La citadelle de Longwy (54)

Blason de LongwyCarte de Longwy-haut

Plan de la citadelle de LongwyTour de MalcouvertCitadelle de LongwyPorte de France Longwy

 

Classée monument historique en 1933, et inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis le 7 juillet 2008, la ville haute de Longwy est l’une des plus belles villes fortifiées par Vauban en France.

La forteresse est construite sur un plan hexagonal, et renferme une église, un arsenal, onze casernes, ainsi que cinq puits. L’accès se faisait par deux portes : la porte de Bourgogne (détruite en 1914) et la porte de France. La place-forte est ordonnée en quadrilatères organisés autour d’une vaste place centrale.

Actuellement, la moitié de l’enceinte et des bastions, ainsi que la porte de France sont parfaitement conservés et la plupart des bâtiments construits par Vauban y sont toujours visibles : Hôtel de ville, l’église, les casernes, le puits central, la boulangerie.

Mais avant cette citadelle, il existait à Longwy un château-fort, dont il reste un vestige : la Tour de Malcouvert.

D’après des extraits de la monographie « Essais sur l’histoire de Longwy » – Année 1829

Les fondations de la ville de Longwy

L’ancienne ville de Longwy était divisée en trois corps.

Le premier était un château-fort, appelé originairement Longcastre (Long-Château), à cause de sa forme oblongue. Il était situé à l’extrémité et sur la croupe d’un long coteau qui se détache de la montagne voisine, où est maintenant la ville neuve de Longwy.

Ce château, presqu’inaccessible de trois côtés, était très spacieux, et renfermait une grande place d’armes une église paroissiale, un palais, des casernes et trente-six maisons. Un curé, quatre chapelains et une trentaine de bourgeois y faisaient leur résidence, et il servait de lieu de refuge à divers gentilshommes des environs, au prieur du mont Saint-Martin et aux moines des abbayes d’Orval et de Differdange. Au nord du château s’élevait un magnifique donjon, dont les murs et les tours étaient d’une épaisseur surprenante : les princes, ou, en leur absence, leurs lieutenants l’habitaient.

Le deuxième corps formait un bourg, assis sur la gorge du coteau, au-dessous du château, et habité par soixante et dix-sept familles bourgeoises. Il avait deux places de marché, l’une garnie d’une halle et l’autre d’un puits très profond. De beaux jardins et des vignes couvraient du haut en bas tout le revers de la montagne.

Enfin, le troisième corps était le faubourg, situé au bas de cette montagne, dans un vallon étroit, arrosé par la rivière de la Chiers. Il contenait cent vingt-cinq habitations.

De ces trois corps, le faubourg seul subsiste encore au même endroit qu’il occupait jadis, et forme aujourd’hui la ville-basse de Longwy. L’ancienne ville et le château ont été entièrement détruits sous Louis XIV, comme on le verra dans le cours de cette notice.

L’origine de Longcastre, qui fut le premier fondement de Longwy, remonte au 6e siècle. L’origine de la ville et du faubourg ne date que du siècle suivant.

Clotaire, fils de Clovis, roi de France et d’Austrasie, ayant marié Blitilde sa fille à Anselbert, marquis d’Anvers, lui créa, dans le royaume d’Austrasie, une seigneurie composée du pays entre Metz et Trèves, auquel il donna le titre de comté Mosellan, parce qu’il était sur les rives de la Moselle.

Anselbert fit construire le château de Longcastre avec les débris d’un camp romain (*) nommé Titelberg ou Titus, situé près de là. Ce château devînt le siège ou chef-lieu de la juridiction du comté Mosellan.

Le démantèlement de l’ancien château-fort

Le grand Condé, connu alors sous le titre de duc d’Enghein, investit Longwy en 1643. Mais il en leva le siège aussitôt sur l’assurance donnée par le prince Charles, qu’il ne prendrait aucune part à la guerre que la France soutenait alors. De là, c’est Thionville qui fut assiègé, et qui se rendit le 10 août de la même année.

