Dun-sur-Meuse de 1140 à 1377

Blason de Dun-sur-Meuse

 

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – Publication 1863  

 

Troisième période : La châtellenie de Dun et ses pairs sous les sires d’Apremont (1140 – 1377)

Gobert Ier de Dun – 1140

Gobert, châtelain d’Apremont (Gobertus Asperimontis castelnanus, Charte de 1160, 1168) Ve du nom, était fils de Gobert IV et d’Hadwide de Joigny-Joinville-Courtenay. Il était petit-fils de Thiéry de Briey et d’Hadwide d’Apremont. Il avait fait partie des premières croisades.

A son retour, en 1120, au lieu de l’Aigle, qui d’abord avait meublé son écu, il avait adopté la croix, d’argent, sur champ de gueules, avec tenants deux sauvages. Puis, pour devise parlante, un mont escarpé surmonté de lauriers, où se lisaient ces mots : per aspera montis quœrenda.

En 1135, en premières noces, il épouse, Aleyde de Dun, fille de Waultier et petite-fille d’Alo. Cette châtelaine lui apporta l’avouerie des Dunes, dont les héritiers naturels, encore trop jeunes, n’avaient pu être investis. Aleyde eut d’abord une fille, Azeline, qui, vers 1150, fut mariée à Gauthier ou Vaultier, fils de Pierre, petit-fils de Symon, châtelain des trois castels de Mirvaulx, de Bréheville et de Murault. Aleyde eut ensuite un fils, auquel fut donné le nom de son père, lequel mourut en 1159. Voici Gobert II. 

Gobert Ier de Dun assiste, en 1142, à la fondation de l’abbaye de Châtillon par l’évêque Adalbéron de Chiny. En 1149, avec son neveu Hugues de Muscey de la famille de Chiny, il avait accordé ux nouveaux moines un libre passage sur les terres de Conflants, dont ceux-ci avaient déjà un germe d’inféodation. Il s’était adjoint à tous ses coseigneurs voisins pour enrichir la manse du couvent (Chartes de 1156, 1163). Ainsi, en 1156, avec sa femme Aleyde, avec Wauthier son beau-fils, il transmit aux religieux leurs droits terriens indivis dans la curie de Mangiennes, sur le lieu du premier établissement.

En 1156, toujours avec sa femme, avec son gendre, et à l’adjonction de son fils Gobert et de ses beaux-frères Ponsart et Seybert, il concède encore à ces moines leurs droits dans la corvée de Mangiennes et sur le ban de Hendeville, près de Pilon.

Gobert II de Dun – 1159

Aleyde de Dun étant décédée vers 1159, Gobert Ier se remaria dans la famille la plus puissante alors de la contrée : c’était celle de Chiny. En 1168, il prit pour seconde femme Ide, fille du comte Albert et d’Agnès de Bar. De plus, elle était nièce de l’évêque Adalbéron et enfin elle était sœur d’Arnoux, qui bientôt occcupa le siège épiscopal de son oncle (1172 à 1181). Cette dame donna à Gobert Ier trois enfants, dont nous ne citerons que deux, successivement sires de Dun.

Gobert III de Dun – 1168

Le premier enfant du second lit, nommé Gobert comme son père et comme son frère consanguin, ne fut sire de Dun, par droit héréditaire, qu’après la mort de son aîné du premier lit. Car Gobert II, après la mort d’Aleyde, avait été investi de la succession maternelle, sous la mainbournie de Gobert Ier, mais ce Gobert II mourut avant son tuteur, et il transmit au fils du second lit, le titre qu’il n’avait eu que nominalement. De là l’erreur des historiens.

Gobert III devint donc châtelain à sa majorité. Comme son frère et prédécesseur, il décéda sans enfants. La mort investit son puîné de toute la succession fraternelle, y compris les domaines de la provenance d’Aleyde, moins ceux cependant des petits-neveux de cette dame, c’est-à-dire les fils de Ponsard et de Seybert, qui formèrent les souches des maisons pairies de Dun.

Geoffrois - 1189

Le second fils de Gobert Ier et d’Ide de Chiny se nommait Geoffrois. A la mort de son frère Gobert III, en 1189, il devint sire châtelain haut voué de Dun, et, au décès de son père, en 1191, il se trouva, en outre, châtelain propriétaire de la baronnie d’Apremont. Ce Geoffrois ne survécut que peu de temps à son père.

