous voûte ; qu’elle étoit soutenue de six vingt colonnes, qu’il y avoit huit portes et soixante-dix fenêtres ; que le dehors étoit orné de plusieurs tours , et l’intérieur de quantité de couronnes d’or et de tables d’ivoire ».

Il ajoute que ni Rome, ni Jérusalem, ni Antioche, ni Constantinople n’avoient rien dans ce genre, ni de si beau, ni de si brillant.

Cependant, cette abbaye et le bourg de Saint Martin, quoiqu’à 550 pas du pont des Morts, étaient sous la puissance des ducs de Lorraine qui donnaient l’investiture à l’abbé, sans qu’il eut besoin de demander des bulles au Pape.

En 1427, Nicolas Chaillot promu à cette abbaye par les religieux, sollicita des bulles. Cette démarche offensa le duc et causât dans l’abbaye des discussions, dont Perrin d’Haussonville profita pour chercher à supplanter Chaillot. Celui-ci se retira dans une maison qu’il possédait à Metz où il vivait dans la retraite.

Mais son repos fut bientôt troublé à l’occasion d’une hottée de pommes qu’il fit apporter à Metz des jardins de l’abbaye. Les gens du duc Charles II voulurent percevoir les droits sur ces fruits, en raison de leur sortie des États de Lorraine pour entrer dans Metz. Les Messins défendirent à l’abbaye de les payer.

Les esprits s’aigrirent peu-à-peu, on commença par prendre du bétail de part et d’autre, on fit des prisonniers. Enfin, on en vint à une guerre ouverte. Les premiers actes d’hostilités exercés par les Lorrains, furent faits dans le village de Corny, ceux de Metz usèrent de représailles sur celui de Belrain.

Le Duc voyant que l’affaire devenait sérieuse, envoya défier les Messins par Didier de Chaufourt, et voulut que toute sa Noblesse adhérât à ce défi.

Les Messins de leur côté, appelèrent à leur secours un gentilhomme nommé Arest, qui ne cherchait que l’occasion de se vanger de certaines injures qu’il disait lui avoir été faites par ce Prince. Pour l’engager plus fortement dans leur parti, ils lui cédèrent la moitié de la forteresse de Verry. Ils attaquèrent d’abord le monastère et le faubourg de Saint Martin, où ils ne laissèrent que les deux Églises de l’Abbaye et de la paroisse.

Charles II, dans le dessein d’affamer la ville de Metz, fit fermer toutes les avenues de ses États du côté de cette ville, et défendit qu’on y portât aucuns vivres. Il essaya d’en faire faire autant à la Duchesse de Luxembourg, mais cette princesse ne voulut point entrer dans cette querelle.

Au mois de juin 1429, le Duc envoya environ 1 500 chevaux et 5 000 hommes de pied, pour faire le dégât dans la plaine de Metz. Ils y abattirent le gibet auquel il y avait 32 hommes attachés. Ils fauchèrent plusieurs champs de blé, et retournèrent en Lorraine.

Comme les Messins ne se pressaient point de se mettre en campagne, et refusaient constamment de payer les droits que le Duc exigeait pour la hottée de pommes, ce prince engagea dans sa cause le Duc de Bar son gendre, qui envoya le 10 juillet son héraut-d’armes défier les seigneurs et bourgeois de Metz.

Le même jour, le Duc de Bavière, le Marquis de Bade, gendre du Duc Charles, et l’Archevêque de Cologne, envoyèrent faire le même défi à Metz, et dès le lendemain, tous marchèrent vers cette ville avec une armée de 10 000 chevaux et de 20 000 hommes de pied.

Le premier jour, le 11 juillet, ils s’emparèrent de la forteresse de Goin. Ils fauchèrent les grains de Goin, de Pagney et de Vigney, dont ils attaquèrent sans succès le château. Le lendemain, ils prirent celui de Crepy, et allèrent de là brûler la haute et la baffe Bevoy, et le village de Peltre.

Le 13, ils mirent le feu au village de Magny, coupèrent les vignes, fauchèrent les blés de plus de mille journaux de terres, dans les finages de Peltre, Crepy et Magny. Le 14, ils en firent autant à Malroy. Le même jour, le Seigneur de Rodemach et de Boulay, à qui le Duc Charles avait donné, à ce que l’on prétendait, trois mille francs pour l’engager dans son parti, vint aussi défier les bourgeois de Metz.

Le 15, toute l’armée s’avança vers cette ville du côté de sainte Barbe. Elle mit le feu dans les villages où elle avait logé, et vint camper si près de Metz, qu’on pouvait compter leurs tentes de dessus le clocher de la Cathédrale.

Ce jour là, l’Evêque Conrad Bayer de Boppart vint de Vic à Metz, et offrit aux bourgeois sa médiation pour un accommodement avec le Duc de Lorraine. Les Magistrats le remercièrent, et lui dirent, que tant que le Duc et ses gens continueraient d’en user de la sorte, ils ne pourraient faire aucun traité avec lui.