En 1646, Longwy (seule place qui restait au prince Charles dans toute la Lorraine) fut investi et assiègé par le marquis de la Ferte-Senneterre, à la tête de 1 500 chevaux et de 4 000 fantassins.

Deux approches eurent lieu le 1er juillet, l’une sur le donjon, commandée par le marquis lui-même, et l’autre sur la ville. Le 9, les assiégeants firent jouer une mine sous le bastion derrière lequel était un retranchement occupé par l’élite de la garnison. Le marquis en personne, à la tête de ses gardes, appuyés du régiment royal italien du cardinal Mazarin, forcèrent ce retranchement et poursuivirent les assiégés, l’épée aux reins, jusqu’au pont-levis du château.

Le lendemain, les assiégeants s’emparèrent encore d’une demi-lune, et établirent quantité de mines au corps de la place, qui se rendit enfin le 12 juillet. La garnison sortit avec les honneurs de la guerre.

Longwy resta occupé par les troupes françaises jusqu’au traité de paix des Pyrénées, conclu le 7 novembre 1659, et publiée en cette ville le 27 février suivant. La place fut alors remise au prince Charles qui y établit un gouverneur.

De nouvelles intrigues du prince Charles contre la France, amenèrent Louis XIV à envahir une seconde fois la Lorraine. Au mois d’octobre 1670, le maréchal de Créquy se présenta, avec une armée nombreuse, devant Longwy, dont il s’empara après quelque résistance. Depuis lors, cette ville n’a plus cessé d’appartenir à la France.

Tous les châteaux et maisons fortes des environs de Longwy, entre autres, Mercy, Mussy, Tiercelet, Audun, Bassompierre, etc., furent detruits par ordre du roi qui, l’année suivante, ordonna aussi le démantèlement du château et de la ville de Longwy, ce qui fut aussitôt exécuté. Les habitants se réfugièrent à la ville-basse.

Par le traité de paix conclu à Nimègue le 19 août 1678, la prevôté de Longwy fut définitivement abandonnée à la France, moyennant une cession équivalente.

La construction de la citadelle

Louis XIV, voulant fortifier la frontière du royaume du côté de Luxembourg, resolut de faire construire une nouvelle place sur la hauteur au nord, et à environ 400 toises de l’ancien château. Le plan de cet ouvrage fut confié à Vauban.

Le terrain nécessaire ayant été toisé, estimé et payé aux propriétaires, le 10 août 1679, les lignes de la nouvelle forteresse furent tracées avec une charrue.

Quoiqu’il fallût tailler dans le roc pour creuser les fossés, huit bataillons des meilleures troupes employées à cet effet, poussèrent les travaux avec une telle activité, que le 18 avril de l’année suivante, on posa solennellement la première pierre pour le revêtement de la place.

Louis XIV vint en personne visiter les ouvrages. Sa Majesté dîna dans l’ancienne maison de refuge d’Orwal, qui existait encore au vieux château, et retourna dans sa capitale par Longuyon.

Louis XIV ordonna que les maisons qui subsistaient, tant au château qu’à l’ancienne ville, fussent totalement démolies, après en avoir fait payer de ses propres deniers, la valeur aux propriétaires, auxquels il permit d’en établir d’autres dans le nouveau Longwy. Désirant contribuer à l’agrandissement et au bien-être de la ville neuve de Longwy pour laquelle il avait une prédilection particulière, il lui accorda divers priviléges et prérogatives.

Description de la ville

Le pied de la montagne sur laquelle la forteresse est établie, est arrosé par la petite rivière de Chiers. Cette ville est divisée en ville haute et en ville basse. La ville basse est bâtie en amphithéâtre sur la croupe de la montagne et s’étend jusqu’à la rivière. La ville haute, ou ville neuve, est située sur un des points les plus elevés du département. Des précipices en défendent l’approche au nord-est et à l’est, et rendent sa position fort avantageuse. On y parvient de la ville basse par une route pratiquée en zigzags sur les flancs de la montagne.