En 1175, il avait épousé Elisabeth de Dampierre qui lui donna trois enfants : cette dame étant morte, vers l’an 1188, Geoffrois se remaria avec Lurette de Chiny, fille du comte Louis III dit le Hierosolymitain. Il se croisa avec son beaupère, en 1189, et il mourut en Palestine, en 1192, sans laisser d’enfants de son second lit.

Nous ne citerons que deux de ses fils : Jean, qui fut évêque de Verdun de 1217 à 1224, puis évêque de Metz de 1224 à 1238 et Gobert (Ve du nom, comme baron d’Apremont, et IVe du nom, comme sire de Dun).

Gobert IV de Dun, dit le Bienheureux – 1192

Gobert IV de Dun, fut un des plus illustres chevaliers de son temps : il succéda aux charges, dignités et emplois militaires de ses ancêtres. Comme ses aïeux, il se disait princeps et custos omnium loci Asperimontis pertinentium.

C’est à cette époque qu’il épousa Julianne du Rosois, fille de Roger II comte de Tierarche et d’Alix d’Avesne. Elle était dame de Chaumont en Porceanais, Gobert lui constitua en douaire la châtellenie de Dun. Il possédait l’avouerie de la montagne de Saint-Vanne à Verdun à titre héréditaire. Cette dignité lui venait du fameux auteur de sa race, ce Gobert Ier si célèbre dans les fastes verdunois. Il avait, en 1209, reçu l’inféodation de la terre de Conflants, indivise entre le Barrois, l’évêché de Metz, et le Luxembourg.

Dès l’année 1201, on voit figurer Gobert le bienheureux, avec Julianne, dans une charte de donation, en faveur de l’abbaye du Mont-Dieu. Mais, constamment en guerre, il ne parut que rarement à Dun. Pendant ses longues et fréquentes absences, c’était l’évêque Jehan son frère qui gérait l’avouerie de ses châtellenies.

C’est ainsi qu’en 1215, Johannes episcopm Virdunensis, dominus de Asperomonte et Duno, vices gerens, accorde à l’abbaye d’Andenne propriétaire de l’église de Sassey, une charte à l’encontre des prétentions du sire de Proiville (Richard, fils de Ponsard et frère de Richer de Dun, Charte de 1230), charte par laquelle sont reconnus les droits des Béguines sur différents villages, et notamment à Tailly.

Le différent avait été soumis à l’arbitrage de Wuitier, chevalier de Wellenes (Vilosnes) et de Hunald, bourgeois de Dun. Le prélat ordonna que leur rapport serait déposé ès mains de la dame de Dun, pour son exécution. Notre châtelaine Julianne scella cette charte de son pareatis.

En 1218, Gobert IV concourut, avec Odon abbé de Belval, à la fondation du village de Beauclair, et il stipula que cette commune serait placée sous la juridiction de sa châtellenie de Dun.

En 1226, il prend part à la croisade dirigée par le roi Louis VIII contre les Albigeois. En 1227, il aide son cousin-germain, l’évéque Raoul de Torotte, à comprimer la mutinerie des Citains de Verdun. En 1228, avec sa femme Juliane, il cède aux moines de Belval, entre Brieules et Cunel, la terre de Briaculei. Puis il part pour la Palestine avec l’empereur Frédéric II mais, indigné de la conduite de ce méprisable monarque, il l’abandonne, et il revient en Lorraine défendre ses possessions qu’Henry comte de Bar avait envahies.

En 1231, il contraint ce prince à lui concéder l’inféodation partielle de la châtellenie de Briey. En 1237, toujours avec Julianne, il accorde aux dames d’Andenne une charte recognitive de leurs droits sur Proiville, sur Andevanne, et sur Tailly. Enfin, désenchanté des grandeurs, en 1240, il quitte tout, voire sa femme. Il va se réclure au monastère de Villier en Brabant. Finalement il y meurt, vers 1263, en odeur de sainteté, dit-on. On le croit né à Dun, aussi bien que le pape Etienne IX.

Sa femme lui avait donné de nombreux enfants. Ce fut sa postérité qui, de siècle en siècle, porta, dans le monde entier, le renom d’Apremont. Nous ne nous occuperons, ici, que de l’aîné de ses enfants et du puîné qui, l’un après l’autre, dominèrent à Dun.

