Murvaux
Situé dans le canton de Dun-sur-meuse, Murvaux est un village tranquille de 150 habitants.
Alors, peut-on imaginer que ce petit village a été, par ses seigneurs, l’exemple type des épisodes mouvementés de l’histoire des duchés de Lorraine et de Bar ?
Ce sont ces divers épisodes que je vous propose de découvrir : remonter quelques siècles dans l’histoire de Murvaux et de la Lorraine. L’article est un peu long, mais l’on est plongé dans les mouvances de toute une région.
Les appellations anciennes ont été respectées.
D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – Publication 1863
Murvaux est situé sur le ruisseau du Bradon, venant de la Fontaine de la Vallée, et qui tombe, sous le Chevaudeau, dans celui dit le Pain d’avoine, pour se rendre à la Meuse, en aval de Milly.
Anciens écarts : La maladrerie de Warinvaux – Le fief de la Court – Le moulin du haut Paquis.
Cours d’eau : Le ruisseau du Bradon – La fontaine de la Vallée – La fontaine du Chevaudeau.
Usines : 3 huileries – 5 distilleries – Le moulin du Haut Pasquis.
Bois : Bois dit le Resalt (449 ha) – Bois du Coroy (65 ha) vendu, nationalement, par confiscation sur la famille de saint Vincent.
La Charte de fondation du prieuré de Saint Giles fait connaître qu’en 1091, l’emplacement des dunes et des basses Wabvres appartenait au comte Warin de Murvaux, conjointement avec Herbert du Vermandois, Lambert de Stenay, Warnier de Colmey, auteur des Failly, et Romare de Lions, sire de Romarimont.
Warin, qui a laissé son nom à l’ancienne cense de WarinVaulx, de la maladrerie de Dun, figure dans la charte de Godefroid de Bouillon, dit le Grand, de l’an 1068, laquelle fait connaître qu’il était de la famille de la comtesse Ermentrude de Grandpré.
Noms des premiers propriétaires connus : le comte Warin de Grandpré – Husson de Mervaulx, escuyer de Henry II comte de Bar. La date de la charte d’affranchissement est celle de 1277, commune à toute la chastellerie de Dun.
Anciennes divisions ecclésiastiques
Diocèse de Rheims, par impignoration des anciens prélats de Verdun – Archidiaconné de Champagne, après avoir été, primitivement, du grand prieuré de Montfaucon – Doyenné de Saint Giles de Dun.
Cure : celle priorale, du même titre, de Dun – Annexe, érigée en cure dépendante du vicariat perpétuel de Dun – Prieuré de Saint Giles – Hermitage : celui de Saint Germain d’Arimont – Oratoire primitif : celui dit Beligen gaudium, aux portes de Dun – Eglise matriculaire : celle de Notre Dame de Dun – Chapelles de Notre Dame, de Saint Eloy, et celle de Saint Vincent, sépulture de famille.
Ordre temporel
Avouerie des comtes de Bar et, précédemment, des sires de Dun-Apremont.
Patronage à la collation des prieurs de Saint Giles.
Dixmage au profit des mêmes, partageable avec les voués.
Entretien du chœur et des bâtiments à la charge des mêmes.
Anciennes divisions civiles
Ordre politique
Ancienne cité de Verdun – Royaume d’Austrasie puis de Lotharingie, empire Germanique – Ancien pagus du Dunensis – Baronnie de Dun dans le comté de Bar, puis duché de Bar, ensuite de Lorraine et ensuite du Clermontois.
Fiefs et arrières-fiefs : ceux de la Court et des ferrages de Murvaux.
Ordre judiciaire
Avant la rédaction des coutumes générales : Loi de Beaumont d’après la Charte de 1277.
Mesures :
- Pour les grains, autres matières sèches et pour les liquides : le boisseau, la pièce et la pinte de Bar.
- Pour les bois : l’arpent de Bar et le bonnier de Chiny.
- Pour les terres : l’arpent de Bar.
Indication de l’étalon local : l’arpent de 100 perches – le jour, ou bonnier, de 80 perches – la perche de 18 pouces – 1 pouce de 6 lignes.