Les deux villes sont séparées par un escarpement considérable, que l’industrie des habitants a su changer en jardins potagers plantés d’arbres fruitiers qui s’étendent jusqu’au sommet de la montagne où Louis XIV fit élever la ville neuve.

Le corps de la place est très bien construit. Il forme un hexagone regulier de 1 200 toises de circuit, composé de six bastions et de deux cavaliers.

Il renferme :
- neuf corps de casernes et sept pavillons pouvant loger 5 000 hommes d’infanterie et 800 chevaux
- sept corps-de-garde dont quatre à l’abri de la bombe
- plusieurs magasins à poudre et à fourrage
- un vaste arsenal, un hôpital et une boulangerie militaires
- trois grands souterrains, un hôtel-de-ville, un hôtel pour le gouverneur
- plusieurs autres édifices civils et religieux
- et près de quatre cents maisons, presque toutes bâties en pierre de taille.

Les remparts et quelques-uns des forts sont garnis d’un double rang de tilleuls. Ces arbres forment une promenade délicieuse qui offre un charmant abri dans les heures brûlantes du jour. Du haut du parapet, on découvre plusieurs points de vue très variés, dont l’aspect rend cette promenade encore plus agréable. L’intérieur de la ville est fort gai.

Il n’y a que deux portes d’entrée, celle de Bourgogne au nord, et celle de France au midi, du côté de la ville basse. La distance entre elles est de 182 toises. Le terrain, depuis la porte de Bourgogne, va toujours en s’inclinant vers la porte de France. Les rues sont tirées en ligne droite. La principale est dans la direction des deux portes, les autres lui sont parallèles ou la coupent transversalement et à angles droits.

Au centre de la ville se trouve la place d’Armes, qui forme un rectangle de 60 toises sur 53, partagé en deux parties égales par la route royale. Au nord de cette place est l’arsenal, à l’est, l’hôtel du gouverneur et à l’ouest, l’église paroissiale et l’hôtel-de-ville. Quelques maisons de particuliers en complètent le contour.

Sur la partie de la place située à l’est de la route et en face de l’hôtel du gouverneur, se trouve un puits voûté, à l’épreuve de la bombe, qui fournit l’eau à tous les habitants.

Sous la boulangerie militaire, se trouve une citerne d’une telle profondeur qu’un seul pouce quarré représente un volume de cent pièces d’eau (mesure de Bar).

L’hôpital est un corps de bâtiment isolé, adossé au rempart du bastion gauche de la porte de France. Il est long de 28 toises et large de 7. Il pourrait contenir 120 lits, mais la fixation n’est que de 70. Sa direction est de l’est-sud-est à l’ouest-nord-ouest. Comme c’était autrefois un corps de caserne, on pense bien qu’il n’est pas distribué fort avantageusement.

Les casemates ou voûtes souterraines, à l’épreuve de la bombe, sont destinées à loger la garnison et les habitants en tems de siège.

Les puits sont au nombre de quatre, dont un, celui de la place d’Armes, fournit l’eau aux habitants, et un autre à la garnison. Les deux autres sont délaissés. La profondeur de ces puits est très grande, et l’on ne peut en tirer l’eau qu’avec un travail pénible. Plusieurs personnes sont constamment occupées à marcher dans l’intérieur d’une grande roue, dont l’axe allongé passant au-dessus de l’ouverture du puits, fait tourner une corde, à chaque extrémité de laquelle est suspendu un seau qui va puiser à la fois environ 100 pintes d’une eau très limpide et très salutaire. Il ne faut pas moins d’un quart d’heure pour descendre et monter ce seau.

Le pavé de Longwy est assez commode. Il est formé de pierres calcaires. La grande rue seule est pavée avec un silex rougeâtre extrêmement dur.

Les ouvrages extérieurs de la ville, au nombre desquels se trouve aujourd’hui l’emplacement de l’ancienne ville, ou vieux château, sont tous faits d’après le système de Vauban. Ils consistent en un ouvrage à corne avec une demi-lune, six autres demi-lunes, en six lunettes avancées et enfin, en un champ de mars pour les exercices de la garnison. Les abords intérieurs des deux portes sont assez faciles.

