D’après la monographie « Recherches sur les monnaies des comtes et ducs de Bar »
de Louis Félicien Joseph Caignart de Saulcy – Publication 1843
Théodoric ou Thierry III (1104 – 1105)
Ce prince était le fils puîné de Théodoric II et d’Ermentrude. Il succéda, vers 1104, à son père dans les comtés de Montbelliard et de Bar. Mais il se rendit si odieux à ses sujets du Barrois, qu’il fut, peu de temps après son avènement, obligé d’abdiquer en faveur de Renaud, son frère.
Renaud Ier dit Le Borgne (1105 – 1149)
L’exemple de Théodoric III aurait dû servir de leçon au comte Renaud. Il n’en fut rien, et, comme son frère, il se rendit odieux à ses sujets.
L’évêque de Verdun, Richer, qui avait donné le comté de Verdun à Théodoric II de Bar, en dépouilla Renaud en 1111, pour le punir d’avoir laissé prendre Dieulouard par les Messins, et le conféra à Guillaume, comte de Luxembourg.
Renaud se vengea de cet affront en dévastant les terres de l’évêché de Verdun. A leur tour, Richer et Guillaume de Luxembourg réunirent leurs forces, envahirent le comté de Bar, détruisirent les châteaux du comte et prirent Saint-Mihiel.
En 1113, l’empereur Henri V vint à leur aide, assiégea Renaud dans Bar, et s’empara de sa personne. De là, il vint mettre le siège devant Mousson, et somma la place de se rendre, en annonçant que si les portes ne lui étaient pas ouvertes, il ferait pendre le comte Renaud en face des remparts.
Les défenseurs demandèrent un jour pour délibérer, et, dans la nuit même, la comtesse, qui était renfermée dans la place, mit au monde un fils, qui reçut le nom de Hugues.
Renaud était détesté. Les habitants de Mousson, peu sensibles au sort qui menaçait leur souverain, prêtèrent serment de fidélité à son enfant, et signifièrent à l’empereur qu’ils ne se rendraient pas, et qu’ils le laissaient libre de pendre le comte si bon lui semblait. Henri, furieux, voulait accomplir une menace qui avait eu si peu d’effet.
Les seigneurs qui l’avaient suivi dans cette guerre l’empêchèrent de se souiller d’un meurtre inutile, et Renaud fut sauvé. Le siége de Mousson fut poussé avec opiniâtreté, mais sans succès, et l’empereur se décida à s’éloigner, emmenant avec lui son prisonnier, qui finit par recouvrer sa liberté au prix d’une prestation d’hommage et d’une forte rançon.
En 1114, Guillaume de Luxembourg, comprenant que l’appui de l’empereur était perdu pour lui, restitua le comté de Verdun au comte Renaud. Celui-ci vint donc se présenter aux portes de Verdun qui lui furent refusées. Un combat s’ensuivit, dans lequel Renaud fut dangereusement blessé.
Vers 1120, Henri, nouvel évèque de Verdun, ayant été rejeté par le clergé et le peuple, vint se réfugier auprès de Renaud, et réclamer son appui. Le comte de Bar n’eut garde de le lui refuser, et l’aida à saccager la ville.
L’empereur, informé de ces événements, donna l’ordre de chasser l’évêque et dépouilla Renaud du comté de Verdun, pour en investir Henri de Grandpré. Aussitôt la guerre éclata, et dura jusqu’en 1124, année où un traité rendit à Renaud, le comté qu’il avait perdu. Une garnison, formée de troupes appartenant au comte de Bar, occupait la ville de Verdun et y commettait des excès, que l’évêque Alberon voulut réprimer en 1132. Les Barrois furent expulsés de la ville, et Renaud, accourant au secours de ses soldats, déclara la guerre au prélat.
Les évêques de Trêves et de Metz (celui-ci était frère du comte de Bar) se portèrent médiateurs, et parvinrent à faire cesser l’effusion du sang. Un traité fut signé, par lequel Renaud, en échange du comté de Verdun auquel il renonçait, reçut le haut domaine de Clermont en Argonne, et le titre d’advoué de Verdun.
En 1134, Renaud s’empara du château de Bouillon qui appartenait à l’évèque de Liége. Mais, après l’avoir gardé quelques années, il fut enfin obligé de le rendre. En 1147, il partit pour la Palestine avec le roi Louis le Jeune. A peine de retour de la terre sainte (en 1149 ou 1150), il mourut dans son château de Mousson. Il fut enterré dans le prieuré qu’il avait fondé dans cette place.Renaud fut marié deux fois : de sa première femme Gisèle, fille de Gérard, comte de Vaudemont, et d’Hadwide, comtesse d’Egisheim, il eut Hugues, qui mourut de convulsions, en 1141, en défendant le château de Bouillon, et Renaud IIe du nom.
Il est bon d’observer que Wassebourg et dom Calmet font succéder Hugues à son père, et mourir, le premier en 1150, et le deuxième en 1155.
La deuxième femme de Renaud Ier, fut la mère de Frédéric, comte de Toul, de laquelle il n’eut pas d’enfants.
Les auteurs de « l’Art de vérifier les dates » font observer que ce fut ce prince qui sema son écu de croix d’or recroisetées, au pied fiché.