Geoffrois II – 1240

Geoffrois II, sire d’Apremont, déjà comte de Sarrebruck par son mariage en 1235, avec Lorette, fille de Simon II et de Lorette de Lorraine, celle-ci fille du duc Ferry et d’Agnès de Bar. Geoffrois devint sire de Dun, à la retraite de son père (1240). Déjà, à partir de 1235, lui et ses frères avaient été, par leur père, associés au gouvernement d’Apremont et des autres fiefs de famille. La même année, Geoffrois est maintenu, par le comte Henry, dans son avouerie sur toutes les terres qu’avait l’abbaye de Gorze dans le Barrois.

En 1243, il fait hommage à Jacques de Lorraine, évêque de Metz, pour sa terre d’Apremont. En 1248, prêt à partir pour la terre sainte, il scelle une donation pieuse, sur son moulin de Marvezin, au profit de Notre-Dame du prieuré d’Apremont, puis il va rejoindre Saint-Louis en Palestine. Il y meurt, sans postérité, en janvier 1250, après avoir, testamentairement, institué son frère Gobert héritier de ses terres, à l’exception d’Apremont, châtellenie sur laquelle le douaire de sa veuve était établi.

Gobert V de Dun – 1250

Gobert V de Dun et VII d’Aspremont, succéda à son frère Geoffrois II, en 1250 : il vint s’établir à Dun. Son premier soin, de concert avec son frère Jean, alors prévôt de Montfaucon, fut de régler le douaire de leur mère Julianne et d’améliorer le sort de leurs vassaux. C’est lui qui les fit naître à la vie communale, il est le premier bienfaiteur de tout le canton de Dun.

Homme de haute prudence, Gobert fut l’arbitre des différents les plus graves du siècle où il vécut.

Déjà, en 1244, il avait tranché celui qui lui était personnel pour la seigneurie de Stenay. Elle était alors occupée par Renaud de Lorraine, frère puîné du duc Mathieu. Bientôt après, il en régla un bien autrement considérable : c’était celui du comte de Bar, alors en guerre avec Thibault, roi de Navarre et comte de Champagne, au sujet de l’hommage que réclamait celui-ci, hommage que l’orgueilleux Henry lui déniait. Ce fut à l’arbitrage de Gobert V, et d’Eustache de Conflants, connétable de Champagne, que fut soumis ce conflit avant qu’il fut porté au tribunal de Saint-Louis.

En 1251, Gobert V, avec sa mère Julianne, affranchit la commune de Lions devant Dun. La même année, Gobert et Julianne se rendent pleiges et cautions envers Thibault de Champagne, pour le relief de la tierce partie de leur terre de Chaumont en Porceannais et de ses appendices, dont Brieules faisait partie.

En 1269, Gobert s’entend avec Simon abbé de Gorze, pour l’affranchissement de Mouzay, et ils donnent à ce village les mêmes lois qu’à Beaumont. Enfin, de plein accord avec les pairs de sa châtellenie, les sires de Clarey, de Vilaisnes, de Proiville, de Landreville et de Lions, sous l’attache de son frère Jehan prévôt de Montfaucon, c’est Gobert V qui a affranchi Dun et tous les villages du Duninsis.

Le duc Ferry III de Lorraine et l’évêque Laurent de Metz étaient en guerre, à la suite de la capture de ce prélat, en 1273, dans l’affaire de Marsal. Ils choisirent encore Gobert pour arbitre, et ce fut lui qui régla les conditions de la paix qu’ils conclurent en 1278. Gobert mourut quelques temps après, il était alors au plus haut degré d’honneur et de considération.

Gobert V avait épousé, en 1258, Agnès de Coucy : cette dame décéda en 1277.

Elle l’avait rendu père de cinq enfants : Gobert qui mourut en bas âge, Geoffrois qui suit, Thomas sire de Chaumont en Porceannais, Elisabeth, mariée à Frédéric II de Linange et Mahaut, épouse de Simon de Sarrebrûck, sire damoiseau de Commercy.

Sa seconde femme fut Marie de Belrain, dont il n’eut pas d’enfants.