(*)
Ce camp était placé sur une montagne à 8 kilomètres de Longwy, entre les villages de la Madelaine et de Rodange. A en juger par l’étendue du terrain et par les vestiges qui subsistent encore, ce camp, le plus célèbre peut-être qui ait existé dans l’Europe, a dû contenir très facilement deux légions romaines.

Journellement, les habitants des villages voisins, en creusant et labourant, découvrent des fondations d’édifices, des souterrrains, des tombeaux et quantité de pierres de taille, en partie sculptées et presque toutes brûlées d’un côté, ce qui fait supposer qu’en abandonnant cette place, les Romains l’auront incendiée.

Ce camp avait une forme presque circulaire : on pouvait encore reconnaître, il y a quelques années, les alignements des rues, les compartiments des maisons, ainsi que les ruines des murailles et des tours. Enfin, une espèce de chaussée qui communiquait de ce lieu à la hauteur voisine du côté du levant.

Les habitans de la Madelaine et de Rodange possèdent divers objets curieux, extraits de cet endroit, et particulièrement trouvés dans des tombeaux dont il a été découvert un grand nombre. Ces objets sont des vases, des armes, des armures et quantité de médailles en or, argent et cuivre.

Le nom de Tilelberg ou Titus, donné à cette montagne, pourrait faire supposer que l’empereur de ce nom, qui, sous Vespasien son père, porta les armes dans les Gaules, fut l’auteur du camp. Mais les médailles qui s’y trouvent, remontant jusqu’à Jules-César, semblent devoir reporter à un siècle plus éloigné l’existence de ce lieu fortifié. La diversité de ces médailles prouve aussi que les Romains ont occupé ce camp pendant 450 ans au moins. A savoir, depuis Jules-César jusqu’à Théodose et Arcadius, sous le règne desquels les Vandales, les Goths et les Francs se soulevèrent contre les Romains.


Archive pour 24 octobre, 2010

La citadelle de Longwy (54)

Blason de LongwyCarte de Longwy-haut

Plan de la citadelle de LongwyTour de MalcouvertCitadelle de LongwyPorte de France Longwy

 

Classée monument historique en 1933, et inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis le 7 juillet 2008, la ville haute de Longwy est l’une des plus belles villes fortifiées par Vauban en France.

La forteresse est construite sur un plan hexagonal, et renferme une église, un arsenal, onze casernes, ainsi que cinq puits. L’accès se faisait par deux portes : la porte de Bourgogne (détruite en 1914) et la porte de France. La place-forte est ordonnée en quadrilatères organisés autour d’une vaste place centrale.

Actuellement, la moitié de l’enceinte et des bastions, ainsi que la porte de France sont parfaitement conservés et la plupart des bâtiments construits par Vauban y sont toujours visibles : Hôtel de ville, l’église, les casernes, le puits central, la boulangerie.

Mais avant cette citadelle, il existait à Longwy un château-fort, dont il reste un vestige : la Tour de Malcouvert.

D’après des extraits de la monographie « Essais sur l’histoire de Longwy » – Année 1829

Les fondations de la ville de Longwy

L’ancienne ville de Longwy était divisée en trois corps.

Le premier était un château-fort, appelé originairement Longcastre (Long-Château), à cause de sa forme oblongue. Il était situé à l’extrémité et sur la croupe d’un long coteau qui se détache de la montagne voisine, où est maintenant la ville neuve de Longwy.

Ce château, presqu’inaccessible de trois côtés, était très spacieux, et renfermait une grande place d’armes une église paroissiale, un palais, des casernes et trente-six maisons. Un curé, quatre chapelains et une trentaine de bourgeois y faisaient leur résidence, et il servait de lieu de refuge à divers gentilshommes des environs, au prieur du mont Saint-Martin et aux moines des abbayes d’Orval et de Differdange. Au nord du château s’élevait un magnifique donjon, dont les murs et les tours étaient d’une épaisseur surprenante : les princes, ou, en leur absence, leurs lieutenants l’habitaient.