Le 16, les Lorrains se rendirent de grand matin au haut de Châtillon. Ils y dressèrent le 18, deux grosses bombardes qui tirèrent contre Metz, sans y causer de dommages considérables.

Les Messins, de leur côté, dressèrent contre l’armée ennemie, une batterie de deux bombardes, qui tuèrent du monde. Ils s’effrayèrent si peu de voir cette armée aux environs de leurs murs, qu’ils ne renforcèrent que très faiblement les gardes, et n’en fermèrent leurs portes ni plutôt ni plus tard.

On vit, comme auparavant, les gens de la campagne apporter des vivres dans la ville, et les pillards de la garnison courir la campagne, et faire des prises sur l’ennemi.

Le 20, le Duc de Bar René d’Anjou, se retira dans son pays avec ses troupes. Alors les Messins pour se venger des Seigneurs de Rodemach et de Moërs, alliés du Duc de Lorraine, et qui lui avaient amené des troupes devant Metz, marchèrent contre eux, se rendirent maîtres de ces deux villes, et les brûlèrent.

Durant la même guerre, les Lorrains vinrent un jour au nombre de 10 000 hommes dans la plaine de Metz, et y firent de grands dégâts. Les Messins envoyèrent contre eux 400 chevaux qui les suivirent dans leur retraite, et les atteignirent près de Pont-à-Mousson. Les Lorrains les repoussèrent jusqu’au clos de saint Symphorien. Là, les Messins, sûrs de leur retraite, mirent pied à terre, se défendirent, et leur prirent 70 soldats avec leurs Capitaines, Messire Verry de Tournay, et le Prévôt de Châtenoi, qui tous furent amenés prisonniers à Metz, où ils y demeurèrent plusieurs mois.

Cependant, à force de sollicitations et de prières, l’Evêque de Metz et le Comte de Salm, firent conclure entre le Duc Charles et les Messins, une trêve qui devoir durer depuis la veille de la Conception 7 Décembre 1429, jusqu’au lendemain de Noël de la même année.

Le Prélat et le Comte profitèrent de ce moment de calme, pour chercher des moyens d’accommodement entre les parties, et se rendirent l’un et l’autre à Metz, le lendemain de la Fête de saint Thomas de Cantorbery 30 décembre, pour y annoncer que le Duc de Lorraine avait nommé des commissaires avec plein pouvoir de finir toutes les difficultés. Ces députés étaient les Comtes de Salm, de Blamont, de Richecourt et d’Apremont. Ils s’assemblèrent le jour même, dans l’Abbaye de saint Arnoul hors des murs de la ville, et arrêtèrent qu’on relâcherait les prisonniers de part et d’autre, et que chacun demeurerait comme il était avant la guerre.

Le Comte de Salm publia cette paix le premier jour de l’an 1430, dans la chapelle de Notre-Dame de la Ronde, mais Charles ne voulut ni recevoir les prisonniers qui lui furent envoyés de Metz, ni relâcher ceux qui étaient en sa puissance.

Dans l’intervalle, Conrad de Boppart était allé à Rome avec son neveu Jacques de Sierck, pour faire valoir son élection à l’Archevêché de Trêves. Il fut fort surpis à son retour à Metz, sur la fin de juillet 1430, d’apprendre que le Duc ne voulait tenir aucune des conditions de la paix. Il se donna, de même que le Comte de Salm, tous les mouvements possibles pour obtenir l’élargissement des prisonniers, mais le Duc exigea des conditions trop dures, et ils demeurèrent à Nancy et dans les autres lieux où ils étaient gardés, jusqu’au 25 janvier 1431, jour de la mort du Duc Charles. Alors, la Duchesse Marguerite son épouse, à qui l’autorité était dévolue, les fit mettre tous en liberté.

Les Messins démolirent quand même la Basilique de Ban-Saint-Martin, et ils en employèrent les démolitions à construire la digue de Wadrineau qui n’était alors qu’un bâtardeau.

Implacable dans son ressentiment, la ville de Metz défendit, à ses habitants, de bâtir ou de réédifier aucune maison dans le faubourg de Saint-Martin, et même de prêter de l’argent aux étrangers qui voudraient s’y établir.

Et c’est ainsi que, pour une hottée de pommes, s’était allumée une guerre sanglante, où furent brûlés plusieurs villages, et qui causa la ruine d’une très ancienne abbaye et d’une église qui ne cédait en rien à la cathédrale de Metz.

Devenu faubourg de Metz, le Ban-Saint-Martin se rétablit promptement, mais les maisons en furent rasées dans le siège de 1444. Elles le furent encore en 1552, par le duc de Guise, lorsque Charles-Quint vint assiéger Metz.

Les reliques de Saint Sigisbert, qui étaient restées dans l’Eglise paroissiale du faubourg, furent données au duc Charles III par les Messins, qui les transportèrent solennellement jusqu’à Corny. Elles furent ensuite déposées dans la primatiale de Nancy. 