Geoffrois III de Dun

Geoffrois III succéda à son père en 1284. La même année, il affranchit Wiseppe et Saulmory. Ce fut comme bien tenant de Julianne son aïeule qu’il accomplit cet acte de suzeraineté, car ces villages étaient de mouvance champenoise. Ils étaient véromanduens, et ils avaient appartenu aux anciens sires du Rosois et de Porcean. Toujours sont-ils restés du ressort de la baronnie du Thour et Montcornet.

La petite prévôté de Villefranche sur Meuse était sous la même juridiction. C’est à Ribemont sur l’Oise qu’il faut aller chercher ses premiers seigneurs dominants.

En 1285, comme sire d’Apremont et de Dun, Geoffrois affranchit Montigny, où les deux mouvances se confondaient.

La même année, avec sa sœur Mahault dame de Commercy, il assiste et fait prouesses à la célèbre passe d’armes donnée par Louis IV de Chiny, en face du manoir de Gérard de Loos, dans la prairie de Chauvancy-le-Château.

En 1288, avec Gérard de Loupy et avec la plupart des seigneurs des basses Wabvres, il concourt aux délibérations internationales pour le règlement des limites germaniques et françaises, au sujet de la mouvance des abbayes de Montfaucon et de Beaulieu en Argonne, abbayes que Philippe-le-Bel revendiquait à l’encontre du comte de Bar Thibault II.

Geoffrois, en 1280, avait épousé Elisabeth de Quievraing. Fille aînée du baron Nicolas et de Julienne de Loos, cette princesse était petite-fille du comte Arnoult III de Loos et Chiny. Ce mariage avait fait du sire de Dun-Aspremont un des plus puissants hauts vassaux de l’empire. Aussi, en 1295, Geoffrois put-il conclure, pour son aîné, une alliance princière, en la personne de Marie de Bar, fille de Thiébault II et de Jehanne de Tocy.

En 1296, le sire de Dun régla les droits des moines de Belval et ceux des habitants de Beaufort sur Wiseppe et sur le Bostan de Boulain. En 1299, il déclare que les hommes du prieuré de Saint-Giles sont affranchis de sa taille, bien que, seul, comme avoué, il eut droit de garde sur ce prieuré.

En 1301, traité de Bruges. Trahi par le sort des armes, Henri IV de Bar est contraint de se déclarer homme lige du roi de France. Geoffrois se soumet à sa suite, et, en 1302, il fait hommage à Philippe le Bel pour ses fiefs de Brieules, de Dugny et des deux Monhairons.

Geoffrois périt à la bataille de Courtray le 11 juillet 1302.

Il eut une postérité nombreuse. Elle s’est répartie en cinq maîtresses branches :
- celle de Dun-Buzancy-Amblise, éteinte en 1550
- celle de Sorcy-Rombise-Nanteuil, que nous retrouverons ailleurs
- celle de Coulome et Sorcy, éteinte en 1652
- celle de Vandy-Saint Loup-Laneuville-Lambresle, éteinte, à Montmédy, en 1761
- celle de Brétainville-Saint-Laurent, qui se représentera, en son lieu, à Marville où est enterré son dernier représentant.

Apremont-Lynden florit encore en Belgique et dans les PaysBas.

Apremont-Dun-d’Amblise portait : de gueules, à la croix d’argent, en mémoire du voyage de Geoffrois Ier, en Egypte, où il mourut en 1250. On ne connait pas d’autres armoiries à la ville de Dun, sauf le sceau prévotal.

Gobert VI de Dun – 1305

Gobert VIe de Dun, VIIIe d’Apremont, fils aîné du précédent.

En 1301, il réalise son mariage avec Marie de Bar, et il devient ainsi beau-frère du fameux Pierre de Bar, sire de Pierfort et Boucquemont. La même année, il divise en deux communes Mont et Sassey qui, jusqu’alors, n’avaient formé qu’un seul ban. En 1301 toujours, il transige avec Pierre de Bar, son beau-frère, sur leurs droits indivis à Sécheprez et à Fromeréville.

Il sanctionne, en 1315, une donation par Jehan de Mouzay et par Helwis sa femme au profit des moines du prieuré de Dun. En 1318, il traite avec son neveu Edouard Ier, comte de Bar, au sujet de leurs droits dans la seigneurie des Dunes, dont quelques portions alors ne relevaient pas du Barrois.

