La Meuse dans le royaume d’Austrasie
D’après la monographie imprimée « Dictionnaire topographique du département de la Meuse » -
Félix Liénard – 1872
Lorsqu’au IVe siècle, la religion chrétienne pénétra dans les Gaules, les divisions du gouvernement civil furent aussi celles de l’Église, du moins en général et sauf quelques empiétements, et chacune de ces divisions, portant le titre de cité (civitas), devint le siège d’un évêché. Les diocèses de Metz, de Toul et de Verdun furent établis et eurent pour métropole Augusta-Trevironun (Trèves).Telle fut l’origine de la dénomination de province des Trois-Évêchés prise plus tard par ces trois diocèses, dont une partie compose le département de la Meuse.
Au Ve siècle, les Romains ayant été chassés par les Francs, un nouvel empire se forma dans les Gaules sous Clovis, qui en fut le premier roi. A la mort de ce prince, le royaume fut partagé entre ses quatre fils. Le pays qui forme aujourd’hui le département de la Meuse échut à Théodoric et fit dès lors partie du royaume d’Austrasie. Metz en fut la capitale.
L’Austrasie était divisée en un grand nombre de pagi, qui devinrent plus tard des contrées, des comtés ou des duchés.
Ceux qu’on retrouve dans le département de la Meuse sont les suivants :
- Pagus Argonnœ ou Saltus Argonnœ : l’Argonne
- Pagus Barrensis : le Barrois
- Pagus Bassiniacensis : le Bassigny
- Pagus Bedensis ou Wedensis : le pays de Void ou la Voide
- Pagus Blesensis : le pays de Blois
- Pagus Dulcomensis : le Dormois
- Pagus Eposiensis : le pays d’Yvois
- Pagus Odornensis : le pays d’Ornois-en-Barrois
- Pagus Ornensis : le pays d’Ornois-en-Verdunois
- Pagus Parthensis ou Pertisius : le Perthois
- Pagus Porticensis : le Porcien
- Pagus Satanacensis : l’Astenay ou le Stenois
- Pagus Scarmensis : le pays de Carme
- Pagus Vallium : le pays des Vaux
- Pagus Virdunensis : le Verdunois
- Pagus Wabrensis : la Woëvre
L’Austrasie fit ensuite partie du vaste empire de Charlemagne et de ses fils, puis elle échut en partage à l’empereur Lothaire, qui la transmit à Lothaire, son fils, en l’année 855. C’est alors que l’étendue du pays soumis à la domination de ce prince reçut le nom de Lotharingie (Lotharii regnum) ou Lorraine, dont Metz fut encore la capitale.
Les diverses contrées formant ce pays étaient administrées par des ducs, des comtes ou des chefs amovibles au gré du souverain, dont ils étaient chargés de faire exécuter les ordres dans la circonscription de leur commandement. Ceux-ci cherchèrent peu à peu à se rendre indépendants, et ils ne tardèrent pas à profiter de l’affaiblissement de l’autorité royale pour s’ériger eux-mêmes en souverains ou seigneurs propriétaires des lieux, dont ils n’étaient que les magistrats civils ou militaires.
C’est ainsi que la Lorraine, d’abord royaume étendu, devint en 952, après bien des divisions et des morcellements, résultats de guerres longues et désastreuses, un duché ayant pour chef Frédéric, duc amovible, nommé par l’empereur Otton, et plus tard, Gérard d’Alsace, qui prit en 1049 le titre de premier duc héréditaire. Nancy en devint la capitale au XIIe siècle.
Ce duché resta indépendant jusqu’en 1766, époque à laquelle il fut définitivement réuni à la France après la mort de Stanislas, ancien roi de Pologne et dernier duc de Lorraine.
Sous les rois d’Austrasie, Verdun, chef-lieu du pagus Virdunensis, prit le titre de comté et fut administré par un magistrat séculier. Les rois mérovingiens y établirent un atelier monétaire qui produisit des triens d’or, les uns portant les noms des rois, les autres la marque des monétaires. Les Carlovingiens continuèrent à y frapper monnaie, leurs ateliers y fonctionnèrent d’une manière très active jusqu’au milieu du Xe siècle.