Après la rédaction des coutumes particulières : Coutume de Saint-Mihiel, procès-verbal de 1571 – Assises des six pairs de la Chastellerie de Dun – Cour supérieure des grands jours de Saint Mihiel, puis le parlement de Metz – Ancien bailliage de Saint-Mihiel, puis de Dun et Stenay, puis de Clermont – Ancienne prévôté de Dun – Ancienne justice seigneuriale des princes suzerains – Justice foncière des inféodataires.
Ordre féodal
Les derniers seigneurs de Murvaux ont été : Antoine Charles de Saint Vincent (fils de Gabriel de Saint Vincent et de Geneviève Lefaucheux) chevalier, seigneur de Lestanne, Vincy et Brécy, époux de Marie Anne Catherine de Grandfebvre (fille de Jean Baptiste Louis de Grandfebvre et d’Anne Le Chartreux).
Les origines de cette famille, authentiquées à partir de 1510, offrent, au delà, un problème historique, curieux à approfondir, non pas dans un intérêt individuel, mais au point de vue des transformations sociales (*), dans un grand nombre de nos localités. C’est dans cet intérêt général que nous l’examinerons ici.
(*)A une certaine époque, vous voyez des noms de laboureurs, d’ouvriers, d’artisans que vous retrouvez, à peine un siècle plus tard, portés par la bourgeoisie des villes, et bientôt par la noblesse. Le phénomène contraire se produit, tout aussi vite. Jetez les yeux sur les noms de la plus haute noblesse du douzième siècle… déjà, au quatorzième, un grand nombre d’entre eux se trouvent dans la bourgeoisie, et, bientôt après, parmi les ouvriers, les laboureurs. Et de cette manière, se justifie le fameux proverbe du moyen âge, qui peint si bien, dans l’histoire des familles, la mobilité des choses humaines : « cent ans bannière, cent ans civière ».
Ce nuage est le même qui couvre le moyen âge des familles de Failly, des Hermoises, du Hatois et autres, dont les branches se sont dispersées au vent des révolutions.
Lestanne et Murvaux : Les derniers Bathaillis du Maubussin d’Ivoy.
Vinci, près Lestanne, était un oratoire primitif, au pied d’une éminence sur laquelle, à diverses époques, on a découvert des cercueils en pierres et autres monuments anciens. Cet oratoire était dédié à Saint Vincent, de même que l’était la chapelle seigneuriale du fief de la Court de Murvaux.
Cette localité, en 1260, appartenait à Jean d’Apremont-Buzancy, sire, en partie, de Dun : il était prieur de Saint Jean du Bourg de Laon et indivisionnaire de Beaumont, de Lestanne, de One et de Stône. Ce fut lui qui en détacha une marne, pour la construction du prieuré de Cesse, lequel faisait alors, partie de la dotation de la collégiale de Saint Vincent de Laon, dont il avait la vouerie.
Il était naturel que le saint diacre espagnol, fût le patron des Bathaillis du Maubussin. Aussi le nom Vinci fut-il, jusqu’aux derniers temps féodaux, un des titres seigneuriaux des Saint Vincent de Lestanne, branche aînée de ceux de Murvaux. Une autre branche avait conservé l’appellation caractéristique de Bathailly, qui, en écossais, en anglais, aussi bien qu’en hébraïco-gallique, signifie les Combattants. Cette appellation s’est traduite par le nom propre de Bataille, qui était très commun, autrefois, à Stenay, à Mouzon, et à Ivoix. L’abandon de ce nom de guerre, ne date guère que des derniers temps.
Il est curieux d’étudier ces transformations d’appelatifs génériques en désignations patronymiques, et plus instructif encore de trouver, peut-être, dans l’histoire des seigneurs d’un modeste village, un des coins obscurs des révolutions sociales de toute une province.