En 1319, il fonde la collégiale d’Apremont. En 1326, il approuve la vente de portions du linage de Lions devant Dun, par Renault sire de Lions, à Jehan de Chaumont. Enfin il meurt, la même année, laissant viagèrement à sa veuve la jouissance intégrale de Dun et de sa chastellerie.

Geoffrois IV de Dun – 1326

Geoffrois IVe du nom de Dun, IXe d’Apremont, fils unique du précédent. Aussitôt qu’investi de l’hoirie paternelle, Geoffrois règle le douaire de sa mère. Avec les château, forteresse et chastellerie des Dunes, Geoffrois cède à la douairière, ce que son père avait tenu en fief à Dugny, à Ancemont, et aux deux Monhairons.

Il épouse, en 1327, Marguerite du Saulcy, dame de Jametz. Il en a deux fils : Gobert qui suit et Ferry, plus une fille prénommée Marie. En 1325, il établit cette fille avec Olry de Fénétranges, et il la dote des terres d’Aulnois et de Vertuzey. La même année, il approuve une donation au profit du prieuré de Saint Giles.

En 1346, il fait construire la vénérable église de Notre Dame, paroisse actuelle de la ville de Dun.

En 1354, il arrive au faîte de la puissance et des honneurs.

Par diplôme du 22 mars 1356, confirmé le 18 janvier 1357, l’empereur Charles IV (maison de Luxembourg), en récompense de son dévouement à l’empire, érige sa baronnie d’Apremont en fief salique et masculin, transmissible d’aîné à aîné, à l’exclusion des filles, et relevant immédiatement de l’empire. L’empereur y attache même les droits régaliens et celui notamment de battre monnaie sur tous métaux.

Ce fut cette faveur qui perdit la maison d’Apremont.

Aussitôt Geoffrois appelle de Namur le monayeur Lambert, et il ouvre à Dun un atelier monétaire. De cette officine, sortirent en petit nombre des pièces d’or, d’argent et de cuivre, au coin et à l’effigie du baron qui fit publier sa monnaie, en pleine foire, et dans tous les marchés de la ville de Dun. Mais, au bout de quelques années, le métal manqua avec le crédit, et l’atelier dût se fermer par l’épuisement de la caisse obérée par d’énormes emprunts.

En 1363, Geoffrois augmenta cependant encore ses domaines, en achetant d’Agnès de Boncourt ce que celle-ci possédait à Boncourt, à Mandres, à Forbelvezin et au Pont. Puis, entraîné à la dérive, il naufragea dans la tourmente politique dont voici les causes et le résultat.

Henri IV de Bar était décédé en 1344. De son mariage avec Mande de Flandre, ce prince laissait deux fils en bas âge, qui recueillirent, l’un après l’autre, les états de leur père, et dont la mainbournie contestée à leur mère, par Jeanne de Tocy leur aïeule, souleva l’orage dans lequel devait sombrer la barque des Apremont. Robert, le plus jeune des deux comtes, était encore mineur quand Edouard II, son aîné, lui laissa sa couronne, en 1351. Soutenue par la France, la régente Iolande se maintint, dans la tutelle, contre la compétition de Jeanne de Tocy, laquelle était aussi aïeule maternelle de Geoffrois d’Apremont.

Iolande fit plus. Elle conclut le mariage du jeune Robert avec Marie de France, fille du roi Jehan et de Bonne de Luxembourg. Non seulement elle obtint pour lui des lettres de dispense d’âge, mais elle parvint à faire ériger le barrois en duché. Alors elle se retira à Clermont, près de Varennes, terre qu’elle tenait en douaire ainsi que celle de Vienne-le-Château.

Le premier acte souverain que fit le nouveau duc de Bar, par édit du 9 juin 1357, fut d’enjoindre à tous ses baillis et chastelains d’avoir à reconnaître sa mère pour régente, et de lui obéir en tout ce qu’elle leur commanderait.

Mais, cédant aux suggestions de Pierre de Bar son beau-frère, Geoffrois d’Apremont s’y était refusé.

Indépendant, suivant lui, comme vassal immédiat de l’empire, et comptant trop sur l’appui des forces germaniques, Geoffrois arma contre son seigneur dominant. Il avait même ouvert aux troupes impériales sa forteresse d’Apremont. En cela, il avait encouru la commise de ses fiefs barrisiens, et de Dun, notamment, dont portions notables étaient de la relevance du Barrois.