Le deuxième corps formait un bourg, assis sur la gorge du coteau, au-dessous du château, et habité par soixante et dix-sept familles bourgeoises. Il avait deux places de marché, l’une garnie d’une halle et l’autre d’un puits très profond. De beaux jardins et des vignes couvraient du haut en bas tout le revers de la montagne.

Enfin, le troisième corps était le faubourg, situé au bas de cette montagne, dans un vallon étroit, arrosé par la rivière de la Chiers. Il contenait cent vingt-cinq habitations.

De ces trois corps, le faubourg seul subsiste encore au même endroit qu’il occupait jadis, et forme aujourd’hui la ville-basse de Longwy. L’ancienne ville et le château ont été entièrement détruits sous Louis XIV, comme on le verra dans le cours de cette notice.

L’origine de Longcastre, qui fut le premier fondement de Longwy, remonte au 6e siècle. L’origine de la ville et du faubourg ne date que du siècle suivant.

Clotaire, fils de Clovis, roi de France et d’Austrasie, ayant marié Blitilde sa fille à Anselbert, marquis d’Anvers, lui créa, dans le royaume d’Austrasie, une seigneurie composée du pays entre Metz et Trèves, auquel il donna le titre de comté Mosellan, parce qu’il était sur les rives de la Moselle.

Anselbert fit construire le château de Longcastre avec les débris d’un camp romain (*) nommé Titelberg ou Titus, situé près de là. Ce château devînt le siège ou chef-lieu de la juridiction du comté Mosellan.

Le démantèlement de l’ancien château-fort

Le grand Condé, connu alors sous le titre de duc d’Enghein, investit Longwy en 1643. Mais il en leva le siège aussitôt sur l’assurance donnée par le prince Charles, qu’il ne prendrait aucune part à la guerre que la France soutenait alors. De là, c’est Thionville qui fut assiègé, et qui se rendit le 10 août de la même année.

En 1646, Longwy (seule place qui restait au prince Charles dans toute la Lorraine) fut investi et assiègé par le marquis de la Ferte-Senneterre, à la tête de 1 500 chevaux et de 4 000 fantassins.

Deux approches eurent lieu le 1er juillet, l’une sur le donjon, commandée par le marquis lui-même, et l’autre sur la ville. Le 9, les assiégeants firent jouer une mine sous le bastion derrière lequel était un retranchement occupé par l’élite de la garnison. Le marquis en personne, à la tête de ses gardes, appuyés du régiment royal italien du cardinal Mazarin, forcèrent ce retranchement et poursuivirent les assiégés, l’épée aux reins, jusqu’au pont-levis du château.

Le lendemain, les assiégeants s’emparèrent encore d’une demi-lune, et établirent quantité de mines au corps de la place, qui se rendit enfin le 12 juillet. La garnison sortit avec les honneurs de la guerre.

Longwy resta occupé par les troupes françaises jusqu’au traité de paix des Pyrénées, conclu le 7 novembre 1659, et publiée en cette ville le 27 février suivant. La place fut alors remise au prince Charles qui y établit un gouverneur.

De nouvelles intrigues du prince Charles contre la France, amenèrent Louis XIV à envahir une seconde fois la Lorraine. Au mois d’octobre 1670, le maréchal de Créquy se présenta, avec une armée nombreuse, devant Longwy, dont il s’empara après quelque résistance. Depuis lors, cette ville n’a plus cessé d’appartenir à la France.

Tous les châteaux et maisons fortes des environs de Longwy, entre autres, Mercy, Mussy, Tiercelet, Audun, Bassompierre, etc., furent detruits par ordre du roi qui, l’année suivante, ordonna aussi le démantèlement du château et de la ville de Longwy, ce qui fut aussitôt exécuté. Les habitants se réfugièrent à la ville-basse.

Par le traité de paix conclu à Nimègue le 19 août 1678, la prevôté de Longwy fut définitivement abandonnée à la France, moyennant une cession équivalente.