Archive pour décembre, 2010

Scarpone

Carte de Dieulouard

 

D’après la « Notice historique sur Scarpone et Dieulouard » de l’abbé Melnotte – 1895

Suivant quelques historiens, la ville de Scarpone devrait son origine à une colonie de Troyens fugitifs, ayant à leur tête un nommé Serpanus.

Citons, à titre de curiosité, un extrait de la Chronique de Metz, mise en vers français, au XVe siècle, par Jean Châtelain :

Troyes la Grande fut détruite
L’an quatre mil deux cent et huit,
Par la fortune de Paris
Et d’Hélène tout fut péri.

Les Troyens prenant leur départ,
Cherchant refuge autre part,
Au long, au large, à la ronde,
Furent dispersés par le monde.

De ces Troyens de grande noblesse,
Vinrent neuf personnages à Metz,
Que l’on nommait Dividuum.
Tous étaient de nobles prudhommes.

L’un d’eux était nommé Serpanus,
Avec lui son frère Aurenus.
Ils étaient tous deux fils de Roi,
Et bons justiciers en leur loi…

Un château taillé et muré
Fit faire pour y demeuré.
Mais quand il fut bien élevé,
Le redéfit pour abrégé.

Ce château de noble façon
Etait au-delà de Monçon.
On l’abattît, ce fut dommage,
Mais on y fit un beau village.

Ce village fut nommé Serpane.

Est-il besoin de dire que c’est là un conte fabuleux ?

La vérité est que la fondation de Scarpone remonte aux premiers temps de la domination romaine dans nos contrées. Lorsque l’empereur Auguste établit les grandes chaussées qui reliaient les Gaules à Rome, un pont fut jeté sur la Moselle, vis-à-vis de la côte de Gellamont, pour servir à la grande voie qui allait de Metz à Toul. Puis, tout à coté, pour le protéger et en défendre passage, on éleva une forteresse qu’on nomma Scarpone, à cause des rochers escarpés au pied desquels elle était assise.

En même temps, les Romains, en habiles stratégistes, construisirent quelques ouvrages fortifiés, quelques retranchements, sur les collines environnantes de Gellamont, Cuite, Hermomont, Sainte-Geneviève, Mousson.

Attirés par la beauté de cette riche vallée, par la facilité des communications, et surtout par le voisinage d’une forteresse où ils pouvaient chercher un refuge en cas de danger, bon nombre de Romains et de Gaulois vinrent se fixer à Scarpone. Ils se bâtirent des villas tout autour de la forteresse et jusque sur les flancs des charmantes collines voisines.

De la sorte, Scarpone s’accrut rapidement en population et en étendue. Il devint une des villes les plus importantes du pays, bien qu’il n’ait jamais embrassé les sept lieues de tour que la tradition lui attribue.

« Il est aisé, dit Dom Calmet, de conjecturer par les vestiges des anciens monuments découverts à Scarpone, que cette ville a été une des plus considérables de la province ». Elle semble avoir atteint son plus haut degré de splendeur, son apogée, au commencement du IVe siècle. En effet, les morceaux d’architecture et de sculpture recueillis dans ses ruines appartiennent presque tous à cette époque.

La religion païenne était la religion primitive de Scarpone. On y adorait les principales divinités de Rome et de la Gaule, ainsi qu’en témoignent les nombreuses statues qu’on y a découvertes. Jupiter, le père des dieux du paganisme, y avait ses autels, Vénus y recevait des honneurs comme partout. Une statue en bronze de Vénus, trouvée dans les ruines de Scarpone, se trouve au musée lorrain.

Mercure, Junon, Bacchus, Diane, Morphée, y avaient leurs images. Sur la côte de Cuite, qui fixait la limite du pays messin et du pays leuquois, un temple était dédié au dieu Terme.

Il serait intéressant de connaître l’époque précise de l’introduction du christianisme à Scarpone. Malheureusement, l’histoire est muette sur ce point. Sans doute, il est permis raisonnablement de croire qu’il y avait des chrétiens dès les Ier et IIe siècles, comme il y en avait à Toul et à Metz. Mais en l’absence de documents authentiques, on en est réduit à de simples conjectures. Tout ce qu’on peut affirmer, c’est que la religion chrétienne s’y implanta sérieusement sous le règne de Constantin-le-Grand, et y fit de rapides progrès.

On sait que, dans le cours de l’année 311, ce prince quitta Trêves, sa résidence favorite, pour aller conquérir l’Italie. Un soir, vers le coucher du soleil, son camp est éclairé d’une vive lumière : c’est une croix de feu qui est apparue dans les airs, avec ces mots : « In hoc signo vinces, par ce signe tu vaincras ».