Robert, soutenu par la France, réunit promptement une armée, et avec le concours de la garnison de Stenay, il s’empara du château de Dun et il établit des commissaires pour régir la châtellenie en son nom.

C’est en cet état que Geoffrois IV décéda en 1362, laissant à ses deux fils Gobert et Ferry une dette de 90 000 florins envers Wenceslas, grand duc du Luxembourg.

Gobert VII de Dun – 1362

Le mariage de Robert de Bar projeté avec Marie de France le 4 juin 1364, et qui assignait Dun pour douaire à la fille du Roi, ce projet s’était réalisé le 13 juin 1365.

Maintenant les confiscations prononcées contre son défunt vassal, le Duc de Bar confirma à sa femme le fief des Dunes et tout ce qui en dépendait. Alors Gobert VII fit de vains efforts pour recouvrer les possessions paternelles.

Il avait épousé Jeanne du Saucy du Jametz. Pour solder quelques impériaux, il engage au prince barrisien, Affléville, Aix et Gondrecourt qui dépendaient alors de sa comté d’Apremont, puis il réunit ses troupes. Mais, malgré le concours de ceux des seigneurs de Jametz, qui étaient de la mouvance Virduno-Luxembourgeoise (*), Gobert succomba.

En 1377, fait prisonnier par Robert, il ne fut reçu à merci, qu’à la condition que les fiefs paternels restant confisqués, ceux de provenance extra barrisienne seraient échangés contre l’abandon de la terre de Bronelle, plus les moulins de Stenay. Ce traité est du 15 juillet 1377.

Il fut sur les instances de Geoffrois, fils de Gobert, modifié par celui du 30 janvier 1381, lequel concéda à Gobert et aux siens, en échange de Bronelle, la terre et seigneurie de Buzancy, et en lui maintenant néanmoins les moulins de Stenay.

(*) Jametz relevait alors de deux mouvances différentes :
- D’un côté, pour la portion anciennement Virduno-Chinienne, se trouvaient les Failly, de la branche de Jametz-Marville, qui sont aujourd’hui représentés par les Failly champenois, notamment ceux de Villemontry.
- De l’autre côté, pour la portion Chino-Arlunienne, étaient les du Hâtois de Margny et Viller devant Orval, souche Evodienne des du Hautois Nubescourt.

Cette division remontait, paraît-il, à Marguerite de Jametz, veuve de Frusté de Failly, dont partie des droits avait passé à Marguerite de Manonville, et de celle-ci à la maison de Florenges, dont l’héritière Jehanne de Lenoncourt, fille de Colart et de Lise de Florenges, avait épousé Jean de Marley seigneur du Saulcy, père de la femme de Geoffrois IV de Dun.

Quant à la portion des anciens du Hatois, elle leur échappa à la suite de la bataille de Nancy, par les inféodations nouvelles accordées par le duc René. Cette phase obscure de notre histoire sera éclaircie à l’article Jametz. Là est le nœud de la descendance actuelle des vrais Failly.

A suivre : La chastellerie de Dun sous les derniers ducs de Bar (de 1377 à 1500)


Archive pour 19 octobre, 2010

Dun-sur-Meuse de 986 à 1140

Blason de Dun-sur-Meuse

 

Dun-sur-Meuse est un bourg de 747 habitants, chef-lieu de canton, dans l’arrondissement de Verdun.

A une certaine époque, Dun était ville capitale de la baronnie et du comté de ce même nom. Milly était ancienne annexe de Dun.

Je vous propose de remonter quelques siècles en arrière, et ainsi de parcourir, à travers l’épopée de ses seigneurs, l’histoire de ce pittoresque bourg de Meuse, et par là même, un peu l’histoire des villages avoisinants.

Les appellations anciennes des villes et villages ont été respectées.

D’après le « Manuel de la Meuse » de Jean François Louis Jeantin – Publication 1863  

Première période : La terre de Dun sous les premiers comtes de Bar et d’Ardenne (de 986 à 1066)

Beatrix de Bar

La terre de Dun n’apparaît comme possédée limitativement et héréditairement que dans le cours du dixième siècle. Avant cette époque, Dun n’apparaît, dans les vieilles chartes, ni comme une villa, soit mérovingienne, soit carlovingienne, ni comme un oppidum, soit gaulois soit romain, élevé en face des occupateurs du Doulmois, ce n’est qu’une terre, dans l’acception générale du mot, c’est celle des Dunes.