Qu’on n’oublie pas, à ce sujet, qu’à Dun, à Jametz, à Stenay, à Clermont, à Varennes, etc., se sont agitées les destinées de la Lorraine, en la personne de ce bon Roi de Provence, et de cet excellent duc René son petit-fils, surnommé le bon, à plus juste titre que son rival Philippe de Bourgogne… lesquels, tour à tour, ont donné des lois à notre pays.
C’est là l’intérêt qui s’attache à nos grandes familles, et, pour quelque part, à celle des Saint Vincent de Lestanne et de Murvaux.
Les premiers inféodataires censiers de la Court de Murvaux : La terre domaniale de Murvaux, avec des droits de terrage à Lions, à Milly, à Fontaine, à Lini, et à Dun, furent acquis le 23 juin 1494, du duc René II, par Jean de Villers, sire de Margny devant Orval, époux de Jeanne d’Hennemont, née comtesse de Jondelaincourt.
Quel était cet acquéreur ? Et pourquoi cette aliénation ?
Pourquoi ? Toujours pour payer les dettes de notre bon duc René ! C’était le solde de la piteuse affaire de Bultegnéville, 1431, et de la mémorable victoire de Nancy, 1477. Soyons glorieux que nos ancêtres y aient contribué de leur bourse et de leur sang !
Cette année là même, des hostilités graves s’étaient engagées, dans les basses Wabvres, entre le nouveau prince des Lorrains et Robert Ier de Lamarck. C’était à l’occasion de l’engagement de moitié de la Chastellerie de Dun et dépendances, au profit de Jehanne de Saulcy, épouse du nouveau prince de Jametz. Engagement contracté en raison des sommes, qu’après la journée de Bultegnéville, Colard de Marley-Lenoncourt, seigneur de Saulcy, aïeul de cette dame, avaient avancées, pour la rançon de l’illustre prisonnier de Philippe le bon, sommes hypothéquées sur les terres communes et sur les domaines de Dun (Charte du 12 août 1143).
La cession de Jametz et l’échange de Cassel, par le traité de 1437, l’aliénation des domaines de Mouzay au profit des d’Herbemont, de ceux de Cléry, de Jupiles, de Brieules, au profit des Gratinoth et des Robinet, celle de Verrières, de Dannevoux, de Villosnes, au profit de Jacquemin de Viller, tout cela était tombé dans un gouffre, sans fond, creusé par les avances usuraires du roi Louis XI. Et le noble débiteur ne put sortir d’affaires que par la cession de sa moitié de Marville et des terres communes, au profit du Luxembourg, par le Traité de 1301, pour le prix de 25 000 florins d’or du Rhin.
Ce traité, qui ne fut ratifié, par le duc Anthoine, que le 20 janvier 1518, est le nœud historique des positions sociales de cette époque de transition, car tout demeura précaire… administration guerrière et civile, mouvances, emplois publics, propriétés, jusqu’à cette ratification.
Et l’acquéreur de Murvaux quel était-il ?
C’était un ancien du Hatoy, naguère seigneur en partie de Jametz, obligé de faire place nette aux nouveaux occupants.
Jacquemin du Hatois
Jean du Hautoy, dit de Villers, était fils de Jacquemin, seigneur du Châtelet du Hatois de Margny devant Orval, chevalier cité, dans les chartes, sous la désignation, tantôt de Jacquemin de Beaumont, tantôt de Jacquemin de Lamothe… marié, en 1445, à Lise de Saumoigneux.
Jean de Villers était né à Margny. Il était seigneur de Jametz, en partie, de Vaudoncourt, de Récicourt et de Gouraincourt. Il venait d’épouser Jeanne d’Hennemont, la même année, 1474, qu’il acquit Murvaux, et il résidait à Jametz : il mourut, très probablement, à Nubescourt, en 1528. Il y implanta la tige des du Hautois de ce nom.
Cette famille des anciens de Villers avait été d’un dévouement, à toute épreuve, à la dynastie expirante des princes de Bar, à l’heure suprême de son extinction. Henry de Villers, sire de Margny, et son fils, dit alors Jacquemin de Beaumont, avaient été, en 1416, avec Alardin II de Mouzay, François d’Ornet, prévôt de Stenay, et beaucoup d’autres seigneurs des basses Wabvres, fondateurs de l’Ordre de la Fidélité, autrement dit du Lévrier blanc. Le Lévrier figurait, comme support, dans les armoiries de leurs familles. Cette symbolisation existe à l’écu des Saint Vincent de Lestanne et de Murvaux.