Converti et transporté de joie, Constantin arbore la croix dans ses étendards, traverse les Alpes et remporte deux victoires qui lui assurent la conquête du monde. De retour à Trêves, il s’applique à répandre la bonne nouvelle de l’Evangile, et élève partout des temples au vrai Dieu, notamment à Scarpone.

« Les Scarponois, dit Le Bonnetier, sont en droit de réclamer Constantin-le-Grand comme auteur de leur église (placée sous le patronage de St Georges). Cette église fut sans doute, desservie par un prêtre résidant, qui avait pour mission la conduite et l’instruction des néophytes ».

Certains auteurs ont pensé que l’apparition du Labarum avait eu lieu dans les environs de Scarpone, et que les habitants de cette ville avaient pu en être les témoins oculaires. Quoi qu’il en soit, ceux-ci élevèrent un bel obélisque qui rappelait ce fait miraculeux. Sur les faces du piédestal étaient des bas-reliefs représentant la victoire de Constantin sur Maxence et son entrée triomphale à Trêves. Le sommet était orné d’une croix en pierre, entourée de rayons, « semblable à une petite roue de carrosse ».

A partir de Constantin, Scarpone vit sa prospérité décroître, par suite des incursions des barbares.

La Gaule a toujours été pour les Allemands un objet d’ardentes convoitises. Plusieurs fois déjà, pendant les IIe et IIIe siècles, ils l’avaient envahie, sans pouvoir toutefois s’y établir. Or, rapporte l’historien Ammien Marcellin, ils l’envahirent de nouveau dès les premiers jours de l’année 366, et mirent en déroute les généraux romains chargés de surveiller les frontières.

L’empereur Valentinien Ier, qui se trouvait alors à Paris, ressentit le plus vif chagrin à la nouvelle de cette défaite, et aussitôt il envoya un autre général, Dagalaïf, pour les repousser. A son tour, Dagalaïf fut rappelé à cause de son indécision, et remplacé par Jovin, maître de cavalerie. A celui-ci, était réservé l’honneur de battre l’ennemi et de le chasser du territoire. Une première bande d’Allemands s’était avancée jusque Scarpone. Jovin tombe sur elle à l’improviste et l’extermine, sans qu’il lui en coûte, à lui, un seul homme.

Nous pensons, avec M. Digot, que cette première rencontre eut lieu à l’extrémité du bourg de Dieulouard, du côté de Nancy, sur la route nationale. Une chose nous confirme dans notre opinion, c’est que, il y a quelques années, on a découvert à cet endroit une énorme quantité d’ossements d’hommes et de chevaux, entassés pêle-mêle : ce qui indique évidemment l’emplacement d’un champ de bataille.

Puis, profitant de l’ardeur de ses soldats encouragés par ce succès inespéré, il marche contre un second corps d’Allemands que ses éclaireurs lui ont signalé sur la rive droite de la Moselle. Il s’en approche, sans être vu, en se glissant dans une vallée couverte de forêts. II les aperçoit qui sont occupés, les uns à se baigner, les autres à boire ou à se teindre les cheveux selon la mode de leur pays. De suite, il fait sonner la charge, se précipite sur eux, sans leur laisser le temps de courir aux armes et de se ranger en bataille. Il en fait un horrible carnage. Quelques-uns seulement parvinrent à s’échapper, en se sauvant par des sentiers étroits et tortueux.

Ce second combat fut livré, entre Atton et Loisy, au lieu appelé « terre maudite ». L’endroit où les morts furent enterrés se nomme encore « l’Atrée ou le cimetière des Allemands ».

Un siècle plus tard (451), Scarpone eut à subir un siège mémorable. Attila, le fléau de Dieu, a passé le Rhin à la tête de ses hordes innombrables. Longeant la chaîne des Vosges, il marche vers la Moselle. Tarquimpol, Mayence, Trêves, ne sont bientôt plus qu’un monceau de ruines.

Tous les habitants qui n’ont pu fuir sont passés au fil de l’épée. Dans le courant du mois de mars, raconte Paul Diacre, le Barbare parait devant Metz. Mais la ville lui ayant fermé ses portes, il ne jugea pas à propos d’en faire le siège, l’estimant trop forte. Et comme il avait hâte de pénétrer jusqu’au coeur même de la Gaule, il se contenta d’en ravager les environs, et continua sa route.

Maintenant, c’est au tour de Scarpone à trembler. Toutes les collines où s’élèvent aujourd’hui les villages de Dezaumont, Sainte-Geneviève, Landremont, sont couvertes de Huns, à l’aspect farouche et sauvage.

A la première nouvelle de leur approche, les Scarponois, sachant le sort qui leur sera réservé en cas de défaite, se sont empressés de mettre leur forteresse en état de défense. Ils ont réparé les murailles, coupé les ponts, dressé sur les remparts et sur les tours les machines de guerre, nettoyé le fossé de circonvallation, qui est la principale force de la place.