C’est une des cinq parts, Dun, Rouvres, Sampigny, Courcelles, Malaumont possédées à titre héréditaire par une princesse barrisienne, par Béatrix, la seconde des filles de Frédéric II et de Mathilde de Bourgogne. La petite-fille du roi Lothaire de France a reçu ces terres en dot, en épousant le duc de basse Lotharingie, Godefroid IV, comte d’Ardenne et de Verdun.

Mais les dunes sont disputées à l’héritière par un prélat. Thiéry le batailleur, évêque des Claves, nanti du testament d’un comte Frédéric, de l’an 997, prétend les faire comprendre, au détriment des époux, dans le legs universel à son église, comme partie intégrante du Virduninsis.

C’est pour défendre les propres de sa femme, et au soutien de ses prétentions personnelles, que le grand duc fit établir, paraît-il, un oppidum sur le promontoire, en face de l’Asteninsis, du Staduninsis et du Veroduninsis, le mettant ainsi à l’abri, et des courses épiscopales, et des invasions des occupateurs de Rethel, de Grandpré, de Sainte-Menehould, de Clermont et de Doulcom, occupateurs, tour à tour, alliés, ou adversaires, de l’ambitieux prélat de Verdun.

Le Castrum dunum s’élève donc en 1053. Ses fortifications rudimentaires s’achèvent en 1055. Alors Godefroid en confie la garde à Alo de Clermont, sire de Donnevoults, comte de Doulx, guerrier indomptable qui, avec ses parents les sires de Sainte-Menehould, de Grandpré, de Rethel, de Crépy sur Oise, n’avait cessé de soutenir les prétentions des comtes d’Ardenne sur le comté de Verdun, à l’encontre de la donation qui les en avait, disaient-ils, dépouillés.

Mathilde de Toscane

En 1063, Béatrix de Bar marie sa fille Mathilde, enfant unique de son premier lit avec le marquis Boniface de Toscane. Elle l’unit à Godefroid V, dit improprement le Bossu, son beaufils issu d’un premier mariage de son second mari. Et en dot, elle donne à l’épouse la terre de Dun et celles de Rouvres, de Sampigny, de Courcelles, et de Malaumont.

Mathilde est mise au ban de l’empire en 1066. Ses domaines sont confisqués, pour cause de félonie. L’empereur Henri IV les concède à l’église des Claves. Dun passe, par diplôme impérial, aux mains de l’évéque Thiéry. Alors Alo se soumet, il rentre même au giron épiscopal, car Mathilde, qui a besoin d’argent pour soutenir la querelle du pape, ratifie l’acte de son dépouillement.

Dun est abandonné, et le Duninsis devient Verdunois. L’abbaye de Juvigny, Jametz, Murvault avec la forêt de Wabvre, Peuvillers enfin, vont avoir le-même sort. Mouzay et Stenay sortiront aussi des mains de leur légitime propriétaire, pour devenir l’objet de luttes incessantes entre le dépouillant et les dépouillés.

Voilà la première phase des accroissements verdunois et des sous-inféodations wabvriennes dans les bassins de la Thinte, de l’Azennne, et du Loison.

Seconde période : Dunum castrum sous les comtes-évêques de Verdun, sous la seconde dynastie Barrisienne, et sous la haute vouerie des Alauniens (de 1066 à 1140)

Alo de Dannevoux et Clermont

Alo est haut voué du château de Dun. A ce titre, il a portion dans le domaine utile de la châtellenie. Ce fut là le principe de la seigneurie directe de ses descendants.

Proscrite des terres d’empire, son ancienne maîtresse Mathilde est en Toscane, d’où elle remue l’Europe pour la cause de la papauté. Son beau-père, Godefroid le grand, est mort à Bouillon en 1069. Godefroid le bossu, son mari, meurt assassiné à Anvers, en février 1076. Enfin, elle perd sa mère Béatrix en mars de la même année.

L’évêque Thiéry dispose alors de ses biens, et il les inféode à ses créatures. De là, les annelets sur champ d’argent dans les armoiries de ce temps.

Alo meurt fin 1076. Il laisse trois fils : Gauthier, autrement dit Wauthier – Adelo – Frédéric.

