Le fief de Bellefontaine
D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – Publication 1863
Ce domaine se composait, en 1538, d’une vieille tour, ou maison forte dite beltour, avec fossés et courtil, de la contenance de deux arpents et demi – d’un petit étang de deux arpents, tenant aux fossés – d’un autre étang de sept arpents, un peu plus haut – d’un bois de 320 arpents, le tout tenant au circuit des bois de Beaufort, de ceux de Stenay, dits le Dieulet, et des ban et ruisseau de la Wâme.
La borne était plantée au dessus du trou l’hermite. Ainsi, il était placé entre le ban de Belmont, au nord, et la forêt du Dieulet, au midi. Et dans son enceinte on trouvait les censes dites Belvallée, Belheim (ou Beauséjour), Belœil (ou Beluïn ou Belvue), Beaulieu, enfin Belwald (ou Belleforêt).
Voici ses possesseurs successifs :
Au XIVe siècle, c’était Rochequin, bâtard de la maison de Chaufour-Castelet-Trichastiaux. Jean Groulet, son fils, étant décédé, sans hoirs aptes à succéder, le fief, par droit de deshérence, fut dévolu au duc de Bar Robert, qui, le 7 août 1403, le concéda à Henry de Viller de Beaumont, sire de Scy, près le Chêne-le-populeux.
Ce chevalier épousa Marie de Rhodes ou d’Arodes, veuve de Jehan d’Asgron, châtelain de Bouillon. Leur fils Jehan de Villers, et Jehan leur petit-fils, le possédèrent après eux. Ce dernier avait épousé Anne de Malberg, de la maison de Sainte-Marie et Bellefontaine sur Semois, qui lui donna quatre fils et trois filles. Il eut de plus, un enfant naturel, nommé Jehan comme lui.
Ses fils légitimes étant tous décédés en bas-âge, Bellefontaine devint le douaire d’Anne de Malberg, sa veuve, et fit partie du patrimoine de ses filles :
- Françoise, qui épousa Jean de Boutillard, sire de Resson
- Marie, femme du sire de Court et Maucourt, seigneur de Pavont-Buzancy, auquel le petit château de Paille, près Beaufort, dut son édification (ce petit manoir appartenait aux de Landres-Pouilly-Cornay, dans les derniers temps)
- la troisième fille, nommée Bonne, fut mariée au chevalier Bernard d’Eltz et Othenges, et de ce mariage naquirent Henry d’Eltz et Jehanne d’Eltz, laquelle épousa Claude de Fresnel, écuyer, seigneur en partie de Louppy les deux châteaux.
En 1538, après la mort de son père, et de sa veuve Anne de Malberg, en vertu d’une donation de celle-ci, le bâtard Jehan de Villers se mit en possession du domaine de Bellefontaine et y fit construire la maison forte de Beltour ; il en jouit quelques années.
Mais, en 1548, Claude du Fresnel et Jehanne d’Eltz se pourvurent en réintégration, près de la duchesse de Lorraine et de Bar Christienne de Danemarck, qui se trouvait alors au château de Jametz. L’affaire fut portée au bailliage de Saint-Mihiel, et les revendiquants furent remis en possession, par arrêt du 19 mai 1561.
Alors, ils vendirent Bellefontaine, le 9 novembre 1583, à Gérard de Fresnel, sire en partie de Beaufort et seigneur de la Vallée, près Récicourt, et celui-ci créa la petite cense de Belvallée. Il revendit ce domaine et ses droits sur Beaufort à Antoine de Melon, qui les transmit à son fils Louis et à son petit-fils Jean-Nicolas, lequel, le 25 mars 1717, en fit foi et hommage à Louis-Henry de Bourbon, prince de Condé, devenu seigneur de Stenay, Dun, Jametz et du Clermontois.