Longtemps, l’épouvante fut grande parmi eux. Mais enfin, après plusieurs assauts infructueux, les Huns, ayant appris que les murs de Metz venaient de s’écrouler subitement, retournèrent sur leurs pas, et s’emparèrent de cette dernière ville, qu’ils mirent à feu et à sang. Scarpone était sauvé.

Le danger disparu, on songea à réparer le mal. Les faubourgs étaient détruits, les nombreuses et riches villas semées alentour étaient brûlées et saccagées, on les releva. Au bout de quelques années, il ne restait plus guère de traces du passage des Huns.

Pendant les deux cents ans qui suivent, l’histoire garde un silence à peu près complet sur Scarpone. Nous n’avons à enregistrer aucun fait de quelque valeur.

Le VIIe siècle, qui vit la création de puissantes abbayes dans notre province, en particulier, celles de Luxeuil, Remiremont, Senones, Etival, Saint-Epvre, vit aussi la création d’une abbaye de Bénédictins à Scarpone, sur la colline de Gellamont.

D’où venaient ces religieux ? Combien étaient-ils ? Quel fut leur fondateur ? Autant de questions auxquelles il est impossible de répondre, les titres authentiques ayant disparu dans le pillage des guerres !

Tout récemment, on a découvert, dans la cour de cet ancien couvent, un tombeau en pierre qui renfermait un corps humain, à l’exception de la tête, et quelques fragments d’étoffe de soie. Sur le couvercle était taillée grossièrement une crosse d’abbé. Ne serait-on pas en présence des restes d’un des abbés de ce monastère ?

Toutefois, leur existence ne saurait être mise en doute. « Il y avait anciennement, près de Dieulouard, dit Dom Calmet, une abbaye de Bénédictins, nommée Gellamont, à laquelle succéda une Collégiale…. ».

L’aspect de la colline de Gellamont était alors bien différent de ce qu’il est aujourd’hui, avec ses maisons, ses vignes, ses vergers, ses houblonnières, ses champs cultivés. C’était un site rocailleux, couvert en partie de forêts. On y voyait encore quelques débris de fortifications romaines et des grottes, qui avaient dû servir de demeures aux premiers habitants du pays.

Les religieux commencèrent par aménager une de ces grottes pour en faire un oratoire, où ils pourraient chanter l’office divin et célébrer les saints mystères. Ils le mirent sous le patronage de St Romain, martyr. Puis, tout autour de la maison de Dieu, ils se construisirent d’humbles cellules réunies par un cloître. Enfin, ils portèrent la cognée dans les bois pour agrandir leur horizon.

Selon toute apparence, ils suivaient la règle de St Benoit, vrai chef-d’oeuvre de sagesse, de discrétion et de raison. Leur temps se partageait donc entre le travail et la prière. Sept heures de sommeil, coupées par la récitation de l’office à minuit. Pendant le jour, sept heures consacrées au travail manuel, deux heures à l’étude, le reste à la prière et à la méditation.

Dans les premières années du Xe siècle, ils quittèrent Gellamont et se rendirent à Morey, où ils construisirent un nouveau monastère sur l’emplacement du château actuel. Ils eurent pour successeurs les Chanoines de Montfaucon-d’Argonne. Les Bénédictins échangèrent leur couvent de Gellamont pour une terre que les Chanoines de Montfaucon possédaient sur les bords du Rhin.

Quand les Francs eurent succédé aux Romains dans les Gaules, Scarpone vit flotter sur ses murs le pavillon de Clovis, Charles Martel, Charlemagne. D’après une antique tradition, ce dernier serait venu l’assiéger et n’aurait pu y entrer qu’au bout de trois jours. Il en fit depuis une de ses résidences royales, où il aimait à venir se reposer de ses fatigues et de ses guerres. C’est lui, dit-on encore, qui planta les vignes appelées Charlemagne, au pied de la côte de Cuite, « car il n’était pas l’ennemi du bon vin ».

A cette époque, Scarpone n’était plus seulement le nom d’une ville, mais celui d’un comté. Ce comté s’étendait fort loin : il touchait au nord le pays messin, au midi le Toulois et la Voivre, au levant le Saunois. Il comprenait un grand nombre de villages, entre autres : Thiaucourt, Pannes, Gorze, Xammes, Essey-et-Maizerais, Ars-sur-Moselle, Novéant, Belleville, Pagny, Prény, Arnaville, Bayonville, Norroy, Champey, Mousson, Bouxières-sous-Froidmont, Millery, Autreville, Rosières-en-Haye, Les Saizerais, Marbache, Liverdun, etc…

Après la mort de Charlemagne, ce comté fit partie du royaume auquel Lothaire donna son nom. Plus tard (877), il se trouva enclave dans les domaines de Louis-le-Germanique et de ses enfants, et demeura attaché à l’Allemagne pour de longs siècles, bien que la langue allemande n’ait pu dépasser les cimes des Vosges et que ses habitants soient restés français de langage, de relations, de coeur et d’humeur guerrière.