Ce fut le premier qui lui succéda. Adelo, le puîné, devient châtelain de Chauvancy et sous-voué de Saint-Hubert, sous la haute vouerie de Godefroid de Bouillon et d’Arnoux II de Chiny (Charte de 1086). Le dernier fils, Frédéric, devint vicomte de Toul (Chartes de 1069 et 1070).

Waultier de Dun

Galterus de Duno épouse Azelina, fille d’Azo, sire de Villy et de Blagny près Ivoy. C’est lui qui, en 1094, conjointement avec sa femme et sous le concours de plusieurs seigneurs des basses Wabvres, a établi le prieuré de Saint-Giles dans le faubourg de la ville de Dun. La même année, il avait souscrit à la charte de Godefroid de Bouillon portant restitution en faveur de Saint-Dagobert de Stenay, et Godefroid l’avait établi sous-voué de cet autre prieuré. A ce titre, il accède encore à la charte de 1096, au profit du même établissement. Avide, comme tous les voués de cette époque, il veut mettre la main sur les terres, serfs et vassaux, que les dames d’Andenne possédaient à Sassey, bien qu’ils fussent sous sa sauvegarde. Son entreprise est réprimée par le duc de Mosellanne Thiéry, aux assises d’Huy, en l’an 1105.

Cependant, élu à l’évêché de Verdun, en 1117, Henry de Blois, dit de Winton, n’avait pu prendre possession de l’autel de sa cathédrale : repoussé par les Citains, il avait fallu que le prélat recoure à l’intervention de Renault comte de Bar, qui était alors vicomte de la cité. Après son intronisation sanglante, en 1122, Henry restitua à Renault partie du patrimoine de Mathilde, et dès lors, Dun et son haut voué repassèrent sous la suzeraineté du Barrois.

Ponsard de Dun

Wauthier de Dun meurt en 1135. Il laissait deux fils et une fille : Ponsard – Raoul – Aleyde.

Ponsard lui succède et il vécut jusqu’en 1179. Ce châtelain figure, comme donateur, avec Seybert de Dun, probablement son fils, dans les chartes de Châtillon des années 1156, 1163, et suivantes. Son frère Raoul se fit prêtre et il mourut, très probablement sans postérité, dans ses fonctions d’officier cubiculaire de l’évêque Adalbéron de Chiny : on le trouve à la charte de fondation de Châtillon.

Aleyde de Dun

Soit que les enfants de Ponsard (Seybert, Richer et Richard) fussent trop jeunes, soit pour toute autre cause politique, ce fut Aleyde, ou plutôt ce fut son mari, qui recueillit le bénéfice de la haute vouerie de Dun. Elle porta cette vouerie au plus puissant seigneur des hautes WoepvresDe 1135 à 1140, Aleyda de Duno devint femme de Gobert V, sire de Briey-Apremont, plus ordinairement dit Gobert III d’Apremont.

Dun devint alors le titre de la sirerie baronnie de Dun-Apremont, sous la relevance immédiate du Barrois.

La branche de Seybert de Dun, celle de Richard, celle de Richer fils de Ponsard, et peut-être bien les souches plus anciennes d’Adelo de Chauvancy et Clermont, et de Frédéric vicomte de Toul, ont poussé des rejets qu’il est difficile de découvrir, mais qui, évidemment, ont été le principe des sireries-pairies de la châtellenie de Dun.

Ainsi, à la charte de Belval de 1159, figure Richer de Dun fils de Ponsard. C’est un sire de Landreville qui portait ce nom en 1277. Celui-ci était-il fils de Richer de Dun ?

Ainsi, en 1179, Richer et Richard concourent avec leur père Ponsard, à la donation aux moines de la Chalade par Thomas le sourd, par Mathilde sa femme, et par Vyard leur fils. Ainsi encore, le même Richer de Dun et sa femme Mathilde et leur fils Jean figurent, avec d’autres enfants, à la charte de 1182, par laquelle ils confirment à l’abbaye de Belval, une cense à Wiseppe, terre donnée par leur père et que celui-ci avait voulu reprendre déloyalement. Enfin, on trouve encore Ferry de Dun.

Les armoiries de cette famille sont restées inconnues.

A suivre : La châtellenie de Dun et ses pairs sous les sires d’Apremont (1140 – 1377) 

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