Aussi, après la mort du cardinal de Bar, dans sa retraite de Varennes… après celle de sa sœur Bonne de Bar, dame de Dun, dans sa retraite de Vienne le Château… trouve-t-on Jacquemin du Hatoy de Villers devenu seigneur de Verrières, de Dannevoux, en même temps qu’il l’était, nominalement du moins, de moitié de Beaumont, de portion de Beaufort et de l’avouerie de l’abbaye de Saint Vincent de Laon, à Cesse, à Vincy et à Lestanne. Aussi le trouve-t-on, encore, prévôt de Varennes, en 1415.
Alors il se tourna vers le monarque de France, dont les liens de famille étaient déjà si intimes avec la Lorraine et le Barrois. Il travailla, activement, dans le sens du parti français. Et il parvint à mettre entre les mains de Louis XI quelques-uns des villages détachés, depuis longtemps, du comté de Champagne, par les premiers comtes Barrisiens.
Jehan de Villers
Jean de Villers, son fils, possédait déjà les terrages de Milly et ceux de Lions, avant qu’il acquit Murvaux. Il devint prévôt de Varennes, en 1509, à la place de son père. Il transmit ce poste et ses domaines à son fils Gérard, né à Jametz, en 1476, lequel épousa Marguerite de Franconville.
Philippe de Villers
A celui-ci, succéda son fils Philippe, né à Jametz. Ce chevalier, qui portait les titres de seigneur de Récicourt, Nubescourt, Bulainville, Vaudoncourt, Gremilly, avait épousé Claude de Nettancourt. Il mourut en 1568.
Ses enfants : Adrian, Nicolas, et Adam, plus des filles, nacquirent à Nubescourt. Philippe avait été prévôt de Varenne comme ses ancêtres,et en 1549, sa capitainerie passa à son gendre François de Pavioth, époux de Jeanne du Hautois.
Guillaume de saint Laurent
Dès l’an 1552, les de Villers du Hastoy n’ont plus rien à Murvaux. Car, cette année là, Murvaux se trouve aux mains de Guillaume de Saint Laurent, sire de Joigny, près Sens, commandant de place, à Stenay, pour la France. Ce champenois, de l’an 1552 à 1561, prend le titre de seigneur censier de Murvaux et de la Folie de Nepvant, et il a pour substitut, en 1571, François de Mouzay, dont le fils Jean devint capitaine prévôt de Dun, en 1592. C’est celui-ci qui transmit Cunel et Nantillois aux de Pavot.
Cependant les de Villiers du Hastoy n’ont point disparu tous du pays. On les retrouve, non seulement à Varennes, mais dais le Dormois, le Montignonais, et le Clermontois.Adrian, Nicolas et Adam dénombrèrent, en 1574, pour la terre d’Esnes, qui passa ensuite à Thomas de Failly, capitaine prévôt de Chauvancy, aux droits de sa femme Louise du Hautois (branche d’Esnes-Stainville). C’est de ceux-ci que cette terre passa ensuite à leur fille Marguerite, épouse, en 1610, de Colars de Pouilly. Voilà le noyau du marquisat d’Esnes, entre les mains des de Pouilly.
A partir de ce moment, les archives de Bar et de Stenay sont muettes sur les destinées de Murvaux : un nuage obscur couvre la transmigration des anciens Bathaillis d’Ivoix, (aux titres de Villers, ou Williers, de Margny devant Orval, de Beaumont, de Lestanne, de Vincy, de Cesse, de Luzy, de Beaufort, de Bellefontaine). Les origines des du Hautois deviennent même un problème donnant lieu aux suppositions les plus absurdes.