En 945, il devint l’apanage de la famille de Godefroy de Verdun. Sous le gouvernement de ces princes, il eut beaucoup à souffrir de la rapacité et des déprédations des Normands. Portés sur des barques légères, d’un faible tirant d’eau, ces hardis aventuriers remontèrent plus d’une fois le cours de la Moselle et pénétrèrent jusque Scarpone, qu’ils pillèrent et rançonnèrent sans pitié, notamment en l’année 890.

D’autres, plus cruels encore, leur succédèrent. Nous voulons parler des « Hongrois ». Les historiens du moyen-âge nous en font un portrait épouvantable. C’étaient, nous disent-ils, des hommes de petite taille, mais d’une vivacité extraordinaire, ayant la tête rasée afin de ne donner aucune prise à leurs ennemis, les yeux enfoncés et étincelants, le visage couvert de cicatrices volontaires, se nourrissant de viande crue ou échauffée entre la selle et le dos de leur cheval.

Voilà le peuple qui envahit la Lorraine à cinq reprises différentes, en 910, 915, 926, 937 et 954. En 954, ils assiégèrent Scarpone, sans cependant pouvoir s’en emparer. Il faut croire qu’ils commirent de bien grandes atrocités, car leur souvenir est loin d’être effacé dans notre pays.

Quelques années après (984), la guerre ayant éclaté entre Othon, empereur d’Allemagne, et Lothaire, roi de France, ce dernier accourt en Lorraine, prend d’assaut Verdun, fait prisonnier le comte Godefroy et vient mettre le siège devant Scarpone.La femme du prisonnier, l’héroïque comtesse Mathilde, continua la lutte, sur les conseils du moine Gerbert, qui lui écrit: « Ma fille, je vous prie de ne pas vous laisser abattre par la mauvaise fortune, mais de conserver inviolablement la foi que vous avez jurée à l’empereur Othon, de n’écouter aucune proposition de la part des Français, et surtout de ne point vous dessaisir de Scarpone, Hatton-Châtel et des autres places qui vous ont été confiées ». Elle résista si bien, qu’elle finit par triompher de son redoutable adversaire.

Nous avons vu comment les chanoines de Montfaucon-d’Argonne avaient succédé aux Bénédictins à Gellamont, et comment ils étaient devenus propriétaires du couvent Saint Romain. Ils administrèrent ce domaine de Gellamont par un des leurs, député à cet effet, jusqu’à ce que Dudon y établit une collégiale, en 997.Dudon naquit à Gellamont vers 950. Son père, grand marchand de la ville de Verdun, accompagna en Espagne le bienheureux Jean de Vandières, abbé de Gorze, chargé d’une mission extraordinaire auprès du calife Abdérame.

On lit dans l’Histoire de Lorraine de A. Digot : « Otton V, qui désirait envoyer une ambassade au calife de Cordoue, Abdérame III, confia cette mission délicate à Jean de Vandières…. L’envoyé de l’empereur parvint à obtenir ce qu’il était venu demander, c’est-à-dire la promesse d’empêcher à l’avenir les courses des corsaires sarrazins, qui répandaient la terreur sur les côtes de la Provence et de l’Italie. Il revint ensuite au monastère, mais les ravages des pirates musulmans n’ayant pas cessé, l’empereur le chargea d’une seconde mission, et l’infatigable solitaire se remit en route, accompagné d’un marchand de Verdun, nommé Dudon, et se rendit de rechef à Cordoue », en passant par Scarpone où il fit ferrer son cheval.

A son retour, Dudon se fixa à Gellamont, et s’y rendit acquéreur de grandes propriétés. Son fils prit l’habit religieux à la collégiale de Montfaucon-d’Argonne, dont il devint bientôt le prévôt, en même temps que primicier de la cathédrale de Verdun.

A la mort de son père, persuadé qu’il ne pouvait faire un plus noble usage de ses biens patrimoniaux que de les consacrer à la gloire de Dieu, il s’en servit pour fonder une collégiale à Gellamont, et la doter richement.

Puis, il fit construire tout à côté, à grands frais d’argent et de peines, un château fortifié, où les chanoines pourraient trouver un asile en cas de danger, et une chapelle, dédiée à St Sébastien, pour l’usage des défenseurs du château.

Les choses en étaient là, quand le comté de Scarpone changea une fois encore de maîtres et passa sous le gouvernement des évêques de Verdun, en 997.

Voici dans quelles circonstances : Le comte Frédéric, fils et successeur de Godefroy-le-prisonnier, las de régner et méprisant le vain éclat des grandeurs humaines, se fit religieux à l’abbaye de St Vanne de Verdun, afin de se consacrer tout entier au service du grand Maître du ciel. C’était, dit Roussel, un prince accompli, dont la piété et les bons exemples servirent beaucoup à la réforme des personnes de grande et moindre condition, qui fit beaucoup de bien aux églises. Il était lié d’une étroite amitié avec Heimon, évêque de Verdun.