La construction de la citadelle

Louis XIV, voulant fortifier la frontière du royaume du côté de Luxembourg, resolut de faire construire une nouvelle place sur la hauteur au nord, et à environ 400 toises de l’ancien château. Le plan de cet ouvrage fut confié à Vauban.

Le terrain nécessaire ayant été toisé, estimé et payé aux propriétaires, le 10 août 1679, les lignes de la nouvelle forteresse furent tracées avec une charrue.

Quoiqu’il fallût tailler dans le roc pour creuser les fossés, huit bataillons des meilleures troupes employées à cet effet, poussèrent les travaux avec une telle activité, que le 18 avril de l’année suivante, on posa solennellement la première pierre pour le revêtement de la place.

Louis XIV vint en personne visiter les ouvrages. Sa Majesté dîna dans l’ancienne maison de refuge d’Orwal, qui existait encore au vieux château, et retourna dans sa capitale par Longuyon.

Louis XIV ordonna que les maisons qui subsistaient, tant au château qu’à l’ancienne ville, fussent totalement démolies, après en avoir fait payer de ses propres deniers, la valeur aux propriétaires, auxquels il permit d’en établir d’autres dans le nouveau Longwy. Désirant contribuer à l’agrandissement et au bien-être de la ville neuve de Longwy pour laquelle il avait une prédilection particulière, il lui accorda divers priviléges et prérogatives.

Description de la ville

Le pied de la montagne sur laquelle la forteresse est établie, est arrosé par la petite rivière de Chiers. Cette ville est divisée en ville haute et en ville basse. La ville basse est bâtie en amphithéâtre sur la croupe de la montagne et s’étend jusqu’à la rivière. La ville haute, ou ville neuve, est située sur un des points les plus elevés du département. Des précipices en défendent l’approche au nord-est et à l’est, et rendent sa position fort avantageuse. On y parvient de la ville basse par une route pratiquée en zigzags sur les flancs de la montagne.

Les deux villes sont séparées par un escarpement considérable, que l’industrie des habitants a su changer en jardins potagers plantés d’arbres fruitiers qui s’étendent jusqu’au sommet de la montagne où Louis XIV fit élever la ville neuve.

Le corps de la place est très bien construit. Il forme un hexagone regulier de 1 200 toises de circuit, composé de six bastions et de deux cavaliers.

Il renferme :
- neuf corps de casernes et sept pavillons pouvant loger 5 000 hommes d’infanterie et 800 chevaux
- sept corps-de-garde dont quatre à l’abri de la bombe
- plusieurs magasins à poudre et à fourrage
- un vaste arsenal, un hôpital et une boulangerie militaires
- trois grands souterrains, un hôtel-de-ville, un hôtel pour le gouverneur
- plusieurs autres édifices civils et religieux
- et près de quatre cents maisons, presque toutes bâties en pierre de taille.

Les remparts et quelques-uns des forts sont garnis d’un double rang de tilleuls. Ces arbres forment une promenade délicieuse qui offre un charmant abri dans les heures brûlantes du jour. Du haut du parapet, on découvre plusieurs points de vue très variés, dont l’aspect rend cette promenade encore plus agréable. L’intérieur de la ville est fort gai.

Il n’y a que deux portes d’entrée, celle de Bourgogne au nord, et celle de France au midi, du côté de la ville basse. La distance entre elles est de 182 toises. Le terrain, depuis la porte de Bourgogne, va toujours en s’inclinant vers la porte de France. Les rues sont tirées en ligne droite. La principale est dans la direction des deux portes, les autres lui sont parallèles ou la coupent transversalement et à angles droits.

Au centre de la ville se trouve la place d’Armes, qui forme un rectangle de 60 toises sur 53, partagé en deux parties égales par la route royale. Au nord de cette place est l’arsenal, à l’est, l’hôtel du gouverneur et à l’ouest, l’église paroissiale et l’hôtel-de-ville. Quelques maisons de particuliers en complètent le contour.