Puis, au cours du XVIIe siècle, à Murvaux, on voit apparaître les de Saint Vincent- Monthassin – de Savigny -d’Aguerre – Lénoncourt, sous les titres : de Lestanne – Vincy – Brecy – Montcornet. On en voit d’autres établis à Aulnois, à Sorcy.
D’où venaient donc ces Monthassin, qui portaient : d’azur, au lion d’or, l’écu supporté par deux lévriers, emblème de la fidélité, avec la devise : Cœur et Honneur… des Girondel Savigny ?
Que s’était-il passé, dans nos basses Wabvres, depuis l’inféodation première de 1494, jusqu’à celle de 1552, au profit du sire de Joigny ? C’est à l’histoire générale de répondre sur ces questions.
En 1541, Clermont, Varennes, Vienne le Château, Dun, Stenay, avaient été cédés, par le duc Anthoine de Lorraine, au roi de France François Ier. En 1552, Stenay ayant été pris par les impériaux, ceux-ci furent contraints d’en faire la remise au roi Henry II. C’est alors que Guillaume de Saint Laurent obtient l’inféodation de Murvaux, enlevé à la fidélité barisienne des du Hautois. Le sire de Joigny en reste censier jusqu’en 1570, puis il disparaît, avec les Français.
Charles III de Lorraine reconquiert Jametz en 1589, mais il ne le conserve que précairement. Le vicomte de Turenne surprend Stenay en 1591, et, par un coup de main hardi, en 1592, il enlève Dun à son capitaine lorrain Jean de Mouzay. Tous les officiers lorrains sont balayés en 1596.
Les possessions, dans nos Wabvres, passent au crible des confiscations. Leurs maîtres légitimes sont, les uns dans le camp français, converti au protestantisme, les autres sont dans l’armée de la ligue, sous les Guissards Lorrains. C’est l’époque la plus brûlante des guerres de partisans. Cet état de choses dure jusqu’en 1632. Alors la province est mise en dépôt aux mains de Louis XIII, qui pourchasse les récalcitrants, et les livre à la main exécutive de Richelieu qui fait pendre les châtelains aux ponts-levis de leurs châteaux. Puis, pour en terminer avec la Lorraine, Louis XIV, en 1648, abandonne le Clermontois au prince de Condé.
C’est alors, qu’à la suite des Lenoncourt champenois, restés maîtres de Montigny les Dun et du Montignonais, on voit apparaître les Saint Vincent, à Lestanne et à Murvaux. Ils arrivent de Monthassin, commune de Savigny, entre Fismes et Rheims, en compagnie des Daguerre, barons de Vienne le Château, et des de Savigny-Lenoncourt. Par les Lenoncourt, ils tiennent aux Lamarck, aussi les trouve-t-on enrôlés dans le parti des seigneurs de Sedan.
La conséquence à tirer est facile : les Saint Vincent sont devenus seigneurs de Murvaux, d’alliance en alliance, sous les princes de Condé.
Mais quelle est leur origine ? Est-elle basque, comme leurs descendants le croient…? Comment se fait-il que la branche cadette, celle d’Aulnois, restée établie dans l’ancienne Lorraine, soit devenue la plus considérable des deux…? Et comment se fait-il que la branche aînée, sous divisée en trois rameaux : Lestanne, Montcornet et Murvaux, se soit fixée, précisément, aux lieux occupés par les anciens de Villers ? N’y aurait-il pas là un problème d’expatriation et de rapatriation ?
Voyons les faits historiques : tout cœur lorrain devra s’ouvrir à la mémoire des Daguerre et des Saint Vincent, dans nos Wabvres. Honneur impérissable, en effet, aux défenseurs de Nancy ! Applaudissons-nous, Meusiens, applaudissons-nous de retrouver, chez nous, leurs fils.
René avait confié la défense de Nancy, attaqué par les Bourguignons, à deux capitaines de haute valeur. On les surnommait d’Aguerre, da guerrâ : ils étaient nobles, de Guienne, et portaient : d’or, à trois pieds d’oiseau, au naturel.