Sachant qu’il ne pourrait remettre ses Etats en meilleures mains qu’en celles de son illustre ami, il lui en fit « abandon et donation à lui et à ses successeurs », en stipulant toutefois, qu’il en conserverait la souveraineté jusqu’à sa mort. Heimon accepta cette donation, du consentement du suzerain, l’empereur Othon III.

Ensuite, il vint visiter son nouveau domaine de Scarpone. De la partie de la ville qui tenait à la côte de Gellamont, il fit un village. Or, à ce village, il fallait un nom. Pensant à son éloignement de Verdun, l’évêque étendit la main pour le bénir, en disant : « Dieu-le-wart », en d’autres termes : « Dieu le garde ».  D’où, par corruption, est venu le mot Dieulouard. « Voilà, dit Le Bonnetier, tout le mystère du nom de Dieulouard ».

Heimon n’avait pas tort de confier à la garde de Dieu, ce domaine isolé et lointain qui n’avait pas de soldats pour le protéger, et que plusieurs convoitaient avidement.

En 1007, Conrad II, roi de Germanie, tenta de s’en emparer. Il envahit donc, à la tête de ses Allemands, le comté de Scarpone. Il prend d’assaut la ville, la livre aux flammes et l’efface du nombre des cités d’Europe.

« Cette destruction fut si horrible, que la tradition s’en est conservée des vieux aux jeunes jusqu’à nous », dit Le Bonnetier. « Ceux des habitants qui avaient survécu au pillage et aux massacres allèrent se réfugier à Dieulouard. Les uns se retirèrent dans les antres des rochers qui bordaient la colline de Gellamont, les autres se construisirent des baraquements, comme ils purent, à l’entour du château ».

Telle fut la fin de cette antique cité gallo-romaine qui avait eu la gloire de résister aux cinq cent mille guerriers d’Attila (d’après Grégoire de Tours). Désormais, elle ne sera plus qu’un humble hameau dépendant de la communauté de Dieulouard. Elle perdra jusqu’à son nom véritable : elle s’appellera Xerpanne, Charpeigne, Charpagne.

« Sic transit gloria mundi, ainsi va le monde ! »

Le château de Dieulouard (54)

Blason de DieulouardCarte de DieulouardChâteau de Dieulouard

 

Inscrit au titre des monuments historiques depuis le 19 juin 1927, il faut attendre 1970 pour qu’un début de réhabilitation soit entreprise, avec la restauration du logis épiscopal et la création d’un musée gallo-romain. Installé dans le château, le Musée des Amis du Vieux Pays à Dieulouard présente des objets provenant de l’antique cité de Scarpone.

Je vous propose de remonter le temps, et de découvrir l’histoire mouvementée de ce château, plusieurs fois détruit, puis reconstruit.

Les appellations anciennes ont été respectées.

D’après « Le département de la Meurthe » d’Henri Lepage – 1843
et la « Notice historique sur Scarpone et Dieulouard » de l’abbé Melnotte – 1895

Le premier document qui parle de Dieulouard est un diplôme de l’an 1028 donné par l’empereur Conrad-le-Salique, à l’occasion de l’abbaye de Gellamont, bâtie près du château de Dieulouard, dans le pays de Scarpone.

Toutefois, Scarpone et Dieulouard n’ont jamais composé une seule et même ville, et le château de Dieulouard n’a jamais été la forteresse de Scarpone dont parle le fameux Gerbert dans sa 47e lettre. Il y a bien plus d’apparence que Dieulouard s’est accru, ou même s’est formé des débris de la ville de Scarpone, avec laquelle il ne fait à présent qu’une seule commune.

L’histoire, en effet, ne commence à parler de Dieulouard que dans le XIe siècle, auquel temps elle cesse de mentionner Scarpone. Il semble néanmoins que Dieulouard n’avait encore, dans le milieu du XIe siècle, aucun territoire ou ban particulier, et que celui de Scarpone n’en était pas encore séparé, puisque le vignoble qui en est proche dépendait encore alors de Scarpone. C’est ce que nous apprend Thierri, évêque de Verdun, confirmant et augmentant en 1047 la dotation de l’église collégiale de la Madeleine de Verdun.

Le voyageur qui a traversé le bourg de Dieulouard a certainement remarqué le ruisseau, appelé Chaudrup, dont les eaux, claires et limpides comme du cristal, s’échappent du pied du château, et s’en vont, après un parcours de quelques cents mètres, se jeter dans la Moselle, à l’endroit où fut Scarpone. Primitivement, ces eaux jaillissaient de tous côtés, en une multitude de sources, sans grand avantage pour les habitants. En l’an 1080, l’évêque Thierry-le-Grand les réunit en un canal, et sur ce canal, il fit construire un moulin, qui rendit dans la suite les plus précieux services. Son successeur, Richer, établit à Dieulouard une fabrique de monnaies.