Sur la partie de la place située à l’est de la route et en face de l’hôtel du gouverneur, se trouve un puits voûté, à l’épreuve de la bombe, qui fournit l’eau à tous les habitants.

Sous la boulangerie militaire, se trouve une citerne d’une telle profondeur qu’un seul pouce quarré représente un volume de cent pièces d’eau (mesure de Bar).

L’hôpital est un corps de bâtiment isolé, adossé au rempart du bastion gauche de la porte de France. Il est long de 28 toises et large de 7. Il pourrait contenir 120 lits, mais la fixation n’est que de 70. Sa direction est de l’est-sud-est à l’ouest-nord-ouest. Comme c’était autrefois un corps de caserne, on pense bien qu’il n’est pas distribué fort avantageusement.

Les casemates ou voûtes souterraines, à l’épreuve de la bombe, sont destinées à loger la garnison et les habitants en tems de siège.

Les puits sont au nombre de quatre, dont un, celui de la place d’Armes, fournit l’eau aux habitants, et un autre à la garnison. Les deux autres sont délaissés. La profondeur de ces puits est très grande, et l’on ne peut en tirer l’eau qu’avec un travail pénible. Plusieurs personnes sont constamment occupées à marcher dans l’intérieur d’une grande roue, dont l’axe allongé passant au-dessus de l’ouverture du puits, fait tourner une corde, à chaque extrémité de laquelle est suspendu un seau qui va puiser à la fois environ 100 pintes d’une eau très limpide et très salutaire. Il ne faut pas moins d’un quart d’heure pour descendre et monter ce seau.

Le pavé de Longwy est assez commode. Il est formé de pierres calcaires. La grande rue seule est pavée avec un silex rougeâtre extrêmement dur.

Les ouvrages extérieurs de la ville, au nombre desquels se trouve aujourd’hui l’emplacement de l’ancienne ville, ou vieux château, sont tous faits d’après le système de Vauban. Ils consistent en un ouvrage à corne avec une demi-lune, six autres demi-lunes, en six lunettes avancées et enfin, en un champ de mars pour les exercices de la garnison. Les abords intérieurs des deux portes sont assez faciles.

(*)
Ce camp était placé sur une montagne à 8 kilomètres de Longwy, entre les villages de la Madelaine et de Rodange. A en juger par l’étendue du terrain et par les vestiges qui subsistent encore, ce camp, le plus célèbre peut-être qui ait existé dans l’Europe, a dû contenir très facilement deux légions romaines.

Journellement, les habitants des villages voisins, en creusant et labourant, découvrent des fondations d’édifices, des souterrrains, des tombeaux et quantité de pierres de taille, en partie sculptées et presque toutes brûlées d’un côté, ce qui fait supposer qu’en abandonnant cette place, les Romains l’auront incendiée.

Ce camp avait une forme presque circulaire : on pouvait encore reconnaître, il y a quelques années, les alignements des rues, les compartiments des maisons, ainsi que les ruines des murailles et des tours. Enfin, une espèce de chaussée qui communiquait de ce lieu à la hauteur voisine du côté du levant.

Les habitans de la Madelaine et de Rodange possèdent divers objets curieux, extraits de cet endroit, et particulièrement trouvés dans des tombeaux dont il a été découvert un grand nombre. Ces objets sont des vases, des armes, des armures et quantité de médailles en or, argent et cuivre.

Le nom de Tilelberg ou Titus, donné à cette montagne, pourrait faire supposer que l’empereur de ce nom, qui, sous Vespasien son père, porta les armes dans les Gaules, fut l’auteur du camp. Mais les médailles qui s’y trouvent, remontant jusqu’à Jules-César, semblent devoir reporter à un siècle plus éloigné l’existence de ce lieu fortifié. La diversité de ces médailles prouve aussi que les Romains ont occupé ce camp pendant 450 ans au moins. A savoir, depuis Jules-César jusqu’à Théodose et Arcadius, sous le règne desquels les Vandales, les Goths et les Francs se soulevèrent contre les Romains.

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