L’un d’eux se prénommait Menalde… qu’est-il devenu ? Nous n’en savons rien. L’autre était Gratien, qu’on trouve à la tête de tous les hauts faits d’armes (à Conflants, à Dampvillers, à Yvoix, etc.), de cette époque de troubles politiques et de guerres de partisans.
Jehan le Basque ou le Bath
Au siège de Nancy, ils étaient secondés par un jeune capitaine, Jehannot dit le Basque ou le Bath. Ce Jehannot était chef des archers du duc René, dont la garde se composait de Gascons : aussi devint-il, plus tard, gendre de Gratien Daguerre, qui avait épousé la fille de Thiéry de Lenoncourt, chambellan du duc de Guienne frère du roi Louis XI, et bailli de Vitry en perthois. Après l’heureuse issue de la défense de sa capitale, et la mémorable victoire d’octobre 1476, René ayant reconquis les basses Wabres, songea à récompenser ses bons serviteurs.
Gratien d’Aguerre
A Gratien Daguerre, il donna la seigneurie de Dampvillers, que ce brave avait enlevé aux Bourguignons, commandés, depuis 1475, par Giles du Hatois, seigneur de Jametz, en partie. A Jehannot le basque, ou le Bath, il donna la ville et seigneurie de Jametz. A Vautrin de Nettancourt, il avait conféré le gouvernement des Terres communes. Et, pour indemniser Philbert du Hatois, qui avait eu la prévosté de Stenay, en 1474, il nomma celui-ci capitaine prévôt de Marville. Ceci se passait en 1479.
Mais, en exécution de traité de cession de Jametz au prince de Sedan Robert Ier de Lamarck, et par le fait de la reprise de Dampvillers, Gratien d’Aguerre, privé de sa dotation, fut fait baron de Vienne le château, près Varennes, et Jehan le bath succéda à Vaultrin de Nettancourt et à Philbert du Hautois dans le poste de Marville, qu’il occupa jusqu’à 1501, et qu’il dut céder aux Luxembourgeois, en vertu de la cession ratifiée par le duc Anthoine, en 1518. Cependant, Gratien Daguerre avait poursuivi la lutte de la Lorraine contre la Bourgogne. En 1487, sous les ordres de Robert Ier de la Marck, avec Robert de Fleuranges, fils de ce prince, il avait assiégé Ivoix, siège où le prince de Jametz avait trouvé la mort, en 1489. Gratien périt quelques temps après. De son mariage avec la fille de Thiéry de Lenoncourt, il avait eu : Claude, Jean, et Marie.
Claude d’Aguerre
Claude devint baron de Vienne le Châtel et il fut gouverneur de Mouzon, Jean devint capitaine prévôt de Fûmes, et Marie épousa Jean le bath. Cependant Robert, cardinal de Lenoncourt, ayant été nommé archevêque de Rheims en 1515, ses neveux et nièce le suivirent. Et ce fut ainsi que Jean le basque, dit Saint Vincent, devint baron de Monthassin. Il est évident que ce fut alors que les Monthassin arrivèrent à Lestanne, et qu’alors aussi, ils quittèrent leur nom de guerre, pour adopter la patronymie de Vincy-Saint Vincent.
Ceci est un exemple des difficultés inextricables des transformations généalogiques.
Nous retrouvons ainsi comme seigneur de Murvaux : Jehan de saint Vincent, dit le Bath, baron de Monthassin-Savigny, puis François de saint Vincent de Vaillant, puis Jean de saint Vincent-Maucourt, escuyer, seigneur de Vinci et Lestanne, de Nonnessy et du fief de Murvaux.
Vient ensuite Jean II de saint Vincent de Murvaux, qui se maria avec Jeanne Marguerite de Tassigny. Ils s’établirent au château « du fief de la court de Murvaux ». Enfin, nous trouvons Gabriel de saint Vincent et Antoine Charles de saint Vincent.
Cette longue revue nous amène aux derniers seigneurs de Murvaux, mentionnés en tête de l’article. Et nous voyons qu’à travers l’histoire d’un petit village, nous avons partagé toute l’histoire de la Lorraine sur plusieurs siècles.
Quelles sont les origines de la famille de milly,escuyer?