On sait que, pendant le XIIe siècle, la guerre sévit dans toute la Lorraine, à l’état de fléau chronique entre les évêques de Verdun, de Metz, de Toul, les ducs de Lorraine et les comtes de Bar. Il ne faut donc pas s’étonner si, durant cette période, l’histoire de Dieulouard n’est à peu près remplie que du bruit de combats et de sièges.

En 1113, sous l’épiscopat de Richard de Grandpré, la guerre éclate entre Metz et Verdun. L’animosité était telle entre les belligérants, « qu’on arrêtait, emprisonnait et souvent qu’on mettait à mort, tous ceux qu’on rencontrait, appartenant au parti adverse ».

Or, un jour, les gens de Dieulouard surprennent un bourgeois messin qui faisait le commerce. Ils le dépouillent de ses marchandises et le jettent en prison. A cette nouvelle, les Messins accourent, assiègent le château, s’en emparent, y mettent le feu et le rasent, de telle sorte que Dieulouard « demeura comme ville champestre ».

Richard rebâtit son château, mais avant même qu’il soit achevé, les Messins reviennent l’assiéger (1115), et lui font subir le même sort que deux ans auparavant.

Pour la seconde fois, Richard le fait reconstruire. Puis, il réunit en Assemblée des Grands Jours, ses vassaux, barons et seigneurs, et, en leur présence, il déclare traître et félon, Renaud de Bar, lui enlève son titre de voué de l’église de Verdun, pour le punir de n’avoir pas secouru le château de Dieulouard, ainsi que sa qualité l’y obligeait.

Les voués ou avoués, au temps féodal, étaient des seigneurs séculiers qui prenaient soin de la défense des églises et des monastères. Les personnes les plus qualifiées se faisaient un honneur de ce titre de voué. Dans la suite, les voués abusèrent du pouvoir que leurs places leur donnaient, et devinrent un véritable fléau pour les églises et les couvents dont ils usurpaient les biens et les revenus.

Renaud, pour venger cet affront, descend de son castel de Mousson, à la tête d’une armée, et prend Dieulouard, où il exerce les plus grands ravages. Les maisons sont brûlées, les vignes arrachées, les arbres fruitiers coupés, les récoltes détruites, et les malheureux habitants obligés de chercher un refuge dans la profondeur des forêts.

Quelques années plus tard (1122), nouveaux malheurs. Les Messins qui prétendaient avoir encore à se plaindre des insultes des gens de Dieulouard, reviennent, pour la troisième fois, assiéger cette ville et la réduisent en cendres.

En 1238, Raoul de Torole, évêque de Verdun, engage, du consentement de son Chapitre, la châtellenie de Dieulouard et toutes ses dépendances à Eudes de Sorcy, évêque de Toul, pour 200 livres Provins, dont il avait besoin pour les affaires de son église.

Environ un siècle plus tard (1318), le comte de Bar vient assiéger le château de Dieulouard et le ruine. L’évêque Henri d’Apremont le fit reconstruire, afin de le mettre à l’avenir à l’abri d’un coup de main.

Ce prince généreux ne s’occupa pas seulement de relever les murs de la ville, il travailla aussi à améliorer la condition des habitants. Ce fut lui probablement qui les dota d’une charte d’affranchissement.

C’est sans doute aussi à cette époque qu’il faut fixer l’origine des armoiries de la ville de Dieulouard, comme de beaucoup d’autres villes affranchies par leurs seigneurs aux XIIIe et XIVe siècles. Dieulouard portait « de gueules, à la crosse épiscopale d’or, mise en pal, accostée de deux épines d’argent posées de même et la pointe en bas ».

Le château de Dieulouard, ruiné par le comte de Bar, avait été rétabli au XIVe siècle. Les murs avaient été flanqués de tours casematées, avec canonnières, fossés, terrasses, pont-levis et galeries crénelées.

Quoiqu’il soit maintenant défiguré, on en reconnaît pourtant encore l’enceinte, et sept tours, dont six rondes et une carrée, datée de 1595. Car il y a des constructions de toutes les époques dans cette vaste forteresse, depuis le XIe jusqu’au XVIIe siècle. Les fossés avaient, du côté du pont qui les traversait, et qui existe encore, 60 mètres de largeur. Ils sont comblés de maisons.

Dans l’intérieur, on retrouve le logement du prévôt, les culs de basse-fosse, trois citernes. On montre aussi l’endroit où était le pilori de la justice épiscopale, près de la porte, maintenant sans défense, et au-dessus de laquelle se trouve une statue de la Vierge avec cette inscription : « Sub tuum prœsidium ».

Les murs anciens ont presque partout de 2 à 3 mètres d’épaisseur, les embrasures sont nombreuses, en batteries couvertes, et paraissent avoir été destinées au feu des arquebuses et des fauconneaux. Mais le haut des tours et des murailles étant presque partout détruit, on ne peut pas bien se rendre compte du système de défense.

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